Chapitre 31

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~ Blake ~

Ça fait une semaine que nous sommes à Londres et les profs sont de plus en plus déterminés à ce que ce séjour de cohésion porte ses fruits. Ils ont créé les groupes au préalable pour toutes les activités que nous avons fait, ce qui n'a pas été une grande réussite. Il y a eu deux bagarres, presque trois.

En parlant de rapprochement forcé, hier soir, j'ai eu une drôle de visite, la blonde qui s'était présentée sous le nom de Live, dans l'avion, m'a clairement fait des avances. Elle est venue toquer à ma chambre pour agiter son décolleté plongeant devant mes yeux. Une meuf canon qui vous propose ses services, c'est tentant, mais j'ai refusé. De toute façon, Eliott était dans la chambre.

Les profs estiment sûrement que nous ne sommes pas assez cultivés, car aujourd'hui encore, nous visitons un musée. Je commence à en avoir ras le cul.

- Putain, on dirait qu'on est dans La Nuit au Musée ! S'exclame Eliott la tête en l'air.

- C'est quoi ça ? Demande Troy.

- Revois tes classiques mec.

J'ai vu La Nuit au Musée, et je dois avouer que le décor y ressemble franchement. Les gars et moi sommes postés comme des imbéciles au milieu de la grande pièce quand Live passe devant nous en roulant des hanches. Elle me lance un clin d'œil qui veut tout dire. Je ne comprends pas pourquoi cette fille a jeté son dévolu sur moi. En-tout-cas, elle et Lise n'ont pas l'air d'être de grandes copines. Ça joue peut-être un peu.

- Si tu n'en veux pas, commence Matt en bavant presque. Tu veux bien me la laisser ?

- Après une ou deux pipes si tu veux.

C'était une plaisanterie, mais apparemment, certains pensent autre chose.

- C'est classe ça, dit Nono dans mon dos.

Mes épaules se crispent, car je sais que partout ou il y a Nono, il y a Lise. Et je ne me suis pas trompé, elle détourne le regard, la mâchoire serrée. Elle paraît déçue.

- Je vais rejoindre Austin, dit-elle. Il est tout seul.

Elle s'en va d'un pas rapide comme si elle cherchait à me fuir. Ce qui m'énerve le plus, ce n'est pas qu'elle ait entendu ce que j'ai dit, c'est qu'elle est partie rejoindre ce putain de psychopathe. Ce mec m'a poignardé, elle le sait, et elle parle avec lui comme si de rien n'était.

- Bien joué, me murmure Eliott.

Les poings serrés, je quitte le groupe pour avancer seul. Je n'ai même pas envie d'affronter le regard de Noah, qui me regarde comme si j'étais un criminel depuis quelques jours. Je ne suis pas con, je sais qu'elle lui a tout raconté, mais dans l'histoire, c'est moi qui aie fini aux urgences. Des pas rapides me rattrapent et une main se pose sur mon épaule.

- Pourquoi t'es grognon comme ça ? Me demande mon meilleur pote.

Eliott est l'un des seuls qui sait pour Austin, mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant.

- Je ne suis pas grognon, dis-je en enfournant mes mains dans mes poches.

- Mec, te connaît. Depuis quand tu laisses une meuf porter tes couilles ?

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu sais très bien ce que je raconte, dit-il en attrapant mon bras pour que je m'arrête.

- J'en ai rien à foutre d'elle.

Il ricane.

- Mais oui, bien sûr, je n'ai même pas eu besoin de dire son nom pour que tu saches de quoi je parle.

Je me dégage violemment de son étreinte.

- Tu es doué pour faire l'aveugle, m'envoie-t-il. Mais encore plus pour faire le con.

Il me rattrape, mais je le pousse violemment. Eliott est grand et fort, mais il recule tout de même de quelques pas.

- Putain, mais vous foutez quoi ? Demande Enzo en arrivant vers nous, les sourcils froncés.

Quand je remarque que plusieurs lycéens et visiteurs ont les yeux braqués sur nous, je jure entre mes dents. Je pensais que nous étions un peu plus discrets que ça. Notre prof s'avance vers nous et plisse les yeux derrière ses petites lunettes.

- Curley, Morton, un problème.

Eliott plaque un grand sourire sur ses lèvres et passe un bras par-dessus mon épaule.

- Non et vous ?

- Tâchez de rester calme et de ne plus attirer l'attention, marmonne-t-elle en s'éloignant.

Eliott retire son bras de mon épaule en soupirant et Nono arrive vers nous, les mains dans les poches.

- J'ai cru que vous alliez vous battre, dit-il.

- Ce ne serait pas la première, dit mon pote avec un petit sourire.

Les gars ont passé l'après-midi à chercher un endroit ou sortir ce soir pour faire la fête. Bien entendu, dans le dos des profs. Nous allons devoir attendre qu'ils soient dans leur chambre pour sortir en silence, c'est ça qui sera le plus compliqué. Nono est dans le coup et a proposé à Lise, Alice et un pote à lui qui s'appelle Peter. Si les profs nous chopent, au moins, nous pourront leur dire que nous nous mélangeons entre lycées.

Le soir, après-manger, les gars rentrent un à un dans notre chambre comme s'ils étaient chez eux. Troy se roule un joint, Matt s'affale sur mon lit et Enzo s'assoit sur une chaise, les yeux rivés sur son téléphone. Je m'éclipse quelques minutes le temps d'aller prendre une douche et quand je reviens, les gars sont prêts à décoller.

Il est dix-heures trente du soir donc logiquement, les profs devraient être dans leurs chambres respectives. En-tout-cas, il n'y a aucun bruit quand nous sortons de la nôtre.

Quand nous sortons de l'auberge, le froid frappe mon visage et j'enfonce les mains dans les poches de mon jean. C'est ça le problème avec les pulls, c'est qu'il n'y a pas de poche dessus. Alexis passe un bras autour des épaules d'Alice, qui nous attendait dehors avec ses amis. Mes yeux se posent automatiquement sur Blondie, qui porte un pull qui m'a l'air hors de prix, mais qui lui va à ravir, et un pantalon noir en tissu. Elle s'est maquillé et elle est carrément canon. Garder mes mains dans mes poches va être compliqué, ce soir. Il y a un gars avec eux, il a la peau mate et les cheveux foncés et bouclés, j'imagine que c'est lui le fameux Peter.

- Wow mec, t'as une de ces carrures ! S'exclame Eliott, dont le filtre entre ses pensées et ses paroles n'existe pas.

Peter hausse les épaules en riant.

- Il est dans l'équipe de football, explique Nono.

Lorsque nous marchons, je me mets au même niveau que Lise pour lui parler. Quand elle me voit, je sais que d'avance que la discussion va être désagréable.

- Tu veux quoi ? Demande-t-elle.

- M'excuser ? Dis-je en grimaçant.

- T'excuser de quoi ?

- J'en sais rien.

- Bah alors, ne t'excuse pas.

Cette conversation ne mène nulle part.

- Quand les meufs sont énervées elles veulent que les gars s'excusent, alors c'est ce que je fais.

Elle m'accorde enfin un regard.

- Ça alors, dit-elle.

- Quoi ?

- Je pense que tu ferais mieux de te taire.

Je lâche un grognement de frustration.

- Tu tires la gueule à cause de Live hein ? Rassure-toi, elle ne m'a pas sucé.

- Je suis ravie de l'apprendre, dit-elle d'un ton faussement enjoué.

La seule personne dont ma queue à envie en ce moment, c'est Blondie. Mais je ne lui dis pas. Enzo nous rejoint et se met à marcher aux côtés de Lise. Il me lance un regard de défi, mon cerveau comprend rapidement que ce soir, Enzo à l'intention s'embrasser Blondie.

C'est perdu d'avance mec.

Perdu D'avanceWhere stories live. Discover now