chapitre 14

21.5K 950 352
                                    

Je suis clairement dans une merde profonde. Ça fait déjà quatre jours qu'Ashley m'a obligé à publier la photo, mais je ne me sens pas capable de le faire. Allongée sur mon lit, je caresse Lua en m'apitoyant sur mon sort. Je pèse le pour et le contre de publier cette photo. Si je la poste, personne ne connaîtra mon secret, mais je n'aurais plus aucun ami et je me retrouverais seule. En plus, je ne serais pas capable de regarder Mélanie dans les yeux. Si je ne la poste pas, tout le monde saura que j'ai tué quelqu'un, mais au moins mes amis me soutiendront, enfin je l'espère, et je n'aurais fait de peine à personne. C'est vraiment compliqué comme choix.

- Toc toc, fait ma mère en entrant. Ça va ? D'habitude tu es toujours là à l'heure du dîner. J'ai préparé des pâtes à la carbonara.

- Ouais je... j'ai juste pas l'appétit. Je viendrais manger peut-être plus tard dans la soirée.

Je m'en veux de la laisser manger seule comme une malheureuse, mais je n'ai vraiment pas le cœur à ça. Ma mère part de ma chambre et Lua la suit. Finalement, j'aurais passé la weekend à broyer du noir et j'en en ai même pas profité. On est dimanche soir et je n'ai même pas commencé mes devoirs. Franchement, cette année commence mal. J'ai repris les cours depuis à peine deux semaines et voilà où j'en suis maintenant. Je me trouve pitoyable.

Lundi matin, je réussie à convaincre ma mère de me laisser seule à la maison, prétextant une gastro ( tout simplement parce qu'elle ne va pas aller vérifier si je lui mens ou pas ). Elle en profite donc pour partir à son travail plus tôt tandis que je prends un paquet de chips et m'allonge devant la télé. Je zappe mais il n'y a pas grand chose. Je tombe finalement sur une redif de grey's anatomy et je regarde. Je n'ai jamais suivi une seule saison, mais ma mère elle, si. C'est pour ça que je ne comprends pas tout. Je regarde principalement pour les personnages. Mon personnage préféré c'est Jackson, parce qu'il est ultra beau gosse. Il va bien avec April, mais elle est un peu trop niaise à mon goût. Il lui faudrait une meuf avec plus de confiance en elle.

J'en suis à la fin de mon deuxième épisode quand mon portable vibre. Je regarde et remarque qu'il provient d'un numéro inconnu qui dit simplement « t'es malade ou tu simules ? ». Je demande qui c'est mais la réponse ne vient pas tout de suite. Mon téléphone vibre une ou deux minutes plus tard et le message qui s'affiche me laisse perplexe. « Stevan ». Je lui demande comment il a eu mon numéro mais il ne me répond pas. Pourtant, je vois qu'il a lu le message. J'imagine qu'il a dû le demander à Jules ou Mélanie. Mon portable vibre à nouveau. « Je m'ennuie sans toi ». C'est vrai qu'à cette heure là on est censé avoir histoire. Cette fois-ci c'est moi qui le laisse sur « vu » et continue mon épisode.

Vers midi, je me réchauffe la portion de pâte que ma mère a préparé hier et les mange, toujours devant grey's anatomy. Sans m'en rendre compte, je m'endors et ne me réveille que vers quatre heures. Je remarque que j'ai reçu trois messages. Un de ma mère, me demandant comment je vais et si j'ai besoin qu'elle m'achète des trucs à la pharmacie, un de Jules me disant que Mélanie a pris mes cours de la journée, ce qui me fait mal au cœur étant donné ce que je suis censé faire et un de... Stevan. Il me dit de le rejoindre au parc canin à 4 heures 45, pour me faire prendre l'air. Depuis quand se soucie-t-il de ma santé ? J'aimerais bien l'envoyer bouler mais en faite, j'ai envi d'aller prendre l'air. Je rédige vite un message à ma mère et à Jules, enfile un sweat et un legging puis attache Lua avec sa laisse. Je m'apprête à sortir mais passe devant le miroir et là... catastrophe. Je ne ressemble à rien. Ce n'est pas que son avis compte pour moi, mais quand même, j'aimerais bien être un peu plus présentable. Je me passe les doigts dans les cheveux afin de les rendre plus présentables et sors, en direction du parc.

Quand j'arrive, je détache Lua et remarque Stevan assit sur un banc. Je m'approche de lui et il détaille ma tenue.

- J'avais pas le temps d'enfiler une robe de princesse excuse-moi, je lance, sarcastique.

Il hausse les épaules.

- Ça ne me pose pas de problème, ça te va bien.

Une réplique acerbe me brûle la langue mais pour une fois qu'il se montre un minimum aimable avec moi, je ne dis rien. J'observe nos chiens au loin. Ils jouent ensemble et ont l'air de bien s'entendre. Lua a vraiment le dessus sur Monster...

- Alors à quoi est-ce que j'ai dû mon ennui en cours d'histoire ? me demande Stevan.

- J'étais malade.

- Et en vrai ?

- J'avais la flemme d'aller en cours.

- C'est vrai que c'est chiant. Ah d'ailleurs je crois que y'a une certaine Mélissandre qui a prit tes cours.

Mais ils ont quoi à tous l'appeler Mélissandre ??

- Elle s'appelle Mélanie ! Et oui je suis au courant.

Il lève les mains.

- Du calme, je voulais seulement te prévenir.

On discute encore une trentaine de minute quand je décide de rentrer. J'ai donné rendez-vous à Mélanie à 17 heure 30 pour me devoirs et je ne voudrais pas la faire attendre dehors. Nous appelons nos chiens et marchons côte à côte jusqu'à la sortie du parc.

- Stevaaan ! lance une voix suraiguë encore pire que celle d'Ashley.

On se retourne et une fille accompagnée d'un spitz nain arrive vers nous. Je vois Stevan souffler. Il n'a pas l'air ravi de la voir. Je me sens tache à côté de cette fille. Elle a des ongles parfaitement manucurés, des cheveux dressés en queue-de-cheval hyper bien réalisée, un top et un jean moulant parfaitement son corps et des baskets à semelles ultra épaisses d'une marque que je ne pourrais même pas me payer. Sans compter tous les magnifiques bijoux qu'elle porte. Elle s'approche de Stevan en souriant et me lance un regard dédaigneux.

- Stevou c'est qui elle ?

- M'appelle pas Stevou et...

- Et ELLE elle s'appelle Aisha, je réponds sur la défensive.

- Je savais pas que tu aimais traîner avec des sacs poubelles, lance la fille en me jaugeant du regard.

- Fais gaffe parce que le sac poubelle il va aller sur ta tête et t'asphyxier pendant que tu dors.

Stevan n'a pas l'air de savoir quoi faire. C'est bien un mec ça. Il regarde sans rien dire.

- Oh, mais elle est folle cette fille. En plus elle a pas d'humour. Elle plaisantait, hein, Stevou ?

- Je t'ai déjà dit de pas m'appeler Stevou, Rebeca.

- Rho comme tu veux, elle dit en se passant une main dans sa queue de cheval.

Agacée de me sentir tout sauf mise en valeur, je me retourne et m'apprête à rentrer chez moi quand j'entends Stevan dire :

- Cette fille s'appelle Aisha. Et elle est plus jolie que toi, elle y serait même si elle était vêtu d'un sac poubelle, ce qui n'est pas le cas, alors barre-toi Rebeca.

Je me tourne. Elle ne sait pas quoi dire et part, en me fusillant du regard. Stevan arrive vers moi. Je suis vraiment étonnée par ce qu'il a dit. Je m'apprête à le remercier quand il dit :

- Ne prends pas à cœur tout ce que j'ai dit, il me fallait juste un motif pour l'éloigner de moi, elle devenait collante.

Je ne suis donc qu'une excuse ? Ça, j'avoue, ça me blesse. On continu notre chemin dans le silence et je finis par rentrer chez moi, seule. Lua a l'air légèrement fatiguée. Je m'allonge sur le canapé en me demandant à quoi cela rime, et ma chienne vient se blottir sur moi, en posant sa tête entre mes seins.

- Ah ma chère Lua, tu as de la chance d'être un animal. Si tu savais comme la vie humaine est compliquée.

he found meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant