♦Épistolaire♦

♠A, et ses souvenirs de B♠

Elle observait les élèves monter dans le Poudlard Express. En réalité, ses perles bleues fixaient Sirius Black, comme à leur habitude.

Il était en compagnie de son meilleur ami James, et son visage était recouvert par un sourire. Cependant ses yeux se promenaient sur la foule, visiblement à la recherche de quelqu'un. Elle sourit.

Dans sa dernière lettre, la jeune Serpentard lui avait promis qu'elle serait sur le quai au moment du départ du train. En parallèles, elle accompagnait Regulus qui rentrait à Londres, dans la demeure familiale pour Noël.

Elle observait les frères Black disparaître en rentrant dans le train. Elle sourit malicieusement. Elle voyait Sirius qui continuait de la chercher à travers la vitre de son compartiment. Elle ne lui avait jamais donner sa description physique, elle ne portait aucun signe distinctif: il n'avait aucune chance de la reconnaître dans la foule. Elle le savait et cela l'amusait.

Le train partit, emportant son ami le Gryffondor avec lui. Le quai commença à se vider peu à peu. Audrey soupira et tourna les talons pour rejoindre la chaleur du château.

Les couloirs étaient déserts et silencieux. Peu d'élèves restaient à Poudlard pour les fêtes. Audrey déambula sans but précis, et finit par passer devant sa salle. D'un coup machinal de baguette, elle déverrouilla la porte et pénétra dans son antre.

La solitude qui régnait depuis le départ des frères Black la suivait. La brune eut une pensée pour Regulus. Elle aurait aimé passer leur vacances ensemble mais le Serpentard se devait de rentrer au manoir des Black. Elle ne s'en plaignait pas, du moins pas à haute voix.

En dehors du cadet Black, elle n'avait pas vraiment d'amis. Des connaissances, mais pas des amis. Assise à son pupitre, elle se demanda si elle pouvait considérer Sirius comme un ami...

- Non, il est plus que ça, murmura-t-elle pour elle même, en brisant le silence froid.

Quand un frisson la parcourut, elle sortit un bocal vide et son couvercle avant de lancer un sortilèges à l'intérieur. Aussitôt, une gerbe de flammes bleues apparut et danse contre le verre, dégageant une douce chaleur.

Audrey l'observa un moment, hypnotisé par le jeu de lumière puis elle sortit un livre de son pupitre et plongea dans sa lecture.

Les jours passaient lentement. La jeune fille revenait chaque jour dans sa pièce, n'ayant pas d'autres choses à faire. Seule, elle occupait son temps avec ses lectures ou ses révisions. Elle lançait sans arrêt des coups d'œil à la fenêtre, espérant y voir un hibou voler. Ses vacances n'étaient pas passionnantes, mais plutôt reposantes.

Alors la veille de Noël, Audrey ne changea en rien sa routine. Seul une pointe de nostalgie dans son regard différait ce jour des précédent. Elle s'avala à son pupitre en ce 24 décembre 1976 avec une pensée pour sa sœur aînée.

Cela faisait bientôt six mois que Bettina Sprinks avait fugué de la demeure familiale. De trois ans son aînée, Bettina était une femme libre et indépendante. Courageuse, elle avait été répartie à Gryffondor, ce qui avait causé pas mal de problèmes et surtout une profonde colère dans la famille Sprinks.

Bettina avait quitté la maison dans un grand silence, aussitôt son diplôme en poche. Elle avait disparut sans un mot, suite à une dispute entre elle et leurs parents. Un désaccord au sujet d'un mariage organisé.

Bettina avait refusé d'épouser un homme de sang pur choisit par ses parents. Les cris avaient fusés dans la maison. Audrey, ce soir là, était restée dans sa chambre, terrorisé. William Sprinks avait craché plus d'insulte à l'encontre de sa propre fille qu'au reste du monde ce soir d'été 1976. Le lendemain, la chambre de sa sœur était déserte, et une bague se trouvait sur l'édredon violet. Un morceau de parchemin disant "Ce sont ma vie, mes choix" accompagnait le bijoux.

Audrey soupira. C'était son premier Noël sans sa sœur. Bettina lui manquait tous les jours et passer cette fête de famille sans elle, était une étape qui lui paraissait insurmontable.

Quand elle repensait à sa sœur, la brune pouvait entendre les échos des la dispute. Les cris de sa sœur, les hurlements de son père et les piques de sa mère, le bruit du vase brisée puis le silence.

Nouveau soupire. Elle chassa les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Audrey ouvrit ensuite son pupitre et saisit entre ses doigt le flacon de parfum. Il appartenait à sa sœur. Elle avait réussit à subtiliser certaines de ses affaires après son départ, avant que leur géniteur ne condamne la chambre de Betty à l'aide d'un sortilège.

Le contact du verre était froid sur ses doigts pâles. Audrey observa le flacon encore quelques instants et une odeur de rose vieillie s'évapora dans l'air. Les souvenirs de Bettina étaient encore vif dans son esprit et il ne se passait pas une minute sans que la jeune Sprinks ne s'inquiète et se questionne au sujet de son aînée.

Audrey reposa le flacon dans le compartiment, frôlant les lettres de Sirius au passage. Elle sourit. La brune lui avait envoyé un courrier il y a peu, et elle attendait sa réponse avec impatience. Comme à chaque fois.

Quand elle repensait à la première lettre (ce qui arrivait assez souvent), celle qui avait débuté leur échange, la brune pouvait encore ressentir la peur de ce jour-là la parcourir. Elle était tellement stressée !

Elle avait longtemps hésité avant de confier son parchemin à Basile. Au final, elle avait laissé son hibou barjot porté sa massive et elle ne regrettait pas.

Un coup sec retentit. Audrey sursauta, manquant de faire tomber toutes les réponses du Gryffondor. La salle était plongée dans l'obscurité. La Serpentard n'avait pas vu le temps passer et elle avait surement raté le repas. Ou alors, celui-ci touchait à sa fin.

Promenant son regard azur sur les ombres de la salle à la recherche de la source du bruit, elle finit par la trouver. Il s'agissait d'un volatile à l'extérieur. Recouvert par endroit de neige, un Grand Duc au plumage gris et noir, celui de la famille Sprinks. Audrey déglutit en le voyant.

Le voir ici, n'annonçait rien de bon, et elle le savait.