Chapitre 12 - Un lugubre repère

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          « DIAL !!! Cours ! » : C'est la dernière chose qu'Haru pu dire à son guide juste après la subite venue de la dévoreuse. Ils avaient tous deux tenté de trouver Philys à travers les nombreuses galeries souterraines formant le repère de la bête mais ils furent bien vite interrompus. Haru se fit prendre en chasse et cria à Dial de courir. C'est ce qu'il fit sans attendre plus longtemps. La jeune femme quant à elle courrait le plus vite possible pour échapper à la dévoreuse. Elle passait de couloir en couloir sans réfléchir, guidée par son instinct de survie. Elle savait pertinemment que si elle venait par être rattrapée, ce serait la fin. En continuant sa course, elle remarqua que les passages devenaient de plus en plus serrés. Elle en sourit de soulagement en voyant qu'ils s'étriquaient encore et encore. La dévoreuse ne pourra plus me suivre ici, c'est trop petit pour qu'elle puisse passer, pensa-elle en ralentissant. Elle avait juste, son assaillante était coincée entre les parois, incapable d'avancer ou de reculer. Lorsqu'Haru le constata, elle se senti bien plus en sécurité. C'est alors que la bête se remua, semblant changer de taille... Elle qui n'était qu'une masse noire totalement informe mutait peu à peu. La jeune femme ne s'en rendit pas compte et s'approcha lentement pour la voir de plus près. Soudain, un loup noir surgit du reste du corps répugnant de la dévoreuse. Ce reste s'était évaporé pour laisser place à cette nouvelle forme certes moins répugnante mais tout aussi effrayante. Le loup grogna et plaqua Haru sur le sol. Haru cria de peur et se débattait.

          Une lueur se mit à entourer Haru juste avant que le loup noir qui la bloquait ne soit subitement projeté en arrière. La jeune femme se releva rapidement et se remit à courir. De son côté, Dial cherchait assidûment le centre des galeries souterraines. Quelques minutes plus tard, il arriva à une sorte de grande intersection. En vue de l'apparence de celle-ci, il s'agissait du cœur du repère. Un grand tas de paille se trouvait au milieu du lieu et les parois étaient couvertes de griffures. Dial s'avança encore un peu. C'est alors que le loup noir arriva en trombes, fonçant sur le jeune homme. Il s'arrêta finalement devant lui, s'asseyant.

— Est-ce réglé ? demanda-t-il au loup en souriant.

Il secoua la tête en signe de « non » avant de baisser ses oreilles, peu fier. Dial souffla de rage en regardant la bête. Il soupira ensuite : « Cela va s'avérer plus compliqué que prévu... ». Le jeune homme serra ses poings, agacé et ordonna au loup de la retrouver au plus vite. La bête se mit alors à flairer l'air avant de reprendre sa course pour rechercher la jeune femme. Dial, lui, se remit à chercher Philys. Il était d'un calme terrifiant. La situation avait beau lui échapper qu'il restait neutre aux embûches.

          Haru, elle, courait à vive allure, ne s'étant pas arrêtée depuis sa fuite. Elle ne savait plus s'il valait mieux qu'elle continue de chercher Philys dans ce labyrinthe ou bien qu'elle en sorte le plus vite possible pour sa survie. Au fil de sa traversée, la jeune femme se pensait davantage perdue en ce lieu lugubre. La bête la pistait et se rapprochait. On pouvait entendre ses grognements résonner à travers les nombreux tunnels. De ce fait il était difficile pour Haru de discerner d'où pouvait-elle bien venir. C'est en changeant de direction qu'elle aperçut cette dernière au loin. Bien que le loup noir n'était pas de face, elle senti tout son corps se crisper à cause de sa peur qui montait. Tout à coup, quelque chose l'attrapa au poignet et la tira en arrière afin qu'elle ne soit plus dans le même axe que la dévoreuse. Haru tourna sa tête vers la personne qui l'avait tirée et découvrit alors une femme brune aux yeux châtains. Cette dernière vint disparaître peu de temps après avoir été vue. Ne comprenant point ce qu'il venait de se passer, Haru était perturbée par cette soudaine apparition... Elle regarda autour d'elle mais fut d'autant plus perplexe de s'apercevoir qu'il n'y avait personne d'autre qu'elle ici. Elle fronçait ses sourcils d'incompréhension avant de reprendre sa course, plus perdue que jamais.

          Après plus d'une trentaine de minutes, la jeune femme perdait en vitesse, s'épuisant... Le loup noir arriva brusquement. Elle devait se remettre à courir au plus vite... Seulement, ce fut trop tard, la bête la chargea sans attendre et la plaqua au sol. La tête de la jeune femme heurta assez violemment le sol à sa chute et ainsi elle perdit connaissance...

          Au même moment, Dial parcourait encore les galeries souterraines à la recherche de Philys. Lui qui savait où celle-ci se trouvait hier s'était rendu compte qu'elle avait disparu. C'est en continuant de marcher qu'il trouva Haru ainsi que la dévoreuse qui s'apprêtait à la tuer. La jeune femme était entourée d'une lueur et de petits points lumineux flottaient dans les airs. Dial s'arrêta calmement et dit à la bête de ne pas la tuer. Le loup se retira et le jeune homme se baissa pour regarder Haru. Il la redressa quelque peu et poussa ses cheveux verts pour mieux voir son dos. Il y découvrit deux marques bleues luminescentes... Dial plissa ses yeux et passa son doigt sur d'une des spirales. Il cru comprendre d'où celles-ci venaient et se releva. Il ordonna à la bête de retrouver Philys et lui dit qu'il s'occupera du cas d'Haru. Le loup noir hocha la tête et parti rapidement à la recherche de la petite. Dial quant à lui, prit la jeune femme dans ses bras pour l'emmener à l'extérieur du repère.

          Cela faisait maintenant une bonne heure que le jeune homme portait Haru dans ses bras en traversant le repère de la dévoreuse. La jeune femme reprenait peu à peu connaissance, fronçant par moment ses paupières en grimaçant.

— Garett... dit-elle en ouvrant lentement ses yeux. C'est toi... ?

— Dial, corrigea le jeune homme en la regardant, sans exprimer grand-chose. Tu as dû t'évanouir de peur en voyant la dévoreuse. Heureusement que je t'ai retrouvé à temps.

— Que s'est-il passé... ?

— Quand je suis arrivé, la dévoreuse allait faire de toi son repas alors je t'ai sauvée.

— Vous... Vous m'avez sauvée ? Mais comment ??

— Je l'ai fait fuir, tout simplement. Tant que tu resteras avec moi, tu n'as plus à t'inquiéter, elle ne viendra point te chasser. Elle me craint, c'est une bonne chose.

— Comment est-ce possible de terrifier une bête aussi monstrueuse... ?

— Vois-tu, la dévoreuse se nourrit de la peur d'autrui. Si l'on manifeste une autre émotion que celle-ci comme la colère ou bien la confiance, elle sera affaiblie par l'aura formée par l'émotion que l'on exprime à son égard. Ce n'est pas bien compliqué.

— Dial vous êtes vraiment stupéfiant... Et pour ma sœur ? L'avez-vous retrouvée ?

— Hélas non. Ces souterrains sont un vrai labyrinthe... Ce ne sera pas chose facile de la trouver avant que la dévoreuse ne la débusque... En attendant, nous devons sortir d'ici. Tu n'es pas en état pour poursuivre les recherches dans son repère.

— Mais Dial ! Il faut la retrouver au plus vite ! Elle est en danger ! dit-elle en s'agitant.

— Calme-toi, répondit-il en la maintenant bien dans ses bras. Je te signale que si je n'avais pas été là, tu serais morte à l'heure qu'il est. Tu es tout aussi en danger qu'elle.

— C'est vrai... Navrée d'avoir réagi de la sorte...

          Ils arrivèrent enfin devant un cintre de terre. Dial souri et passa avec Haru. Une fois arrivés dans le Bois, la jeune femme demanda à nouveau au jeune homme de parler de lui. Évidemment, celui-ci refusa alors elle insista. Dial finit par lui dire que s'il ne veut point parler de sa personne et de son passé c'est parce qu'il apprécie garder cette part de mystère et que cela l'amuse de la voir ainsi. Haru soupira d'ennui en le regardant avant qu'il ne la pose assez brusquement au sol.

          La jeune femme le regardait avec incompréhension et lui demanda pourquoi s'arrêter ici. Il ne lui répondit pas et au bout de quelques secondes il demanda à son tour si elle avait mal quelque part. Haru ne s'en était pas vraiment soucié avant que Dial ne la questionne... Elle avoua avoir mal au dos et au derrière du crâne. Il semblait réfléchir sérieusement et finit par dire après un moment de silence :

— Écoute-moi bien Haru. Tant que tu ne sauras pas les contrôler, cette douleur perdurera et t'empêchera d'avancer, crois-moi.

Haru le regarda tristement, comprenant bien ses dires... Elle en croisa ses bras et, son regard baissé, elle articula : « Je ne veux pas de tout ça... »

Les mysteres du Bois WillowOnde as histórias ganham vida. Descobre agora