Excuses

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Je l'ouvris avec appréhension.
J'écarquillais les yeux et ma vue se brouilla en découvrant l'auteur de cette lettre.
Le papier rigueux s'echappa de mes mains pour venir s'écraser sur le carrelage.
Je la ramassais, les mains tremblante et me diriger vers ma chambre pour la lire tranquillement.
Pas besoin que mes frères ne soient au courant de ça ...
Je m'assis sur mon lit, soufflais pour me donner du courage et commençais ma lecture avec appréhension.

Chère Angel ( je suppose que j'ai perdu le droit de t'appeler Angie maintenant ).
Je t'écris cette lettre pour m'excuser tout en sachant que ce je t'ai fait était impardonnable. À travers cette lettre je ne recherche pas ton pardon mais seulement à me libérer d'un poids. Ce que je m'apprête à te raconter n'a pas pour but de me dédouaner de mes actes, seulement que tu comprennes dans quel était d'esprit j'étais et pourquoi, cette nuit là.
Ça remonte à mon enfance, je devais avoir sept ans, quand j'ai vu mon père rentrer du travail, bourré. Ma mère m'as dit d'aller me coucher, je ne l'ai pas écouté, peut être aurais-je du. Je l'ai vu attraper violemment ma mère puis la toucher ... la violer. Il n'y avait que haine dans ses yeux. Ses yeux qui me hantent toutes les nuits.
Je n'ai pas bouger, je l'ai juste regarder faire.
Depuis cet incident ma mère et moi avons déménagé mais mon esprit était marqué à jamais. Je crois que j'ai hérité des gènes de mon père, c'est plus fort que moi, j'ai ses ... pulsions. J'avais lutté pendant si longtemps contre elles. Et quand j'ai vu que tu avais des sentiments pour moi, j'en ai joué et j'en ai voulu plus. À ce moment je me fichais de savoir si tu le voulais ou pas. J'ai honte, tellement honte, tu ne peux pas savoir. Si tu ne t'étais pas enfuie et moi arrêté à temps je ne sais pas ce que j'aurais fait. Et au lycée, j'ai laissé faire, j'aurais tellement voulu dire la vérité mais je n'ai pas pu alors j'ai préféré te voir souffrir, être rejetée par les autres à cause de moi, parce qu'au fond je crois que je t'en ai voulu d'avoir refusé.
Mais c'est fini, j'en ai parlé à ma mère, je veux changer. J'ai commencé une thérapie. Mon psychologue m'a dit que ça prendrait du temps mais j'y crois.
Si je suis venue à Paris c'était pour te parler face à face mais quand tu t'es évanouie, je me suis rendu compte que ce n'était pas la bonne solution, alors voilà, j'ai couché tout ça sur papier. Bizarrement ça m'a semblé beaucoup plus facile. Je suis vraiment désolé, ce ne sont que des mots, je sais, mais je les pense. J'ai aussi appris par Zack récemment que tu avais un petit ami, je suis heureux pour toi. Tu mérites le bonheur.
                                            Gabriel.

Ps : tu as le droit de déchiqueter ou de brûler cette lettre, si j'avais été toi je ne l'aurais même pas lu.

Une larme unique coula le long de ma joue.
Je serrais la lettre contre moi.
Ses réponses, je les voulais depuis tellement longtemps.
Ça n'efface pas la douleur mais ça l'apaise.
J'attrapais mon téléphone.
Il fallait que je lui parle.

Aaron répondit directement à la première sonnerie, comme si il avait attendu près de son téléphone mon appel.
- Déjà en manque de moi ? Ça fait à peine une heure, dit-il malicieusement.
J'étouffais un sanglot.
- Angel ? Hé Angel parle moi ! Ça va ? Tu es bien rentrée chez toi ?
J'hochais la tête avant de me rappeler qu'il ne pouvait pas me voir.
- Oui, murmurais-je. Je suis dans ma chambre.
- Dis moi ce qui ne va pas.
- J'ai reçu une lettre, en fait je ne sais même pas pourquoi je pleure, c'est plutôt ... bien ?
- Une lettre ? De qui ?
- De Gabriel, soufflais-je.
- Ce ... ce connard a osé t'envoyer une lettre ?!
- Ne t'énerve pas Aaron, c'était pour s'excuser.
- S'excuser, il pense pouvoir obtenir ton pardon ?! Je vais ... je vais le tuer Angie je te jure.
- Calme toi. Il ne voulait pas mon pardon juste s'expliquer et s'excuser, répétais-je.
- Tu veux que je vienne chez toi ? Parce que si oui, je peux être là dans vingt minutes, quinze si je pique les clés de l'audi de Pierre.
- Nan, souriais-je à travers mes larmes. Ça va aller, j'imagine que j'avais juste besoin d'entendre ta voix.
- J'aimerais tellement te prendre dans mes bras là si tu savais, souffla t-il. 
- Moi aussi ...
Aucun de nous ne parla.
- Je crois que je suis soulagée, finis-je par dire.
- Soulagée ?
- Oui, j'attendais ses réponses depuis tellement longtemps. Maintenant je sais que ce n'est pas ma faute. Il avait déjà des problèmes bien avant, et il est prêt à les combattre.
- Tu ... ne me dis pas que tu lui pardonnes ?! s'écria Aaron.
- Non ! Non bien sûr que non. Je ne sais pas si je le pourrais un jour, mais je dois aller de l'avant et grâce à cette lettre, je sais que maintenant je peux. Alors en quelque sorte je lui en suis reconnaissante.
- Tu ne sais pas à quel tout ça me rends dingue, jura le brun.
Je l'imaginais tournait en rond dans sa chambre en se tirant les cheveux.
- Tout va bien, tentais-je de le rassurer.
- Nan, tout ne va pas bien bordel ! explosa t-il.
Je l'imagine te faire ... ça. Il a voulu ...
Si je le croise, je ne réponds plus de ma personne.
- Aaron, c'est de l'histoire ancienne. Je, je veux passer à autre chose d'accord ? Avec toi.
Il y eu un blanc avant qu'il ne finisse par répondre.
- D'accord.
- Merci, soufflais-je.
- Mais tu devras le dire à tes frères. Ils méritent de savoir.
- D'accord. Mais pas ... là. J'attendrais le bon moment.
- Il n'y a jamais de bons moments pour annoncer ces choses là Ange.
- Je sais ...
Je baillais.
J'entendis Aaron étouffer un rire.
- Je crois que quelqu'un a sommeil.
- Tu ... tu pourrais rester au téléphone jusqu'à ce que je m'endorme ?
- Bien sûr, murmura t-il.

Mon meilleur ennemiWhere stories live. Discover now