46 : Menaces

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- Tu veux goûter ma gaufre ?

Adam et moi étions sortis au centre commercial un samedi après-midi. C'était notre première vraie sortie en couple. Il m'avait invitée à manger dans un restaurant. Ce n'était pas le plus chic car ni lui, ni moi n'avions les moyens de nous offrir un repas de luxe, mais cela nous convenait parfaitement.

- Oh oui ! ai-je répondu. Elle a l'ai trop bonne.

- Comme toi, a rétorqué Adam avec un sourire en coin qui m'a faite craquer.

Je le trouvais particulièrement bien habillé ce jour-là, avec sa chemise bleu ciel et son jean slim. Il portait aussi une veste en cuir qui lui donnait un style de bad boy. Mon bad boy, ai-je pensé en souriant bêtement. Ses cheveux bouclés étaient légèrement mouillés car il s'était douché le matin-même, ce qui leur donnait plus de volume. J'avais sans arrêt envie de plonger mes mains dedans.

- Je crois qu'elle est parfumée à la vanille, a-t-il poursuivi.

Il savait très bien que j'adorais la vanille. J'ai approché mon visage de la gaufre surmontée d'un tas de chantilly pour humer son odeur, quand soudain mon nez a atterri en plein milieu dans la crème blanche. J'ai entendu de grands éclats de rire et, quand j'ai relevé mon visage vers Adam, j'ai vu qu'il en pleurait presque.

- T'es content de ta connerie ? lui ai-je dit en attrapant une serviette en papier.

- Assez oui, a-t-il ri, toujours en se tenant le ventre.

Ting ! La sonnerie de son téléphone a retenti. J'ai juste eu le temps d'apercevoir le destinataire avant qu'Adam s'empare de son portable : Cloé.

- Qu'est-ce qu'elle te veut ? lui ai-je demandé en voyant ses sourcils se froncer et son sourire disparaître aussitôt.

Le regard inquiet, il a tendu son téléphone vers moi pour me montrer le message.

Profite bien avec ta petite protégée. Bientôt tout le monde saura que tu n'es qu'un dealeur de merde qui veut se faire du blé.

- Attends, mais comment elle sait que... ai-je commencé avant d'être interrompue par une voix nasillarde bien trop familière à mes oreilles.

- Oh, mais qui voilà ?

- Cloé, quelle bonne surprise, s'est enquis Adam en lui offrant le sourire le plus hypocrite de tous les temps.

C'est alors que j'ai remarqué qu'elle n'était pas seule : ses deux petits toutous, Camille et Charline, se sont jointes à nous, suivies de...

- Paul ? me suis-je étonnée.

- Ah, tu es là, mon amour ! s'est exclamée Cloé.

Elle l'a pris par le menton et l'a embrassé langoureusement. Mais vraiment très langoureusement. A vrai dire, il serait plus juste de dire qu'elle lui mangeait carrément la bouche. A cet instant, elle m'a faite penser à cette sorte de poisson hideux avec une grosse bouche qui se colle sur les vitres pour les nettoyer, vous savez ?

Mais d'un côté, j'étais quand même soulagée. Maintenant qu'elle était avec ce surfeur écervelé, elle ne risquait plus de toucher à mon copain. Ils pouvaient se manger la bouche tant qu'ils voulaient, tant qu'elle ne touchait pas à celle d'Adam.

Cloé a interrompu son baiser passionné avec Paul et lui a fait signe, à lui et aux deux autres pimbêches, de l'attendre plus loin. Dès qu'ils se sont éloignés, je n'ai pas résisté une seconde de plus : j'ai posé mes mains à plat sur la table en verre et je me suis levée de ma chaise en la faisant crisser sur le sol.

- Allez, arrête ton petit jeu, Cloé. Tu ne vas rien faire du tout, parce que sinon, je te ligote et je te balance sous un soleil de plomb pour faire fondre tout le plastique que tu t'es injecté dans le corps.

Elle a éclaté de rire avant de jeter sa chevelure – elle aussi absolument pas naturelle – sur son épaule dénudée.

- Oh, chérie, je comprends que tu sois jalouse. C'est sûr qu'avec le corps que t'as, ça doit pas être facile tous les jours. Mais sache que tout ce qui se trouve devant tes yeux (Elle s'est légèrement penchée en avant pour me donner une vue sur son décolleté plus que plongeant.) est cent pour cent naturel !

Mais bien sûr. J'ai ignoré sa réplique et j'ai poursuivi :

- Plus sérieusement, essaie de dire quoi que ce soit à ton père au sujet de mon copain et t'auras affaire à nous.

- Tu crois que tu me fais peur, avec tes menaces de gamine ? Et puis, sache qu'avant de le dire à mon père, je l'annoncerai à tout le lycée à la fête de Lucas le weekend prochain.

Merde, putain de... La fête de Lucas. Tout le monde allait y aller car ce mec était juste le plus populaire du bahut. Si elle l'annonçait là-bas, la vie d'Adam allait être foutue.

- Et, je te préviens, a-t-elle ajouté en s'adressant à Adam avec un sourire diabolique insupportable, même si tu arrêtes tes livraisons avant la fête ou que tu réussis, je ne sais par quel moyen, à me faire taire, rappelle-toi que j'ai un témoin.

Sur ce, elle s'est éloignée en roulant son postérieur moulé dans sa robe vulgaire à ras le bonbon.


𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Where stories live. Discover now