Chapitre 1

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-Une simple coupe de champagne me suffira, merci.

-Bien Madame.

Le domestique fit quelque pas en arrière, se retourna et disparu dans la foule.

Anna soupira, elle se demandait ce qu'il lui avait pris de venir ici, à cette fête mondaine. D'habitude elle faisait tout pour les éviter. Ces gens ne savent pas s'amuser, et ils se comportent toujours comme s'ils étaient constamment surveillés, s'en devenait agaçant.

Elle déambula parmi des personnes qu'elle ne connaissait ni d’Ève, ni d'Adam, ne s'inquiétant pas pour le domestique qui la retrouverai sûrement quand il aura sa coupe de champagne. Anna plongeait lentement dans un brouhaha désagréable constitué de rires contrôlés, d'histoires inintéressantes, et de problèmes d'aristocratie.

La seule raison pour laquelle elle aimait venir à des fêtes de ce genre, à part le buffet gratuit, c'était qu'elle se passait très souvent dans des lieux immenses et magnifiques, elle passait ses soirées à observer en détails l'architecture et les œuvres d'art accrochées aux murs. Elle aimait regarder, observer, détailler. Elle cherchait de la beauté partout, et elle la trouvait à chaque fois. Ou presque.

Sa mère avait dit, pendant le trajet pour venir jusqu'à cette fête du Duc Aymond, qu'elle était bien trop dans les nuages et qu'elle devait rapidement devenir plus mature.

Anna levait la tête pour regarder la façon dont le bâtiment en pierre qui devait dater du 17ème siècle avait été construit, quand un rire résonna, plus fort que les autres, grave, clair. Elle se retourna pour savoir qui avait l'audace d'ignorer les règles tacites qui étaient en vigueur ici. Un nouveau sûrement, il y en avait de temps en temps ils ne restaient jamais longtemps.

Ce rire appartenait à un jeune homme, qui devait avoir son âge. Il avait de beaux cheveux bruns, où des boucles souples s’entremêlaient toujours plus, et il était très grand. Mais Anna n'eut pas le loisir de l'observer plus en détails, de nombreuses jeunes femmes vinrent l'entourer, pour lui parler, lui poser des questions, enfin c'est ce qu'Anna pensait d’après les bribes de conversation qui lui parvenaient. Seuls sa masse de cheveux bouclés dépassaient de la masse de personnes autour de lui.

Anna se retourna en soupirant, encore un Don Juan sans éducation qui usait de son charme pour ne pas être seul dans son lit ce soir. Il y en avait de temps en temps aussi, ils disparaissaient très souvent exactement de la même façon dont ils étaient apparu, sans prévenir.

Ses yeux se posèrent sur une peinture qu'elle reconnu, une œuvre de Rembrandt, elle adorait la façon dont il avait de peindre, c'était précis, réfléchi, et la façon de représenter les personnages en jouant avec la lumière pour les mettre ou non en valeur était intéressante à observer. Ce qu'elle fit, sans tarder.

La peinture représentait un groupe d'homme armés, sortant d'une sorte de cour, ou alors du bâtiment situé derrière eux, il faisait nuit. Deux personnages parlaient au premier plan, ils étaient mis en valeur par les jeux de lumière, ainsi qu'une petite fille dans la foule, elle aussi mise en lumière par le peintre.

Anna se demandait ce qu'elle faisait là, comme si elle avait été ajoutée à la dernière minute, comme si elle ne devait pas faire partie de la peinture à l'origine.

Elle observait encore la peinture tentant de percer le mystère, sans faire attention à ce qui l'entourait quand une voix grave et inconnue la fit sursauter.

-La Ronde de nuit. Très belle œuvre.

Elle se retourna vivement, puis rougit, cela ne se faisait pas dans ce milieu et elle rougit encore plus. Devant elle se tenait l'homme qu'elle avait vu plus rire plus tôt, ses cheveux bouclés étaient encore plus beaux vus de près et Anna voulait les toucher pour savoir s'ils étaient vraiment aussi doux qu'ils semblaient l'être.

-Mais pourquoi ce nom?

Ses yeux verts la transperçaient littéralement et un nœud chaud se forma dans son ventre. Elle perdit la notion du temps, mais un instant seulement. Comme il semblait attendre une réponse elle se ressaisit rapidement et fit tourner ses méninges pour lui répondre. Qu'avait-il dit déjà?

-Je ne sais pas.

Cela faisait mal d'admettre être moins cultivé qu'une personne qu'elle avait jugée sans éducation et par conséquent sans culture artistique. Il l'énervait avec son air supérieur.

-Peut-être parce qu'on voit des gens armés dans une rue pendant la nuit, ils font une ronde, de nuit.

Elle tentait de retourner la situation en sa faveur, et elle était plutôt fière d'elle, mais quand elle vit un sourire moqueur apparaître sur les lèvres de son interlocuteur elle poussa un soupir mental, elle était donc si peu cultivée?

-La scène ne se passe pas pendant la nuit, c'est le vernis qui a été utilisé pour protéger la peinture qui noircit avec le temps.

Anna était vexée, elle avait été humiliée, totalement. Elle qui pensait en savoir plus sur l'art en général que la plupart des personnes qui se trouvaient dans cette salle.

L'homme lui tendit la main, pour se présenter sûrement.

Elle ne réagit pas, trop énervée, ce n'était pas poli mais elle s'en fichait.

La main disparu de son champ de vision, mais quand elle leva les yeux pour savourer sa victoire, même minime, elle vit qu'un immense sourire était plaqué sur le visage de l'inconnu, avec de magnifiques fossettes.

Sa colère s'envola, et elle lui fit un signe de tête pour couper court poliment à la conversation. Cet homme était bien trop étrange, il ne semblait ne connaître aucunes des règles et des coutumes de la haute société, tout en sachant des choses qu'elle ne savait pas. Cela l'agaçait et elle préférait mettre le plus de distance possibles entre eux deux.

Mais l'homme n'était pas de cet avis et lui attrapa le poignet quand elle se retourna pour partir. Trop surprise pour s'offusquer de ce contact, on ne se touchait pas en public ici, elle ne se dégagea même pas.

-J'aimerai vous revoir, qu'elle est votre prénom?

-Annastasia de Fontsca, dit-elle encore sous le choc.

Il la lâcha, mais elle sentait encore la chaleur de sa main sur son poignet, comme si elle n'allait jamais l'oublier.

-Enchanté Annastasia, je suis Harry Aymond.

Ses yeux s'agrandirent d'horreur, elle avait été si peu convenable devant lui, et c'était le fils du Duc Aymond, celui qui organisait la fête. Comment la situation pouvait être pire?

Mais déjà il avait disparu dans la foule, la laissant seule, avec ses pensées, ses doutes, et ses peurs.

-Madame, voici votre coupe de champagne.

-Merci, souffla-t-elle.

Voilà voilà! Premier chapitre, n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez dans les commentaires, parce que j'avoue que je suis un peu nerveuse, je veux vraiment que cette histoire vous plaise!

CrazyIsBeauty

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