IX - Les aveux

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- Regarde, la grande Charette!, fit Bilbo en pointant le ciel.

Son compagnon ne put s'empêcher de sourire.

- La grande Charette? Par ici, on dit plutôt la grande Ourse.

Cela fesait une heure qu'ils avaient quitté la fête pour la tranquilité du parc des fontaines, comme l'appelait secrètement le hobbit. Ils marchaient, main dans la main, suivant le sentier de pierres bleues.

- Dès après-demain, je devrai reprendre mes fonctions de roi, maintenant que je suis en forme. Mais j'aurai besoin de quelqu'un à mes côtés, quelqu'un qui pourra m'empêcher de sombrer dans la folie, comme je l'ai déjà... Bref, il n'y a que toi qui est là pour moi et je voulais, enfin, seulement si tu veux et si ta maison ne te manque pas trop, que tu restes... C'est ce que je voulais dire tout à l'heure.

- Avec plaisir., répondit le semi-homme avec un tendre sourire.
- Mais je te promets aussi que l'on ira dans la Comté.
- Ah oui? Ah, c'est vrai, tu ne peux pas t'orienter donc ce serait pratique d'avoir quelqu'un qui connaît bien la région, je vois.
- Non, enfin si, j'ai le sens d'orientation d'un pot de fleur.

Bilbo étouffa un hoquet de rire.

- J'aimerais bien te montrer la Comté, ses traditions, ses fêtes, sa géographie...

Le nain le poussa gentiment, faussement vexé.

- J'aimerais bien y vivre un peu, même., lâcha-t-il.
- Vraiment? Et quitter Erebor?
- Oui, je pourrais contester une loi de plus et nommer Dís reine en mon absence.
- Mais, Thorin, tu ne peux pas contourner les règlements de tes ancêtres!
- Je les enfreins déjà et c'est ce qui me plaît. Sinon, mes pensées seraient fixées sur l'or et la folie m'habiterait, tu serais dans la Comté, avec tes arbres, tes livres et ton fauteuil et mon peuple dépérirait.
- Je quoi? Dans la Comté?
- Oui, plusieurs m'ont demandé quand serait ton départ ce soir. Je leur ai simplement répondu que tu partiras quand ton cœur te le dira.
- Et qu'est-ce que ton cœur te dit à toi?, demanda-t-il.
- De te suivre n'importe où que tu ailles.

Thorin glissa le bras autour de son compagnon, qui rougit doucement.

- Thorin, qui te dit que ce ne sera pas moi qui te suivras?
- Parce qu'on restera ensemble?
- Serait-ce, par hasard, une proposition?
- Probablement. Au fait, qu'est-ce que tu penses de tes marques?

Le hobbit avait failli les oublier. Ils arrivaient devant la fontaine, donc Bilbo se défit de l'étreinte à contrecœur puis se pencha sur l'eau. Son regard se posa sur son cou, où il vit...

- Tu m'as fait marcher?

Le nain lui fit un petit sourire coupable. Le semi-homme avait l'air mi-furieux, mi-amusé.

- Tu aurais dû voir ton affolement!
- Et pendant tout ce temps, j'ai cru que je déambulais ouvertement avec des gros suçons partout! Pendant que tu te foutais de ma gueule!
- Bilbo... Je voulais juste un prétexte pour...
- Pour faire qu-...?

Et avant que le hobbit ne puisse finir sa phrase ou même réagir, il le prit par la taille et l'embrassa brièvement, mais amoureusement. Quand leurs lèvres se séparèrent, Thorin murmura doucement:

- J'ai longtemps rêvé de faire ça.
- D'embrasser quelqu'un pour l'interrompre?
- De t'embrasser, toi, idiot.
- Tu sais, tu l'aurais fait à maintes reprises, si je ne t'avais pas repoussé.
- Tu m'as... repoussé?
- Seulement parce que je croyais que tu divaguais. Maintenant je n'en suis plus si sûr., fit-il, taquin.
- Est-ce que j'ai fait autre chose du genre qui t'aurais dérangé?
- Non, non. J'étais entièrement consentant.
- Plaît-il?, s'étrangla Thorin.
- Voyons, je plaisante, Thorin. Tu devrais voir ta tronche!
- C'est pas drôle..., ronchonna-t-il comme un enfant.
- Bon d'accord, parfois tu murmurais mon nom, tu prenais ma main ou bien une fois je m'était réveillé dans tes bras...
- J'espère que ce genre d'incident ne soit pas arrivé avec qui que ce soit d'autre, Balin, Dwalin ou même une infirmière?
- Impossible.
- Comment ça, impossible?
- J'ai peut-être un peu négocié pour te veiller jour et nuit..., marmonna-t-il, gêné.
- Bilbo Baggins, tu es la personne la plus adorable, courageuse et attentionée que je n'ai jamais eu l'honneur de rencontrer.

L'intéressé rougit délicatement quand le roi passa les doigts dans sa chevelure.

- J'aimerais que tu m'accompagne demain.
- Si c'est ce qui te fera plaisir, j'accepte.
- Je passerai te prendre à tes appartements vers midi.

The Lords of the Silver Fountains - bagginshieldWhere stories live. Discover now