Acte III, 8e Épître - Interrogatoire croisé

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« Commençons par le commencement, voulez-vous ? Parlez-moi de l'incident du 10 Août. Comment vous êtes-vous retrouvés sur ce pont à cet instant précis, votre épouse et vous-même ?  »

            Silvermann était entré directement dans le vif du sujet, sans détours. Il attendait depuis si longtemps ce face-à-face qu'il n'avait pas l'intention de prendre des pincettes ou de tergiverser, ce qui n'était pas forcément pour déplaire à Michaël. L'intervention d'Iroël avait eu le mérite de mettre en exergue le temps perdu jusqu'à présent, et il fallait désormais aller vite avant qu'un visiteur d'un autre genre ne vienne perturber cet interrogatoire, d'autant plus que cette opportunité ne se renouvellerait sans doute plus. Et puis, avec Kim ayant pris place aux côtés de Ben, il rechignait à être trop incisif avec Maners, voulant sans doute instinctivement préserver la jeune femme. Alors, si ce policier était disposé à attaquer frontalement leur interlocuteur, il ne pouvait que s'en réjouir.

« - Je n'ai pas grand-chose de plus à vous dire sur ce sujet, inspecteur... Nous nous rendions sur la tombe de mes parents, à Allentown, en Pennsylvanie, et nous sommes tombés dans des embouteillages. Pendant que nous attendions, ma femme a remarqué une lueur dans le ciel, et le temps que je regarde ce que c'était, notre voiture a été touchée par une explosion.

- Avez-vous pu distinguer quelque chose ? Vous travaillez dans l'aéronautique, il me semble. Vous pourriez dire si c'était un drone ou un missile ?

- Difficile à dire... La lumière était vraiment loin... Mais ce qui est sûr, c'est que si c'est venu des airs, ça se déplaçait à une vitesse supérieure à tout ce que l'on connait, répondit Ben en jetant un regard vers Michaël, qui restait les bras croisés, imperturbable.

- Si c'est venu du ciel ? Vous pensez que l'explosion serait venue du pont et non des airs ?

- Je n'ai aucune certitude, inspecteur. Je ne fais qu'émettre des suppositions...

- Vous savez, c'est intéressant que vous parliez de ça, rebondit Silvermann, en sortant des documents du dossier posé devant lui. Selon les analyses de notre labo, le coffre de votre voiture a été pulvérisé par l'impact, au point qu'il est impossible de déterminer d'où provenait le projectile. Des airs... Du sol... Ou bien de l'intérieur ?

- Vous insinuez qu'il y aurait eu une bombe dans ma voiture ? Mais c'est n'importe quoi !

- Au contraire ! Si j'en crois mes renseignements, votre entreprise était en négociation avancée avec l'armée quand l'incident est arrivé. Qu'un nouveau venu vienne marcher sur ses plates-bandes, ça n'a pas du plaire aux grands pontes de chez Lockheed, non ?

- Les affaires sont les affaires, inspecteur Silvermann. Mais de là à tenter de tuer un simple directeur juridique... Il y a sûrement d'autres pistes plus crédibles à explorer, non ? insista Maners en se tournant vers le Séraphin, qui sortit enfin de son silence.

- Inutile de me fixer ainsi, Ben Maners. J'ignore autant que vous ce qui s'est joué sur ce pont. Pour autant que je sache, le seul élément notable, c'est que les Moissonneurs ont été pris de court par la soudaineté de cet événement. Il semblerait que notre système n'ait pas prédit cet incident. Chose rare, mais qui arrive parfois...

- Vous avez raison, monsieur Maners. Des pistes, il y en a des tonnes, vu qu'on n'a toujours pas l'ombre d'un élément concret, même après un mois d'enquête, reconnut Tom, terminant sa phrase en même temps que le chef des armées divines.

- La belle affaire... marmonna Ben, sa remarque s'adressant autant au policier qu'à l'ange.

- J'avoue avoir une petite théorie personnelle, mais nous ne sommes pas là pour parler de ça. Parlez-moi plutôt de la raison qui vous a poussé à quitter l'hôpital Presbytérien contre l'avis médical, et de comment vous êtes arrivé aux Vladeck Houses...

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant