21 : Que la fête commence !

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Le jour de la soirée de Maya, le moral de ma mère était au plus bas. Depuis le départ de mon père il y a plus d'une semaine, elle dormait très mal et ne faisait plus aucun effort pour essayer de paraître heureuse. La voir dans cet état me rendait encore plus triste et je mettais tout en œuvre pour qu'elle retrouve un semblant de sourire.

- Maman ? ai-je dit en entrant dans sa chambre. Comment ça va ?

Elle était allongée sur son lit et lisait un livre. Elle a levé les yeux vers moi.

- Ça va, ne t'en fais pas, a-t-elle menti en me souriant timidement.

- Je t'ai déjà parlé de Maya, tu te souviens ? ai-je demandé en m'asseyant sur le lit. (Elle a hoché la tête.) Elle organise une fête ce soir pour son anniversaire. Je me demandais si tu pourrais m'y emmener ?

- Bien sûr ma chérie, a-t-elle répondu en s'efforçant de me sourire. Et amuse-toi bien. Je ne veux pas que ton père nous empêche d'être heureuses, toutes les deux.

- Tu as raison. On n'est pas responsables de ses actes et on va lui montrer qu'on n'a pas besoin de lui.

Ma mère a hoché la tête et m'a prise dans ses bras, mais j'ai bien vu qu'elle n'était pas totalement convaincue par mes paroles.

Je suis arrivée chez Maya avec quelques minutes de retard. J'avais pris le temps de m'habiller autrement qu'en jean et pull pour une fois et avais opté pour une robe noire près du corps qui s'arrêtait au-dessus du genou. J'avais également pris soin de me faire une coiffure un peu plus sophistiquée qu'à mon habitude. Du chignon que j'avais fait s'échappaient des mèches de cheveux, donnant ainsi l'impression que je m'étais coiffée en vitesse, et non pas durant de longues minutes. Pour finir, j'avais opté pour une paire d'escarpins argentés à talons que ma mère m'avait offerts pour mon anniversaire. J'étais, pour la première fois depuis un long moment, fière de moi et l'image que je renvoyais me plaisait.

Quand nous sommes arrivées à l'adresse qu'indiquait le GPS de la voiture, j'ai d'abord cru à une erreur.

- Tu es sûre que c'est ici ? ai-je demandé à ma mère en la regardant avec de grands yeux.

- C'est ce qu'indique le GPS en tout cas, a-t-elle répondu sans lâcher des yeux l'immense villa qui se tenait devant nous.

C'était impossible. Cette propriété était vraiment magnifique. Comment pouvait-il s'agir de la demeure de mon amie ? Pourtant, la musique qui s'échappait de la maison m'a confirmé qu'il s'agissait bien du lieu de la fête. Alors que je poussais le grand portail de fer, j'ai vaguement entendu ma mère me dire de ne pas rentrer trop tard. J'ai contourné l'immense piscine dans le jardin ainsi que les couples assis dans l'herbe.

Quand je suis entrée dans la maison, la musique qui sortait des enceintes m'a agressé les oreilles. Maya m'a vite repérée et s'est avancée vers moi, suivie de Naomie. Il y avait un monde fou.

- Justine ! s'est-elle exclamée.

- Attends, tu connais tous ces gens ? Et c'est ta baraque ça ? Tu nous l'avais caché !

Elle m'a fait un grand sourire avant de m'attraper par le bras et de m'entraîner derrière elle. On est arrivées dans une pièce qui semblait être le salon. Des gens que je ne connaissais pas étaient assis en cercle sur des chaises, des fauteuils ou même par terre, et sur le canapé j'ai eu la surprise de découvrir Adam, Elias et le fameux troisième garçon. Au centre du cercle – approximatif, il s'agissait plutôt d'un groupe de jeunes éméchés éparpillés laissant un endroit vide au milieu de la pièce – il y avait une bouteille vide.

Quand j'ai compris les intentions de Maya, je me suis arrêtée net.

- Je ne jouerai pas à action ou vérité, c'est hors de question.

- Oh allez, est intervenue Naomie, on va s'amuser.

A contrecœur, je me suis avancée vers ce groupe de quasi-inconnus. Naomie s'est assise sur les genoux de Gabriel, lui-même installé dans un fauteuil. Maya s'est assise sur une chaise et je me suis alors installée à côté d'elle. Adam était en face de moi, affalé dans le canapé. Quand ses yeux ont croisé les miens, il m'a regardée et m'a fait un petit sourire que je lui ai rendu. Il avait l'air d'avoir à peu près autant envie que moi de jouer à ce stupide jeu pour enfants. Elias, lui, semblait avoir déjà quelques verres – voire bouteilles – dans le nez et rigolait à gorge déployée avec son acolyte dont je ne connaissais toujours pas le prénom. Celui-ci s'est alors levé et a brandi sa bière en s'écriant :

- Que la fête commence !


𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Where stories live. Discover now