Faire face

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Je me réveillais par les rayons du soleil. Je sentais l'herbe me chatouiller le nez, et une chaleur m'envelopper, je réalisais alors que quelqu'un avais pris la peine de nous recouvrir, Aaron et moi, d'une douce couverture.
Nous étions toujours allongés sur l'herbe, là où nous nous étions endormi.
Je regardais mon petit ami dormir.
Il ressemblait à un gros bébé, avec ses cheveux bruns en bataille, ses fossettes et sa bouille endormie.
J'hésitais à le réveiller, mais il bougea dans son sommeil.
- Tu es flippante tu sais ? marmonna t-il.
- Hein ?
- Je t'ai vu me mater dans mon sommeil.
Je le tapais.
- C'est pas vrai ! m'écriais-je.

- Bien dormi ?
- Parfaitement bien, dis-je poliment.
- Vous auriez pu trouver un endroit plus adéquat où passer votre nuit tout de même, ronchonna le « beau-père » de mon copain en se servant son café.
- Ne l'écoutez pas, intervint Mme Morton. Vous étiez si mignon, je n'ai pas osé vous réveiller, je vous ai juste apporté une couverture, j'avais peur que vous attrapiez froid. Quelle idée, nous somme en février !
J'esquissais un sourire.
Aaron, lui, semblait vouloir être partout sauf ici, il se tenait la tête entre les mains.
Il devait surtout avoir une bonne gueule de bois.
- Heum ... auriez vous de l'aspirine par hasard ? demandais-je en songeant avec pitié qu'il devait vraiment souffrir le martyre avec la quantité d'alcool qu'il avait ingurgité la veille.
- Oui sûrement, je vais t'en chercher tout de suite ma chérie, me répondit-elle gentiment en quittant la pièce.
- J'espère que tu as apprécié mon whiskey d'ailleurs ? Je me le gardais pour une occasion spéciale, fit Pierre une fois sa fiancée sortie de son champ de vision.
- Je t'emmerde, grogna Aaron.
Je me mordis très fort la lèvre pour ne pas rire.
- Sale ... il se retint de jurer. Je fais tout ça pour ta mère d'accord ? Parce que je l'aime et je sais que ça lui fait plaisir que tu sois ici, mais si ça ne tenait qu'à moi ...
- J'ai compris Pierre, tu ne veux pas de moi ici et ça tombe bien car je n'avais pas l'intention de m'éterniser de toute façon. Je vais beaucoup mieux, je ne sais même pas pourquoi je suis resté aussi longtemps, donc je repars demain. Content ?
- Quoi ?!
C'était la mère d'Aaron qui venait de revenir.
- Non non non chéri reste, enfin !
Elle semblait si désespérée que j'en avais presque de la peine pour elle.
- Je vois bien que je gêne ici, ricana le beau brun.
Elle lança un regard noir à son compagnon.
- Pas du tout. Dis toi que c'est chez toi ici.
- Non. Ça ne sera jamais chez moi ici.
Il secoua la tête.
- Viens Ange on y va, continua t-il en se levant.
- Non attends ! C'est ... c'est à cause du bébé c'est ça ? Je sais que je n'aurais peut être pas du te l'annoncer comme ça mais je pensais que tu serais content.
- Non tu crois ? répliqua t-il ironiquement. Tu sais quoi ? Ça me dérange pas que t'ai tourné la page aussi vite sur nous ...
- Je n'ai pas tourné la page Aaron ! s'exclama t-elle en le coupant.
- Bien sûr que si, grogna le brun. Tu vas te remarier et faire un gosse, mes félicitations !
Il se leva brusquement, prêt à partir.
- Attends !
Il ne l'écouta pas et quitta la cuisine.
Je partis à sa suite.
Il alla jusqu'à sa chambre et pris son sac de sport dans lequel il commença à fourrer rapidement ses affaires dedans.
- Tu ne peux pas toujours fuir Aaron, ce n'est pas une solution, essayais-je de le ramener à la raison.
- Et pourquoi pas ? cria t-il. Ma mère, elle, a bien fuie toutes ses responsabilités de parents après la mort de mon frère !
- Elle a merdé, et alors ? Tout le monde fait des erreurs mais elle s'en veut ! Elle s'en veut tellement Aaron !
Il soupira arrêtant soudainement d'empaqueter ses affaires.
- Alors ?
Il s'assit sur son lit.
- Je vais lui parler.
Je souris, il m'avait écouté.
- Mais je voudrais que tu restes avec moi s'il te plaît.
J'hochais la tête.

- Je suis prêt à ... discuter avec toi, décréta difficilement Aaron. Sans lui.
Il désigna son beau père du menton.
Celui ci râla mais parti.
Nous nous assîmes tous dans le salon.
Moi et Aaron sur le canapé et sa mère face à nous dans un fauteuil.
Cette dernière posa involontairement sa main sur son ventre ce qui fit frémir le brun à mes côtés.
- Mon chéri, je suis désolé que tu puisses ressentir tous ça. Ce que tu m'as dit, ça m'attriste énormément.
- Tu n'es pas obligée tu sais.
- De quoi ? Fit-elle surprise.
- De faire tout ça ... de jouer la comédie. M'inviter chez toi, me poser des questions sur ma vie, le lycée, vouloir venir à mes matchs de basket. Je m'en fou, j'ai pas besoin de ça, je m'en suis très bien sorti tout seul pendant presque deux ans.
- Je ne joue pas la comédie ...
Elle semblait sur le point de s'effondrer.
Aaron n'y allait pas mollo avec elle.
Elle essuya les larmes aux coins de ses yeux et reprit.
- Après le divorce et toute cette bataille judiciaire, j'avais réussi à ne pas trop penser à la mort de Nathaniel. Mais après ... j'ai commencé à faire une grosse dépression et je ne voulais pas que tu me vois comme ça. L'émancipation était la meilleure solution, ton père ... ton père est un gros connard et moi ... je n'aurais fait que t'entraîner avec moi dans ce trou sans fin. Et puis j'ai rencontrer Pierre et ... enfin bref c'est grace à lui que je m'en suis sortie.
- Tu allais mal hein ? Mais pourquoi ne pas directement être venu me voir et récupérer ma garde quand tu as commencé à aller mieux hein pourquoi ?!
- Je ... honnêtement j'aurais aimé te dire une excuse potable mais je n'en ai aucune idée. Tu étais grand et ne semblait plus avoir besoin de moi. Des fois ... je venais te regarder, je me garer devant le lycée et je te regarder rire et discuter avec tes amis. Mais de loin. Je n'osais jamais m'approcher de peur que tu me voies.
- Pourquoi ? Enfin pourquoi ?!
Il semblait à bout et perdu. Il a toujours pensé que sa mère n'en avait plus rien à faire de lui et il découvre tout d'un coup qu'elle était là tout ce temps. Cachée.
- J'avais peur. Et je savais qu'au fond de moi, je ne te méritais pas. Tu es devenue une personne incroyable Aaron.
- Pas grâce à toi.
- Je sais. Et c'est pour ça que je sais que malgré toutes mes erreurs quelque chose de bon en est ressorti.
Je souris, oui mon petit copain ne serait pas devenu ce qu'il est maintenant sans toutes ses épreuves et bien que ce soit égoïste je remercie  l'Univers pour ça.
Aaron semblait vouloir croire sa mère mais une barrière n'avait pas encore était franchie entre les deux et je croisais les doigts pour qu'elle s'abatte.
- Je t'aime Aaron.
Voilà, elle avait joué toutes ses cartes, j'espérais juste que mon copain ne fiche pas tout en l'air.
- Moi aussi maman, moi aussi.

Mon meilleur ennemiWhere stories live. Discover now