XIX - L'imposteur

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Thorin ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une pièce sombre et sa restriction de mouvements lui fit vite comprendre qu'il était ligoté.

- Thorin! Je vois que tu t'es enfin réveillé... Bien dormi?

Le nain tressaillit en entendant cette voix qu'il ne connaissait que trop bien. Et qu'il n'aurait jamais cru entendre à nouveau.
Thorin leva les yeux pour les fixer sur son alter égo. Son regard glissa sur son beau visage, puis sur ses magnifiques yeux bleus, qui étincelaient d'une lueur à la fois malveillante et glaciale.
Si quelqu'un d'autre avait été dans la pièce, il n'aurait su distinguer les deux nains, pas même Bilbo.

- Ne t'inquiète pas Thorin, je ne vais pas te tuer. Tu sais bien que je n'en serais pas capable.
- Alors que vas-tu faire? Tu ne vas tout de même pas me laisser pourrir, enchaîné ici, je te connais.
- Évidemment. Tu seras en exil et je prendrai ta place. Ne t'avise surtout pas à t'approcher d'Erebor. Mes hommes n'ont aucune pitié, eux.

Le cœur de Thorin se serra. Et Bilbo? Il se rendra sûrement compte que ce n'est pas lui. Il le devait.

- J'accepte, mais seulement si tu jure de ne pas faire de mal à tous ceux que j'aime.
- Dommage Thorin, mais tu n'es pas vraiment en position de négocier. Malgré tout, je peux seulement te garantir que je ne les tuerai pas.

Sur ces mots, le nain malveillant libéra l'autre.
Sur le pas de la porte de la maison, Thorin se retourna et planta son regard dans celui de son ravisseur.

- Adieu Frérin. J'espère ne plus jamais te revoir.
- C'est réciproque.

Et le roi déchu s'enfonça dans la nuit noire qui le transperça de solitude.

* * *

Toc toc.

Primula Brandybuck ouvrit à un nain à l'air triste.

- Thorin? Mais que faites-vous ici? Et où est Bilbo?, fit elle en le fesant entrer.
- Je n'en ai aucune idée. Ça dépendra de mon frère...

Après son échange avec celui-ci, Thorin avait erré avant de se rendre compte que ses pas l'avaient mené au Pays de Bouc, où il ne connaissait qu'une seule personne qui aurait bien voulu l'héberger et le réconforter. Toutefois, la peur lui transperçait les tripes quand il songeait à Bilbo. Était-il toujours avec son frère? Saurait-il les distinguer? Combien de temps mettra-t-il avant de revenir dans la Comté?

* * *

Frérin était assis sur le lit du hobbit, se maudissant intérieurement.
Pris à mon propre piège..., songea-t-il.
Pourquoi son plan n'avait-il pas marché? Pourquoi Bilbo avait-il répondu à son baiser avec autant de fièvre? Pourquoi s'était-il laissé faire, au lieu de se débattre comme il l'avait prévu?
C'est alors qu'il aperçut une feuille sur le bureau, dont il s'empara.
Le croquis représentait Thorin et son hobbit, enlacés sur une chaise confortable, des tasses à la mains.
C'est parce qu'ils s'aiment... pensa Frérin, reconnaissant le trait de crayon de son frère. Ils s'aiment et c'est pour ça que Bilbo restait-...

Le flux de ses pensées se vit interrompu par la porte qui s'ouvrit en trombe sur sa petite sœur, Balin et l'amant de son jumeau, tous trois furieux.

- Nous aurions quelques questions à vous poser, Thorin., fit le pâle nain d'une voix autoritaire.
- Allez-y.

Frérin les regarda d'un air un peu insolent. Ce que Thorin aurait probablement fait., se dit il. Il répondit à quelques questions sur son enfance, auquelles il ne commis aucune erreur, parce qu'évidemment, lui et Thorin avaient partagé la même enfance et ne se quittaient que rarement. Mais les gens ne cessaient de les confondre, même leur propre famille et naquit alors une jalousie dans le cœur de l'aîné. Son accès au trône n'étant pas garanti, il tenta de pousser Thorin à la mort lors de la bataille d'Azanulbizar. Oui oui, celle-là même où notre nain préféré avait gagné l'épithète Oakenshield. Car selon le plan, il n'était pas censé survivre, mais voyant que la destinée décidait de s'adonner librement à l'improvisation, Frérin feint une mort si atroce que son corps ne fut pas retrouvé. Et pour cause, le brougre était toujours vivant, ravalant son échec tel un breuvage amer.

Alors, Dís et Balin sortirent de la pièce, le cœur troublé.
Et Bilbo resta devant le sosie parfait de l'amour de sa vie, les bras croisés et le visage fermé.

- Bilbo... Toi, tu crois bien que c'est moi, n'est-ce pas?, tenta le nain.
- Je ne sais plus quoi penser, sauf que tu n'es pas Thorin., répliqua le hobbit en se tournant vers la porte.

À la dernière minute, il se retourna et demanda:
- Dis, j'aurais une dernière question à te poser, si ça ne te pose pas de problème?

Après quelques secondes de réflexion, Frérin finit par lui faire savoir d'un geste de la main de continuer.

- Où est l'Arkenstone?

The Lords of the Silver Fountains - bagginshieldWhere stories live. Discover now