𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒

26 : Le calme avant la tempête

On a sauté du muret et on s'est précipités dans la maison. On a regardé les pompiers emporter le corps d'Elias toujours inerte, sous le regard inquiet d'Antoine et Maya. Quelque chose me disait qu'ils n'avaient pas prévu que leur soirée soit si mouvementée et se termine de la sorte. Le visage d'Adam était fermé et je pouvais lire dessus toute la culpabilité qu'il éprouvait.

Une fois la maison redevenue calme, les derniers invités qui étaient restés pour assister à l'embarquement d'Elias finissent par rentrer chez eux, et rapidement il ne reste plus que Maya, Antoine, Naomie, Gabriel, Adam et moi. Debout au milieu du salon, on se regarde sans trop savoir quoi dire. C'est Antoine qui finit par briser le silence, en s'adressant à sa sœur d'une voix rauque.

- Maya... Je suis vraiment désolé. Je voulais que tu passes la meilleure fête d'anniversaire pour tes quinze ans. Eh bien, on peut dire que je me suis raté.

- De toute façon, t'allais pas te racheter avec des cocktails et des confettis.

Antoine baisse la tête. Aïe, tu y vas un peu fort, Maya.

- Je sais bien, mais... J'essaie juste de regagner ta confiance. Tout ce que je veux, c'est que tu me considères de nouveau comme ton frère et que tu cesses de m'en vouloir.

- Je t'en veux parce que tu n'as pas su trouver une autre façon d'aider ton ami qu'en le foutant encore plus dans la merde, a-t-elle éructé, ses yeux lançant des éclairs. Il y a des dizaines de façons de gagner de l'argent, tout ce que tu as fait c'est lui rajouter des problèmes !

Elle était rouge de colère. Adam, lui, semblait gêné et triturait nerveusement le bas de son t-shirt.

- Non ! s'est écrié Antoine. Non, c'est la seule solution assez rapide pour espérer amasser assez d'argent en aussi peu de temps. Ce que tu comprends pas, c'est que c'est une question de vie ou de mort ! Alors oui, on a trouvé que ça comme solution. C'est peut-être pas la plus sûre, mais au moins on en a une.

Maya semblait toujours énervée et avait les bras croisés sur sa poitrine.

- Tu veux que je te dise la vérité, sœurette ? a-t-il dit sur un ton plus sérieux. La vérité, c'est que même si notre père est un connard, t'as peur pour lui. T'as peur qu'il se fasse chopper maintenant qu'on se mêle de son trafic, parce que t'as aucune confiance en moi et mes potes. Mais je vais te dire moi, je préfère que notre père finisse ses jours en prison plutôt que d'avoir la mort de celui de mon pote sur la conscience. Dis-moi que je me trompe. Dis-moi que c'est pas pour ça que tu refuses depuis toujours que je m'implique dans les affaires de papa. Dis-le-moi.

Maya fixait à présent le sol. Elle n'a rien répondu.

- C'est bien ce que je pensais, a soufflé son frère. Joyeux anniversaire, Maya.

Et il a quitté la pièce sans un regard pour nous.