3 : Premières péripéties

554 25 18
                                    

Alors que Matt venait de quitter la salle sans un mot de plus, on a vu prendre sa place un homme petit et trapu. Il portait un t-shirt bleu des Rolling Stones et un pantalon rouge à carreaux qu'il avait retroussé au niveau des chevilles. Une longue veste en laine sale et des santiags ornés de strass venaient agrémenter ce look pour le moins atypique.

- Salut les djeuns ! s'est-il écrié en levant ses deux bras en l'air. Moi c'est Hervé, mais appelez-moi Gigi, a-t-il poursuivi en nous adressant un clin d'œil.

Naomie m'a jeté un regard en coin, je lui ai souri.

- Non mais c'est quoi ça, encore ?! s'est exclamée Cloé.

- Oh, oh, doucement les enfants. Je suis là pour vous faire la visite des locaux, car vous n'êtes pas sans savoir que l'établissement dans lequel vous venez de débarquer est assez immense, ça doit vous changer de votre petit collège... Allez, assez bavardé, suivez-moi, a-t-il dit en ouvrant la porte de la salle.

Tous les élèves se sont levés en vitesse dans un vacarme assourdissant. Alors que je m'approchais de la sortie, j'ai soudain été projetée au sol. Quand j'ai relevé la tête, j'ai vu Camille et Charline me contourner, une de chaque côté, la tête haute, un sourire fier plaqué sur leur visage orange de fond de teint. Elles ont rejoint Cloé qui pouffait quelques mètres devant moi.

- Ça va ? m'a demandé une voix grave.

Une main était tendue vers moi. J'ai levé la tête et découvert le visage d'Adam.

- Oui, ai-je dit honteuse, en prenant sa main. Merci.

Une fois relevée, il m'a souri avant de disparaître dans la foule.

- Salopes, a craché Naomie qui m'avait rejointe. Il s'est passé quoi ?

- Rien d'important, t'inquiète, ai-je répondu en feignant l'indifférence.

Mais la vérité, c'est que ce contact d'une fraction de seconde avec ce garçon m'avait retournée. Je ne savais pas quoi en penser, alors j'ai décidé de ne plus y penser, justement, et de me concentrer sur ce que déblatérait ma camarade pendant que nous suivions notre classe et Hervé qui ouvrait la marche.

- Et là il me dit : « Des cacahuètes ! » On est partis dans un fou rire !

- Ah ouais, tu m'étonnes !

Voyant que je ne réagissais pas plus que ça, Naomie s'est tournée vers moi.

- Tu ne trouves pas, toi, qu'il a l'air cool ?

- Euh... qui, déjà ?

- Bah, Gabriel !

- Ah oui, bien sûr. Ouais, il a l'air drôle.

- C'est ce que je me tue à te dire depuis tout à l'heure !

Après avoir traversé la grande cour goudronnée pour la deuxième fois de la matinée, on est arrivés, grelottants, devant une grande double porte. Hervé nous a expliqué qu'il s'agissait du bâtiment de sciences. Une femme vêtue d'une blouse blanche nous a accueillis dans une salle.

- Asseyez-vous. Vous allez assister à une intervention d'une vingtaine de minutes portant sur les conseils de sécurité et les comportements responsables à adopter en classe de sciences physiques. Soyez très attentifs, ces informations ne sont pas à prendre à la légè...

Mais j'avais arrêté d'écouter. En jetant un coup d'œil vers la porte, j'avais vu Hervé en train de discuter avec Adam.

- Hervé... ? a questionné la jeune femme en regardant vers le fond de la salle.

- Carole, l'a-t-il réprimandée, je t'ai déjà dit de m'appeler Gigi. (Elle a fait une grimace à peine perceptible.) On en a pour une minute !

Adam a marmonné quelque chose que je n'ai pas pu entendre à Hervé, avant de quitter la salle en claquant la porte, un air grave sur le visage.

- Il est parti où ? s'est inquiétée Naomie, tout en sachant que, moi non plus, je n'avais pas la réponse.

𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Donde viven las historias. Descúbrelo ahora