11: Gunfire

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Elle l'observa avec appréhension mener le reste du groupe à travers la cour, tous une arme au poing, les jambes fléchies et attentifs au moindre mouvement. Elle n'aimait pas du tout cette situation. Quelque chose en elle lui criait de tout arrêter, de faire machine arrière tant qu'ils le pouvaient encore. Elle ouvrit la bouche pour parler mais au même instant, un homme armé défonça une porte du pied et déboula dans la cour, tirant comme un malade.

Son esprit s'arrêta et le monde sembla tourner au ralenti. La seule pensée qui lui venait à l'esprit, c'était qu'IL ne portait pas de gilet pare-balle. Il n'était pas protégé. Et comme dans son pire cauchemar, elle le vit tomber en avant, sans que personne ne le retienne, trop occupés qu'ils étaient à maîtriser le fou furieux. Elle sentit son cœur s'arrêter de battre et cria son nom, comme si elle avait le pouvoir de tout remettre en ordre, comme si elle pouvait revenir en arrière, faire que rien ne soit arrivé. Se mettant à courir, elle s'effondra à côté de lui, le retournant pour qu'il soit sur le dos. Il saignait. Bien sûr qu'il saignait, il était blessé ! Mais il était encore conscient et c'était ce à quoi elle s'accrochait désespérément. Sentant ses yeux se voiler sous le poids des larmes, elle se força à reprendre le contrôle. Elle arracha un bout de manche de sa chemise et s'appliqua à appuyer cette compresse de fortune contre sa blessure, sur le flanc droit.

- Me laisse pas, je t'en prie, supplia-t-elle incapable de retenir ses larmes plus longtemps.

- Comme si je pouvais, grogna-t-il en grimaçant un sourire douloureux. Tu n'aurais plus personne pour te casser les pieds sinon.

Ils se sourirent. Elle, à travers ses larmes et lui, à travers sa douleur. Ou plutôt, malgré sa douleur. Son corps entier était en feu, c'était insupportable. Il ne put retenir un gémissement alors qu'elle appuyait plus fort contre la blessure. Un violent tremblement le prit et il leva le bras pour s'accrocher à elle, fermant les yeux pour s'empêcher d'hurler. Pourquoi avait-il refusé de porter un gilet ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il agisse sans penser aux conséquences ?

Quand elle sentit sa main agripper son bras, elle serra les dents et libéra une de ses mains pour la poser sur sa joue. Elle caressa sa peau et le sentit se détendre. Il laissa glisser son bras et posa sa main sur la sienne, savourant le seul contact qui semblait le calmer. Ouvrant les yeux, il rencontra les siens, remplis de douleur et d'inquiétude, ses joues balayées par les larmes...

- Juste au cas où, commença-t-il difficilement.

Il grimaça et déglutit. Cela devenait de plus en plus difficile de parler. La douleur rendait impossible le moindre effort. Mais il n'était pas du genre à abandonner.

- Arrête de parler, lui ordonna-t-elle en fronçant les sourcils dans ce qu'elle voulait être une mine sévère. Tu vas te fatiguer, ça ne sert à rien.

Elle savait déjà ce qu'il voulait lui dire. Elle le savait depuis longtemps. Cela n'avait pas d'importance qui le lui dise ou non parce qu'elle savait. Mais elle le vit hocher négativement la tête, obstiné qu'il était à toujours vouloir lui désobéir.

- Je t'aime, lâcha-t-il brutalement.

La déclaration accéléra les battements de son cœur malgré tout. Sa déclaration et cet éclat dans ses yeux. Celui qui dominait malgré la douleur. Et sans vraiment savoir pourquoi, elle se mit à rire. Un rire nerveux sans aucun doute, mais un rire quand même.

- Femme, ce n'était pas la réaction que j'attendais, reprocha-t-il en fronçant les sourcils.

- Ce n'est pas la déclaration la plus romantique que j'ai entendu, se justifia-t-elle en souriant.

Il lui adressa un faux regard noir – même blessé il parvenait à rester lui-même – alors qu'elle recommençait à caresser sa joue.

- Je viens de me faire tirer dessus et je vais atterrir à l'hôpital. Il n'y a pas plus romantique...

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