Chapitre 4 - Virée nocturne

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          La nuit est calme, les corbeaux silencieux et la lune souriante. Haru n'avait pas eu de mal à trouver le sommeil alors que Philys elle, ne parvient pas à s'endormir. Le son qui l'avait attirée vers le Bois Willow est de nouveau présent. Ce dernier est semblable à de petits chuchotements incompréhensibles, comme si ces derniers étaient en une langue totalement inconnue. La fillette n'en pouvait plus, à la fois terrassée par le sommeil mais aussi intriguée par ce son mystérieux. Décidée, elle sauta hors de son lit et sortie discrètement de sa chambre. Le planchais grinçait à chacun de ses petits pas tandis qu'elle s'avançait lentement dans le couloir sombre de la maison pour rejoindre le salon. Philys n'y voit presque rien... Elle prit donc une lanterne qu'elle alluma avant de marcher vers la porte vitrée donnant sur le jardin. En ouvrant cette dernière, c'est un grincement aiguë qui vint se diffuser dans tout l'espace intérieur. Elle grimaça puis suivit le son incessant qui résonnait. Suis-je la seule à l'entendre ? pensa-t-elle au moment d'arriver devant le haut grillage de barbelées.

          À l'aide de la lanterne, elle éclairait un peu le Bois. Le vent soufflait légèrement et les sons qu'entend Philys sont plus forts, comme si elle s'était approchée de la source de ceux-ci. Cela s'amplifiait encore, à tel point que Philys ne semblait plus elle-même. Elle restait fixe devant ce grillage, le regard vide. Les murmures semblaient se rapprocher et c'est là qu'apparurent deux lueurs blanches au loin, identiques à celles qu'elle avait aperçu plus tôt. La fillette se baissa lentement et déposa la lanterne par terre. Une fois à genoux, elle se mit à gratter le sol tel un animal pour pouvoir se faufiler dans le Bois. Philys n'entendait plus que ces sons incessant aussi perturbant qu'ensorceleurs. À force de creuser, les délicates mains de la fillette se salissaient et s'abîmaient. Au fil des minutes, ses mouvements devenaient de plus en plus frénétiques à la vue du passage qui se formait. Près d'une demi-heure après avoir commencé à creuser, Philys avait créé une entrée. Elle se mit à ramper en dessous du grillages pour rejoindre le Bois. Soudain, quelque chose lui agrippa le tibia et la tira dans le sens opposée. La fillette se mit à gigoter et dit à haute voix : "Ils m'appellent, je dois les rejoindre." En faisant deux gestes vifs, la chose qui la maintenait lâcha prise et Philys était maintenant de l'autre côté du grillage. Elle restait un moment sans bouger, face au lugubre horizon. Ses mains saignaient à cause de son acharnement pour arriver ici... Ayant été immobile pendant un instant, elle se mit à avancer en direction des deux lueurs blanches, disparaissant peu à peu dans la noirceur de la nuit.

« PHILYS !!! » cria Haru en se réveillant, à la fois paniquée et apeurée

La jeune femme se redressa et dévisagea sa chambre : Rien n'a changé. Elle déglutit et se leva doucement de son lit pour aller dans sa salle de bain. Était-ce un simple mauvais rêve ? se demanda-t-elle avant de passer son visage sous l'eau. Elle posa ses deux mains sur le rebord du lavabo puis ferma ses yeux pour se remémorer tout ce dont elle venait d'assister. Elle secoua la tête, se persuadant que ce n'était qu'un mauvais rêve. Son teint était devenu aussi pâle que le clair de lune. La peur est un sentiment qui venait glacer le sang d'Haru... Elle rouvrit ses yeux et vint allumer une bougie qu'elle emmena dans sa chambre. Elle tira le rideau de la fenêtre pour observer le bois et décortiquer du regard le grillage de barbelées. Ici non plus, rien n'a changé, tout semble totalement normal. Le vent souffle légèrement, la Lune se reflète sur les flaques d'eau et quelques corbeaux sont posés sur la cabane du jardin. Cependant, une chose attira le regard d'Haru, une lumière jaune éclaire le grillage au loin mais à cause des buissons la jeune femme ne parvint pas à voir quelle en était sa source. Elle hésitait. Et si son rêve n'était en fait qu'une vision ? Philys serait donc partie dans le Bois et c'est la lanterne qu'elle a laissé au sol qui émane cette satané lumière ? Elle sentit son poux s'accélérer mais elle ne perdit pas une seconde et s'habilla pour sortir de la maison familiale, emmenant avec elle une lanterne.

Les mysteres du Bois WillowWhere stories live. Discover now