3. Virée récréative

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Dans les rues désertes plongées dans le noir, Phil observe les trois hommes de son équipe évoluer, courbés et silencieux le long des façades. Ils n'ont pas besoin de tenues de camouflage pour se dissoudre dans les ombres à peine entamées par un éclairage public fluctuant. En quittant l'Originelle, ils n'ont pas non plus eu besoin de beaucoup d'arguments pour se laisser convaincre par l'idée de larcin de Stim'.

La clope aux lèvres, appuyé à la carrosserie, il leur laisse faire leur connerie de gamins sous coke. Ils ont régulièrement besoin de se changer les idées, de se déconnecter de leur quotidien sanglant. Qu'ils volent un SUV de l'entrepôt des officiers généraux pour faire un tour en centre-ville, n'est rien de plus pour lui qu'un team building. Si la seule chose qui insupporte Phil est la trahison, il ne la compte que s'il en est la cible.

Malheureusement pour les âmes sur son chemin, il range tout un tas de pratiques dans cette catégorie. Ainsi, omission, mensonge, insubordination, sécession, ironie trop bien dissimulée, etc., sont pour lui des trahisons pures et simples.

On ne ment jamais deux fois au capitaine Meyer!

Tous savent ça! Surtout ceux qu'il a vu défiler sous sa direction de la O.R.D.E.! Stim' et lui sont les seuls à y être depuis le début, alors que le Général rodait encore les engrenages de la compagnie peu après la victoire de Colman. Entre temps, Phil a achevé une douzaine de ses collègues, en a enfermé trois dans la fameuse prison de transit pour criminels "portant atteintes aux lois sur le culte" où ils ont succombé, et signé le transfert d'une trentaine d'autres. Ceci, et sa politique pour minimiser les fuites, expliquent les équipes constamment réduites de leurs effectifs, tant au sein de la compagnie que des escouades de la Horde à proprement parlé.

Il ne compte néanmoins pas moins de deux cents hommes dans sa compagnie, répartis en sections et escouades, dont le travail va de la recherche et récolte de données, à l'arrestation et l'exécution de cibles, en passant par l'interrogatoire de prisonniers.

Phil choisit personnellement les soldats de la O.R.D.E., et offre un soin particulier à celui de la dizaine d'escouades d'intervention qui composent la Horde. Celui de sa propre équipe à plus forte raison. 

En plus de Stim', il a pris sous son commandement direct Tyb, pour ses états de services irréprochables, et Biture, pour son expertise des engins explosifs. Si l'égalité d'humeur de l'un est une épine dans le pied en moins, le tempérament houleux de l'autre a donné lieu à quelques échanges tendus où l'adjudant a dû empêcher son supérieur de régler le problème d'une balle entre les deux yeux.

La misogynie ne faisant pas partie de ses faiblesses ni de ses critères d'embauche, les équipes de terrain de la Horde ont même compté trois femmes dans leurs rangs. Il a dû se résoudre à abandonner l'expérience de la mixité hors des bureaux, distraction trop tentante pour ces hommes particulièrement à cran.

Alors, oui, il laisse ses collègues prendre discrètement l'assaut du garage. Ce genre d'exercice hors de leur secteur, favorise l'esprit de cohésion de groupe, qui se trouve ensuite plus détendu. C'est tout bénef'!

Ils ne mettent que quelques minutes à sortir par la grille au volant du rutilant SUV du lieutenant-colonel qui leur casse les couilles à chaque inspection. « Alors, mon capitaine? On vous emmène? » rigole Stim' depuis la place conducteur. Hors de question de la lui laisser avec cinq grammes dans chaque bras! Phil cale un nouveau filtre au coin des lèvres et ouvre la portière avant. Il n'a pas besoin d'émettre un son pour se faire comprendre. Le groupe réorganise les places pour laisser le volant au patron.

Une fois installé à côté d'un Stimulus hilare devant les autres enjoués, groggys par la réussite de leur larcin, Phil allume sa cigarette et démarre en faisant crisser les pneus. Les gars écrient leur joie par les vitres ouvertes.

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