« Sous le charme d'un redoutable Russe »

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Saint-Pétersbourg, Russie.

Nous étions au début du mois de Novembre, et ce week-end le grand défilé de la prochaine collection hivernale signée Nina Bolgarova allait bientôt avoir lieu dans un des plus grands palace de la ville. Cette femme affirmée âgée de vingt-six ans était la fille unique du riche homme d'affaires Sergei Bolgarov. Ce dernier s'était malheureusement remarié avec Katerina, un an après la mort de sa femme lorsque Nina n'avait à peine dix ans. Katerina n'avait pas tardé à venir s'installer au manoir Bolgarov avec sa fille Ivana du même âge que Nina.

Depuis toujours, elle ne les supportaient pas... Ces deux femmes vivaient au croché de son père qui répondait à tous leurs caprices. Nina, quant à elle, avait travaillé dur pour en arriver là. Elle avait toujours été passionnée par le dessin, la couture, et naturellement elle s'était dirigée vers un parcours scolaire artistique afin de devenir styliste. Malgré la richesse de son père qui n'avait pas hésité à lui donner un coup de pouce financier, Nina travaillait avec acharnement afin de se faire un nom dans le monde de la mode.

Ce matin là, Nina se préparait dans sa salle de bain. Son image était toujours soignée, rien était laissée au hasard, elle devait être parfaite. Une fois satisfaite de son reflet, elle enfila sa paire de talons aiguilles avant de saisir sa pochette et sortir de sa chambre, afin de rejoindre la grande salle à manger.

Son père en bout de table en tant que chef respectable de famille, Katerina et Ivana à ses côtés. Nina se dirigea à sa place tout en silence.

- Tu ne dis pas bonjour ? Moy bog ! Sergei, ta fille ne connait absolument pas le respect des aînés ! Grogna de bon matin la voix aigue de Katerina.

- Nina ! Gronda doucement son père en lui faisant les gros yeux.

- C'est vrai papa... Nina, ne nous accorde pas d'importance... et ça m'attriste énormément. Ajouta Ivana d'un ton faussement triste.

Papa ? Quelle blague... songea Nina, déjà agacée.

- Ce n'est pas ton père ma chère Ivana... et puis Katerina, mon humeur de ce matin ne souhaite aucunement te saluer. Répondit la voix ferme de Nina remplit d'assurance.

- Nina ! Je considère Ivana comme ma fille et tu le sais ! Arrêtes tes bêtises tu es ridicule ! Grogna le grand Sergei Bolgarov en la fusillant du regard.

Nina lança le même regard à son père avant de se redresser.

- Je n'ai pas le temps pour vos remontrances, j'ai une vie et un travail qui m'attend...moi. Déclara-t-elle en les regardant de haut en bas avant de quitter la pièce.

- Tu as vu Sergei ! Je ne t'ai pas mentit à propos de ta fille, elle est jalouse de ma Ivana !

Nina leva les yeux au ciel après avoir entendu cette énième reproche à son égard. Et comme à son habitude, elle décida d'ignorer ces deux femmes. Elle s'apprêtait à quitter le manoir, mais Saskia, la domestique qu'elle considérait comme une mère vint à elle en courant.

- Nina ! Ma chérie prend cela, tu n'as pas déjeuner ! Gronda-t-elle doucement.

La jeune femme de vingt-six ans ne put s'empêcher de sourire face à la bienveillance de Saskia.

- Je te remercie Saskia, je suppose que tu avais déjà entendu ces deux pestes se plaindrent à mon père... Devina Nina en grimaçant tout en saisissant le petit sachet qu'elle lui tendait.

- Ta mère nous manque terriblement... c'était la meilleure patronne, elle était si bienveillante ! Sois une grande dame comme Madame Sofia ma chérie.

Face aux souvenirs de sa tendre mère qui les avaient quitté tragiquement suite à sa maladie il y a maintenant seize ans, Nina sentit son coeur se serrer.

- J'y compte bien ma Saskia, et n'hésite pas si tu as besoin de quelque chose. Déclara-t-elle d'un clin d'œil.

Elle salua une dernière fois la domestique avant de monter à bord de sa luxueuse voiture. La jeune femme passa enfin le portail du manoir et s'engagea sur la route principale en direction de la ville où se trouvait son atelier.

Noyée dans ses pensées, son cellulaire se mit soudainement à sonner... le téléphone connecté à son véhicule, elle décrocha sans plus tarder.

- Bonjour ma chérie, déclara la voix de Anton.

Elle fréquentait cet homme depuis deux mois et il se permettait déjà de lui donner des surnoms, songea-t-elle en arquant un sourcil. Nina n'avait jamais eu de chance avec les hommes, ces derniers l'abordaient toujours par intérêt car elle était la fille de l'homme d'affaires Sergei Bolgarov, puis finissaient par la tromper. La jeune femme ne croyait pas en l'amour, mais voulait tout de même donner une chance à Anton...

- Bonjour, comment vas-tu ? Demanda-t-elle simplement.

- Tu me manques, j'aimerais te voir ce soir. Répondit-il aussitôt.

Nina soupira doucement, assez pour qu'il n'ait rien entendu...

- Tu sais très bien que c'est compliqué pour moi en ce moment, je prépare le défilé qui a lieu ce week-end... c'est la dernière ligne droite je n'ai pas le droit à l'erreur. Déclara-t-elle d'une voix ferme.

- Tu ne peux pas faire un effort pour moi ma jolie ?

- J'aimerais bien, mais je ne peux pas... Sinon, tu n'as qu'à venir dîner ce soir au manoir, mon père serait ravi de te rencontrer. Proposa-t-elle par politesse regrettant intérieurement ses dires.

- C'est parfait ! À ce soir ma jolie, j'ai hâte de te voir ! Rétorqua-t-il en acceptant sans plus attendre sa proposition.

Nina finit par raccrocher en soupirant. La vie avait été bien trop injuste avec elle... Sa mère n'était plus là, et son père avait épousé aussitôt Katerina. Parfois, Nina soupçonnait que sa nouvelle femme n'était autre que sa maîtresse à l'époque...
Sergei Bolgarov était un bel homme convoité par la gente féminine, et lui-même était un coureur de jupons. Il vieillissait mais restait toujours aussi séduisant. Il aimait sa fille c'était certain, et elle n'avait jamais manqué de rien... Mais cette jeune femme avait l'impression de ne plus faire partie de la famille.

Sergei Bolgarov se faisait manipuler par Katerina à la petite baguette, sans se douter que cette femme et sa fille n'avaient qu'un seul objectif : évincer Nina.