Fiançailles

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Ce fameux soir était finalement arrivé, plus vite que je ne l'aurais cru.

J'avais pratiquement du traîner de force Aaron à la soirée ... qui se trouvait en bas.
- Pourquoi je dois porter une cravate déjà ? Fit-il en la tripotant, la défaisant à moitié.
- Arrête d'y toucher, râlais-je en lui remettant correctement.
- Mais ça me serre, se plaigna-t-il.
Je levais les yeux au ciel.
- C'est le but. Je n'en reviens pas que tu n'en ai jamais mis une tout seul de ta vie.
- C'est Nathaniel qui me la mettait à chaque fois, il a essayé de m'apprendre hein ... mais je n'étais pas super doué et puis je préférais qu'il le fasse pour moi, confia mon petit ami.
Je lui pris la main.
Il me regarda droit dans les yeux et esquissa un sourire envieux en me reluquant.
- Tu es sexy au passage.
Je regardais ma simple robe en dentelle blanche. Je ne me trouvais pas particulièrement sexy, mais l'entendre le dire me fis y croire, un petit peu.
- Quel séducteur, me moquais-je.
- Je rigole, tu es magnifique, vraiment.
- Merci, rougissais-je. Tu n'es pas mal non plus.
- Allons éblouir tous le monde.
Il me tendit galamment son bras comme un gentleman.

- Oh des petits fours ! s'exclama t-il tel un enfant de quatre ans quand il vit le buffet qui trônait sur la terrasse.
- Tu vois, ça valait le coup de venir, lui dis-je.
Il grogna ce qui ressemblait à un « si tu le dis » avant de courir vers la nourriture.
Il revient avec des roulés aux saucisses pleins les mains et deux coupes de champagnes.
- Attention tu vas tout lâcher, le prévins-je.
- Mais non je gère, m'assura t-il en me tendant ma coupe.
- Oh et tu m'as pris aussi des petits four c'est trop gentil, fis-je attendrie.
- Ah non ça c'est juste pour moi, tu n'as qu'à y aller si tu as faim grosse feignasse, se moqua t-il malicieusement en protégeant ses précieuses victuailles.
J'éclatais de rire.
- Ah vous voilà les enfants ! s'exclama une voix féminine familière.
Je tournais ma tête pour rencontrer de magnifiques yeux céruléens, les mêmes que ceux de mon petit ami.
- Je suis vraiment ravie de votre présence. Merci de l'avoir fait descendre Angel, j'avais peur qu'il ne reste enfermé dans sa chambre ... annonça la mère d'Aaron.
- Mais je suis là, la coupa t-il.
- Oui, sourit-elle. Vous avez rencontré du monde ?
- Pas encore, fis-je.
- D'accord. N'hésitez pas. Bon le devoir m'appelle, j'y vais, lança t-elle avant de se retourner vers un autre groupe de convives.

Nous passâmes le reste de la soirée à serrer des mains et rire des invités dans leur dos.
Nous fûmes interrompu dans nos moqueries sur une dame qui semblait très coincée par un petit tintement de verre qui attira toute l'attention de l'assistance.
Les têtes se tournèrent vers l'heureux couple, star de la soirée.
Il y eu un silence profond avant qu'il ne soit coupé :
- Je profite de cette soirée magique pour faire une annonce, déclara au comble de l'émotion la mère d'Aaron devant la foule.
Elle prit la main de Pierre.
- La famille va s'agrandir, sourit elle en posant tendrement sa main sur son ventre.
Je sursautais en entendant un verre se briser à côté de moi.
Aaron écarquillais les yeux et était devenu plus pâle que la mort.
Autour de nous des tonnes d'applaudissements et de félicitations fusèrent.
Je vis le burn serrait les poings avant de quitter le jardin à grand pas.
Mme Morton semblait s'en être rendu compte puisqu'elle semblait effondrée et s'apprêtait à le suivre.
Je la stoppais quand elle arrivait à mon niveau.
- Laissez moi y aller. En ce moment vous n'êtes pas la personne qu'il a le plus envie de voir.
Elle paru se retenir de ne pas courir le retrouver mais me laissa faire.
- D'accord ...

- Aaron ? Tu es là ?
Je vis une silhouette noire sous le porche assise sur les marches.
Il avait une bouteille de Jack Daniel's à la main.
Je m'approchais doucement de lui et m'assis à ses côtés.
Il semblait s'être aperçu de ma présence mais ne fit rien.
Il but une autre gorgée au goulot.
- Où est ce que tu as trouvé ça ?
Il haussa les épaules.
- Leur champagne était dégueulasse mais apparemment beau papa a au moins du goût pour quelque chose, je lui ai piqué dans sa réserve. À la sienne !
Il leva la bouteille vers moi comme pour trinquer.
- J'espère qu'elle ne lui manquera pas trop, mais là j'en avais plus besoin que lui, marmonna t-il.
- Écoutes, commençais-je doucement.
- Ils vont le remplacer ... me coupa t-il.
Je fronçais les sourcils.
- Elle va finalement l'avoir sa famille parfaite, ricana t-il amèrement.
- Aaron, c'est pas du tout ça, mais elle a le droit au bonheur, elle n'oublie en aucun cas ton frère ni ... ni toi.
- Ça fait tache non, deux fils drogué, dont un mort d'overdose ?
Je secouais négativement la tête.
Il avait tout faux.
Il ouvrit grand les bras, renversant un peu d'alcool sur la pelouse au passage.
- Regarde moi ce quartier de bourge, ces gens tous plus faux les uns que les autres. Et elle, elle a l'air tellement heureuse, épanouie ici, parmi eux. Plus qu'elle ne l'a jamais été avec nous, craqua Aaron.
- Elle t'aime, elle t'aime plus que tout, tout comme elle aimait ... aime ton frère. Elle n'oublie pas, elle avance simplement. Et je crois qu'elle voudrait avancer avec toi à ses côtés.
- Un peu tard pour ça nan tu ne crois pas ? fit-il avec un rictus.
Je soupirais, ça s'annonçait compliqué.
- Je sais ... mais laisse lui une chance. Laisse là au moins s'expliquer. Elle était en larmes quand elle t'as vu partir.
- À quoi s'attendait elle ? À ce que je saute de joie à l'idée d'être grand frère ? Et bien désolé de la décevoir mais non.
Mon cœur se serra.
- Tu ferais un super grand frère, lui assurais-je doucement.
Et je le pensais.
Il a toujours un truc avec les petits tandis que moi ils me tiraient la langue ou me traitaient de caca boudin.
- J'ai peur de ne pas l'aimer, c'est vrai il n'a rien fait, mais ... je ne le considère pas comme mon petit frère ou ma petite sœur. Ce serait juste un bébé dont on partagerait la même mère.
- Ne dis pas ça ... je suis sûr que quand tu le verras tu oublieras tout ça, affirmais-je.
- Je n'en suis pas si sûr ...
- Tu devrais parler à ta mère.
- Quand j'aurais dessoûlé promis, mais là ... j'ai juste pas le courage okay ?
Il prit une énième gorgée.
- Ce n'est pas comme ça que tu vas dessoûler, remarquais-je.
- Autant la finir, ce serait du gâchis.
- Passes en moi alors, on ira plus vite à deux.
Il me la tendit après une légère hésitation.
Je la portais à mes lèvres.
Je grimaçais sous le goût amer et anesthésiant de l'alcool.
Je sentis mes membres se détendre et une douce chaleur se répandre en moi.
- Première fois n'est ce pas ?
J'haussais les épaules.
- Peut être, fis-je mystérieusement.
C'était assez libérateur à vrai dire.
Désinhibant.
Aaron s'allongea à mes côté dans l'herbe fraîche.
Je fis de même.
Nous fixâmes silencieusement le ciel étoilé, me ramenant à cette journée si particulière où il m'avait emmené au planétarium.
- Ce n'était pas exactement comme ça que j'imaginais cette fin de soirée, blagua t-il rompant la bulle de silence.
- Ah non ? rétorquais-je ironiquement.
Il sourit, le regard toujours rivé vers l'obscurité du ciel.
- Mais tant que tu es là, tout est surmontable.
Il me prit la main que je serrais contre la mienne.
Nous nous endormirent ainsi, un peu bourré, triste, euphorique et amoureux, dans le jardin de la mère d'Aaron, au beau milieu d'une soirée de fiançailles de laquelle nous nous étions échappées.

***
Petit mot très important : boire c'est mal.
Voila c'est tout.
Merci d'avoir lu, n'oubliez pas de voter et commenter.

Mon meilleur ennemiWhere stories live. Discover now