Chapitre 12

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Enzo quitta du regard le paysage silencieux qui défilait sous ses yeux pour observer la jeune femme endormie à côté de lui. Cette fin de soirée avait été marquée par de nombreux détails qu'il se promit de ne jamais oublier. D'abord la saveur de ses lèvres, puis la peur, le doute dans ses yeux verts et enfin la beauté d'un sourire sincère.

" Merci pour cette belle soirée monsieur Lazzari "

Enzo n'aurait pas qualifier cette soirée ainsi car derrière ce semblant de romantisme, il avait pu découvrir les pensées de la jeune femme en proie à des doutes qui l'avaient rendu ivre de colère. Il avait eu l'impression d'être comme son père, un joueur, un pitoyable manipulateur. Les sourcils froncés il dévisagea la jeune femme qui dormait profondément avec l'horrible sentiment qu'à tout moment elle aussi serait briser par un homme. Comment pouvait-elle à ce point espérer le conte de fées parfait et moderne ? L'espoir sans doute, songea-t-il en détournant les yeux une seconde.

Sa mère avait eu la même illusion d'un monde parfait, d'un amour parfait et ça l'avait tué.

- Nous sommes arrivés patron.

Enzo se chargea de transporter la jeune femme dans ses bras jusqu'à l'appartement comme la première fois. Lorsqu'elle remua dans son sommeil en glissant ses mains sur épaules il se surprit à aimer ça. Mais lorsqu'il la déposa sur le lit et que son visage innocent lui apparut, Enzo serra les mâchoires tout en traçant le contour délicat des siennes.

Combien de jeunes fougueux essayeront de lui voler son cœur pour ensuite le briser. Combien de fois allait-elle réaliser que l'intérêt porté à son égard ne serait rien d'autre que l'envie de parcourir son corps pour mieux le délaisser au petit matin ?

Il poussa un faible juron, incapable de supporter l'idée qu'elle puisse être à ce point naïve. Il avait presque envie de lui montrer son univers pour qu'elle délaisse le sien et apprenne à se laisser vivre dans un monde imparfait. Il voulait l'empêcher de commettre les erreurs que sa mère avait commise. Il voulait lui apprendre à écouter son corps et son esprit pour qu'il ne fasse plus qu'un.

Et le pire, c'est qu'il s'agissait d'une simple inconnue qu'il connaissait à peine et pourtant...

Lâchant un soupir imperceptible, Enzo glissa son index sur sa joue rose. Il se crut fou, complètement fou d'avoir un raisonnement aussi implacable que désireux.

- Il s'appelait Mike Baker, lança une voix douce et voilée.

Enzo braqua son regard dans les yeux de la jeune femme qui venaient de s'ouvrir lentement.

- Nous étions dans sa chambre universitaire lorsque j'ai songé à passer l'étape suivante.

Silencieux, Enzo attendait qu'elle poursuive avec le sentiment qu'il s'agissait d'un aveu de sa part. Un aveu qui pourrait peut-être l'aider à la comprendre mieux.

- Je me suis braquée lorsque j'ai entendu ses amis de l'universalité juste derrière la porte. Puis soudain il s'est mis à rire en me disant de ne pas faire attention.

Les mâchoires tendues, Enzo prit sa main dans la sienne en réprimant la peine qu'il ressentit en voyant ses yeux briller dans l'obscurité.

- En fait je...crois que ce n'est pas tant l'envie de trouver le bon qui me terrifie, murmura-t-elle en dévisageant le plafond.

- Vous avez peur d'avoir le cœur brisé, vous n'êtes pas prête à l'être, comprit Enzo en l'obligeant à tourner son visage vers lui.

- Je crois oui, chuchota-t-elle en lui offrant une partie de sa vulnérabilité qu'il aurait préféré ne jamais voir.

Éprise d'un mafieuxWhere stories live. Discover now