Chapitre 39

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~ Blake ~

- Bonnes vacances et joyeux noël ! Crie la prof par-dessus le brouhaha des élèves qui n'ont qu'une hâte, quitter la salle de classe.

Hallelujah, c'est enfin les vacances.

Mes potes ont le sourire aux lèvres quand nous passons le portail. J'aurais pu être de bonne humeur, mais quand je vois le regard fuyant de Lise, aux côtés de ses amis, je me souviens que j'ai merdé. La main qui caresse mon épaule tombe au mauvais moment, Jessica passe à côté de moi avec ce sourire que je connais. Je ne lui ai pas adressé un seul mot depuis le baiser, mais elle ne semble pas perdre courage. Je regarde la fausse blonde s'éloigner et je reconcentre sur Lise, qui parle avec son ami. Alexis avance d'un pas rapide pour rejoindre sa copine, Enzo sur ses basques. Il se dirige automatiquement vers lui et il lui dit quelque chose que je ne peux pas entendre en posant une main sur son bras.

- Je rentre chez moi, dis-je à Eliott à ma droite.

- Maintenant ? S'étonne-t-il.

- Oui.

Mon pote soupire.

- Il va falloir que vous arrêtiez de jouer à ça.

Je ne réponds rien. Il faut surtout que mon obsession pour elle disparaisse, c'est fatigant. Les sentiments, c'est de la merde, voilà ce que je pense. On a beau lutter contre, s'ils ont décidé de s'immiscer dans notre vie, rien ne les arrête. Il y a aussi ce désir qui me rend fou, chaque soir, je me branle en pensant à sa chatte mouillée contre sa bouche. Merde, il ne faut pas que je pense à ça maintenant sinon je vais bander devant tout le monde. La tête de Nono me suit alors que je les contourne de loin, il me regarde bizarrement. Je ne sais pas si Lise lui a raconté ce qui s'est passé entre elle et moi, mais honnêtement, je ne pense pas. Ce gars la défend comme si elle était sa petite sœur, si j'avais touché à sa protégée, il m'en aurait parlé. Mon téléphone vibre dans ma poche et je le sors pour voir qui m'a envoyé un message.

"Fais gaffe, Enzo va te la piquer."

Eliott prend un certain plaisir à me taquiner apparemment. Je lui réponds d'aller se faire foutre et moins d'une minute plus tard, il m'en envoie un autre.

"RDV salle de sport dans une heure ?"

Je lui réponds par un pouce en l'air. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas mis les pieds à la salle de sport. Je pense qu'une bonne séance me défoulera. Les écouteurs dans les oreilles, je rentre dans mon immeuble en m'arrêtant aux boîtes aux lettres. J'ai rarement du courrier et tant mieux, parce que je ne le lis jamais. Tout ce qui est important arrive chez mon oncle, car lui, est quelqu'un de responsable. Il n'y a qu'une enveloppe au fond de la boîte aux lettres, je l'attrape dans regarder ce qu'elle contient et monte les étages pour rejoindre mon appartement. Je déverrouille la porte tout en retirant mes chaussures et fais un pas dans mon salon. Mon cœur fait un bon et je lâche tout ce que j'ai dans les mains quand je vois mon oncle, assis tranquillement sur le canapé.

- Putain préviens !

Dis-je en tentant de me remettre de ma micro crise cardiaque. Je ramasse l'enveloppe et mon téléphone et les pose sur la table. Andrew gratte l'arrière de son crâne avec un rire gêné.

- Je ne voulais pas te faire peur, j'attendais que tu rentres.

- Les téléphones ça existe !

Je pourrais aussi lui reprocher d'être rentré chez moi, mais c'est lui qui paye le loyer alors je me tais. Eliott et lui sont les seuls à avoir une clé de mon appartement, et bien sûr, mon oncle ne sait pas que mon meilleur pote en possède une.

- Que me vaut ta visite ? Je demande à mon oncle en retirant ma veste.

Je me laisse ensuite tomber sur le canapé, juste à côté de lui.

- J'aimerais que tu passes Noël chez moi cette année, dit-il.

- Tu n'aurais pas pu m'envoyer un message pour m'appeler ?

Andrew grimace.

- C'est compliqué de négocier avec toi et c'est pire par téléphone.

Je soupire en passant une main dans mes cheveux. Ce n'est pas que je n'aime pas fêter Noël, je le fais chaque année avec mes potes, on se retrouve quelque part pour boire et passer du temps ensemble. Mais avec ma famille, c'est autre chose. Andrew retrouve des cousins à lui et je ne me sens pas à ma place.

- Je ne suis pas sûr, tu devrais le faire avec ton côté de la famille comme chaque année. Je peux me débrouiller seul, merci.

Mon oncle pince les lèvres.

- Tes grands-parents seront chez moi cette année, avoue-t-il.

Je déglutis.

- Je ne veux pas les voir.

Quand ma mère est morte, ils m'ont abandonné en même temps qu'elle. J'aurais aimé pouvoir compter sur eux, mais ils n'ont jamais tenté de me contacter pour prendre de mes nouvelles ou quoi. Jamais, en presque quatre ans.

- Blake, dit mon oncle avant de lâcher un long soupire. Ils aimeraient te voir.

- J'en ai rien à foutre, réponds-je sèchement.

- Bon sang, souffle mon oncle en se lavant, apparemment agacé. Si tu changes d'avis, fais-le-moi savoir.

Je ne changerais pas d'avis. Revoir mes grands-parents n'est pas dans mes plans. Je suis têtu et rancunier, Andrew le savait avant même de mettre un pied dans mon appartement pour me demander de venir fêter Noël chez lui. Le pire, c'est que je les aimais vraiment, mes grands-parents. Ma mère n'était pas la meilleure des mères, mais eux étaient là pour moi. C'est pour cela que je leur en veux autant de m'avoir abandonné, parce que je les aimais.

Une fois mon oncle parti, je pars échanger mon jean avec un short de sport et enfile des baskets. Je marche une dizaine de minutes avant d'arriver devant la salle de sport, probablement bondée à cette heure-là. Je passe dire bonjour aux gars que je connais et file vers les vestiaires pour déposer mon sac dans un casier. Eliott me rejoint au bout de quelques minutes, et même s'il tente de cacher sa mauvaise humeur par des sourires, je vois qu'il y a un truc qui le tracasse.

- Problème de famille, dit-il en voyant mon regard insistant sur lui.

Malgré tous les soucis qu'il a avec ses parents, Eliott garde toujours un sourire sur ses lèvres. Il me parle rarement de ses problèmes, mais je sais que son père lui a longtemps tapé dessus. Maintenant, qu'Eliott est plus grand et imposant que lui, il s'est calmé, mais il a toujours droit à de sales remarques de son géniteur. Sa mère accorde très peu d'attention à son fils, alors il n'a pas de parent sur qui compter. C'est une des raisons pour lesquelles je lui ai donné les clés de chez moi, pour qu'il puisse s'y réfugier quand il n'a plus la force de rester chez lui. Tout comme mon histoire avec Austin, la vie de famille d'Eliott est un secret qui reste entre nous.

Quand nous rentrons chez moi, il n'est pas très tard, mais il fait déjà nuit dehors. Eliott s'allume une clope et ouvre la fenêtre de mon salon pour que l'odeur du tabac ne reste pas.

- C'est quoi ? Demande-t-il en saisissant l'enveloppe posée sur la table.

- Sûrement une publicité, dis-je en haussant les épaules.

Après le départ de mon oncle, je n'y ai pas vraiment porté attention.

- C'est d'un certain Dylan Marley, lit mon pote sur le dos de l'enveloppe.

Un rire lui échappe.

- C'est un mélange entre Bob Dylan et Bob Marley.

- C'est nul comme nom, dis-je en lui prenant la lettre des mains.

Je l'ouvre et Eliott et moi, nous penchons dessus. Il relève la tête vers moi en déglutissant. Dylan Marley, putain, comment je n'ai pas pu reconnaître ce nom.

Perdu D'avanceWhere stories live. Discover now