7: Bouh !

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- Bouh !

Soigneusement caché dans la pénombre, il attendit le dernier moment pour surgir, écoutant attentivement le poids de ses pas. Au moment voulu, il sauta comme une ressort sur son chemin en criant. En la voyant sursauter, il eut immédiatement envie de ricaner de sa bêtise mais il n'avait pas prévu cette réaction là... Lisbon, après une seconde entière de surprise, dégaina son pistolet et le pointa devant elle, arrachant à Jane un cri étranglé.

- Aaaah Lisbon ! C'est moi, ne tirez pas ! la conjura-t-il paniqué en levant instinctivement les mains en l'air.

- Jane ? lui parvint sa voix étonnée. Mais qu'est-ce que vous faites là ? le sermonna-t-elle ensuite, sans baisser son arme.

- Je voulais vous faire une farce, répondit le consultant qui ne souriait plus vraiment. Vous pourriez baisser ce truc, s'il vous plaît ?

Lisbon rangea à contrecœur son arme et Jane baissa les mains en soupirant de soulagement. Ils étaient toujours plongés dans le noir : seule la lampe de bureau de l'agent était allumée – mais étant dans le couloir entre la kitchenette et l'open space, ce n'était pas très efficace – et la seule autre source de lumière provenait des grandes fenêtres industrielles. La lumière pâle de la lune éclairait à peine les lieux, juste assez pour savoir approximativement où on posait les pieds. Mais elle avait tellement l'habitude de rester tard qu'elle connaissait les lieux mieux que son propre appartement !

Le consultant entendit plus qu'il ne vit Lisbon soupirer. Il ne distinguait que sa fine silhouette et ses yeux qui reflétaient la lumière extérieure. Il pouvait également sentir son parfum si caractéristique de cannelle, très léger – elle était agent du CBI pas pot de fleur – mais assez prononcé pour qu'il puisse respirer son odeur dès qu'elle se tenait près de lui.

- Alors Lisbon, on a eu une peur bleue, hein ? la taquina le blondinet en souriant jusqu'aux oreilles.

- N'importe quoi ! se défendit la jeune femme avec véhémence.

- Vous avez sursauté et avez dégainé votre flingue. C'est de la peur à la Teresa Lisbon, insista Jane. Vous puisez votre sentiment de sécurité dans votre arme.

Il ne pouvait malheureusement pas le voir, mais il savait qu'elle venait de lever les yeux au ciel. Son sourire s'agrandit.

- Ne me psychanalysez pas, Jane, répliqua sa supérieure. Vous m'avez sauté dessus en hurlant. N'importe quel autre agent aurait réagi de la même façon. Essayez avec Cho, un de ces quatre.

- De un, je ne vous ai pas sauté dessus, j'ai sauté devant vous, corrigea Jane en brandissant son index d'un air Monsieur-Je-Sais-Tout. De deux, je n'ai pas hurlé, j'ai crié : « Bouh ! ».

- Ok, c'est après que vous avez hurlé alors, se moqua Lisbon en faisant référence à sa réaction quand elle avait pointé son glock sur lui. C'était très... viril, dit-elle après un faux instant de réflexion.

Elle partit dans un éclat de rire sous les yeux vexés de Jane et entra dans la cuisine. Le blond la suivit en boudant comme un enfant. Dans le noir presque complet de la petite pièce, il réussit à voir Lisbon se pencher vers l'un des comptoirs pour actionner les veilleuses bleutés. Et oui, le CBI était rentré dans la modernité ! Les lueurs faibles donnaient une ambiance fantomatique à la scène et Jane se fit la réflexion que la brunette avait l'air encore plus pâle que d'ordinaire.

Elle tourna brièvement la tête vers lui et son grand sourire moqueur était toujours bien présent sur son visage. Même si c'était de lui qu'elle riait, Jane ne parvint pas à rester sans sourire très longtemps. Il devait avouer qu'il avait pas mal paniqué devant sa réaction... Mais jamais il ne le dirait à voix haute !

Destination CalifornieWhere stories live. Discover now