22 : Action ou vérité ?

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- Que les poules mouillées qui ne veulent pas jouer changent de pièce ! a continué le garçon d'un ton beaucoup trop autoritaire pour un simple invité. Je compte bien offrir à Maya une fête d'anniversaire digne de ce nom !

J'ai jeté un coup d'œil à Maya. Pourquoi n'intervenait-elle pas ? Ce garçon avait l'air déjà bien amoché et c'était à elle de gérer sa soirée. Pourquoi laisser ce garçon le faire à sa place ? Elle avait la tête baissée et ne disait pas un mot. C'est alors que je me suis souvenue de toutes les fois où elle s'était éclipsée quand ce garçon traînait avec Elias et Adam. J'ai froncé les sourcils en la regardant et elle a levé vers moi des yeux de chien battu. Mais elle s'est rapidement ressaisie en me proposant quelque chose à boire. Bien que j'ai décliné sa proposition, elle s'est levée en disant avoir soif. Le garçon l'a alors regardée s'éloigner d'un drôle d'air. Qui était-il ? Et pourquoi Maya l'évitait-elle ?

La soirée a plutôt bien commencé. La bouteille tournait et les questions s'enchainaient sans jamais tomber sur moi, ce qui était loin de me déplaire. Je commençais à me faire à ce jeu que je ne considérais plus vraiment comme une invention stupide et humiliante, mais plutôt comme un passe-temps amusant.

Une fille avec des cheveux noir coupés au carré a fait tourner la bouteille. Celle-ci s'est arrêtée devant le mystérieux garçon.

- Antoine ! a-t-elle clamé. Action ou vérité ?

Il s'appelle donc Antoine. Antoine ? Antoine... ce nom me disait quelque chose. Où avais-je bien pu l'entendre ? Soudain, le souvenir d'Adam au téléphone m'a frappé l'esprit. Il avait parlé d'un Antoine, j'en étais sûre. Il disait qu'il allait arranger les choses... Bon sang, je ne comprenais rien à cette histoire. J'ai tourné la tête vers Maya qui était revenue s'asseoir à côté de moi. Elle avait à présent les yeux rivés sur la bouteille et semblait lutter pour qu'ils restent fixés dessus. Ses doigts étaient crispés autour du verre qu'elle tenait à la main.

- Action, ma chérie, a répondu l'intéressé avec un clin d'œil.

- C'est la troisième fois ! gémit la brunette. Change un peu de disque.

Naomie a vivement relevé la tête vers Antoine et lui a lancé un regard lourd de sous-entendus. Il a semblé réfléchir un moment avant de finir par céder.

- D'accord, a-t-il soupiré, vérité.

La fille était folle de joie et tapait dans ses mains comme une enfant.

- Comment ça se fait que ta famille soit si riche ?

Antoine l'a dévisagée avec une expression neutre. Adam s'est alors redressé et Elias s'est instantanément arrêté de rire. Un silence pesant régnait dans la pièce. Alors que personne ne parlait depuis plusieurs secondes, un bruit de chaise s'est fait entendre. Maya s'est levée et a quitté la pièce à grandes enjambées, faisant tomber sa chaise au passage. Antoine l'a rapidement suivie. Qu'est-ce qu'il se passe, bordel ? Qu'on m'explique ! J'ai lancé un regard entendu à Naomie et on s'est dirigées vers la cuisine d'où nous parvenaient des bribes de conversations.

- Putain, Antoine, c'était sûr ! Tu croyais vraiment que personne n'allait poser de questions ?

- C'est pas leur affaires, ils sont pas censés en poser, a grogné Antoine.

Naomie et moi avons collé notre oreille à la porte pour pouvoir mieux entendre.

- C'est trop tard ! Tu vas leur dire quoi, maintenant ? Que Papa est le PDG d'une grande entreprise, qu'il a gagné sa vie honnêtement ?

- Quand est-ce que tu vas arrêter d'avoir honte de ta propre famille ? Je te ferais dire que c'est grâce à ton père que tu peux avoir toutes ces fringues de marques.

- Parce que tu crois que j'en ai quelque chose à battre des fringues de marque, des sacs, des bijoux ? a-t-elle répondu d'un ton dédaigneux. J'en ai marre de vivre chaque jour dans la peur qu'il se fasse arrêter. Que tu te fasses arrêter. Parce que ça suffisait pas, non, il a fallu que tu t'y mettes aussi !

- Arrête, a-t-il craché en serrant les dents. Tu sais très bien que c'est différent. On n'a pas le choix.

- On a toujours le choix, Antoine.

- Tu préfèrerais avoir la mort de son père sur la conscience, c'est ça ? Ça t'a pas servi de leçon ce qui est arrivé à maman ?

- Tu sais bien que ça n'a rien à voir. On n'a rien pu faire pour maman. C'était le seul moment où on en avait vraiment besoin, de cet argent, et ça n'a servi à rien.

- Mais t'es même pas fière de ta famille, Maya. T'oses même pas dire à tes potes que je suis ton frère.

- Comment je pourrais être fière d'une famille comme ça ? Tu m'as déçu et tu le sais. Pour moi, t'es plus mon frère.

Entendant les pas se rapprocher, Naomie et moi, encore sous le choc des révélations qu'on venait d'entendre, nous sommes préparées à avoir une discussion avec Maya.


𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Donde viven las historias. Descúbrelo ahora