Chapitre 4

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Ce réveil me casse les oreilles, où peut-être est-ce les nombreux verres partagés hier soir avec Ez qui me martèlent le crâne. Après avoir mis Kaycee au lit, nous avons continué à discuter de nos projets respectifs, de rires de nos vies décalées. Il s'est endormi sur le canapé du salon après avoir prévenu Dex de notre état lamentable. Et là je m'en mords les doigts. Je me lève dans le brouillard le plus total, avance jusqu'à la cuisine pour me servir un grand café et une aspirine. Ezra se réveille lui aussi dans un état pas possible, je lui prépare la même potion magique. La journée va être longue.

- Ben alors mes loulous ! Gueule de bois ?

- Ne crie pas comme ça Meg, j'ai mal au crâne ! supplie Ez en grognant.

- Et un ronchon, un ! Quelque chose à dire aussi Dawn, histoire de compléter le tableau ?

Je lui fais un signe très peu élégant de la main, mais ma fille n'est pas là pour le voir donc ...

- Bon je vous laisse à vos têtes dans le cul mes chéris. Je dois y aller, bisouuuuu, nous lance t-elle bien fort en rigolant.

C'est pas possible elle le fait exprès la saleté. Une douche, il me faut une douche, le temps que le médicament fasse effet.

- Je vais y aller ma belle, il me reste deux heures pour récupérer de cette nuit.

Il m'embrasse sur le front et se dirige vers la porte le pas lourd.

- Bye Ez.

Je regarde l'heure, j'ai trente minutes avant de lever Kaycee. Je fonce dans la salle de bain et prends une douche écossaise pour me ranimer. Bon sang, que ça fait du bien !
Un ravalement de façade plus tard, je vais réveiller ma choupette qui est emmitouflée comme un rouleau de printemps dans sa couette. Je m'allonge près d'elle et lui chuchote tendrement en lui caressant ses cheveux :

- Debout mon soleil, c'est l'heure d'ouvrir ses jolies yeux.

Elle papillonne des cils et me réponds d'une voie endormie :

- Bonjour maman, je faisais un jolie rêve.

- Ah oui ? Alors lève toi, tu me racontes ça au petit déjeuner.

Elle se dégage de sa couette comme elle peut, s'étire et me fait un gros câlin. C'est notre rituel du matin.
Entre deux crocs de tartines elle me raconte son rêve :

- J'étais une sirène et tous les poissons étaient mes amies sauf la murène qui était méchante. Elle nous embêtait tout le temps mais j'ai réussi à la faire disparaître avec ma baguette magique.

- Tu étais une fée sirène alors ?

- Hummm, oui c'est ça !

Son imagination débordante m'amuse et j'en rajoute toujours un peu.

- Allez zou fée Kaycee ! Un peu de poussière magique pour aller jusqu'à la salle de bain ?

- Oui oui oui !

Je prends un petit peu de sucre dans ma paume, lui demande de fermer les yeux et fait semblant de la recouvrir avec mes doigts.

- Et voilà !

Elle fonce en faisant mine de voler, elle est trop mignonne.
Je la débarbouille, la coiffe d'une queue de cheval et lui mets un ensemble pantalon chemisier. Cartable sur le dos pour chacune, nous sommes prêtes à partir.
Dans la voiture nous chantons des comptines quand Kaycee me demande :

- Est-ce qu'un jour j'aurai un papa ?

Sa question me prend de court, je réfléchis à toute vitesse.

- Pourquoi tu me poses cette question choupette ?

- Pour savoir. Je sais que tu m'as dit qu'avec mon papa c'est compliqué mais est-ce qu'en avoir un autre c'est moins compliqué ?

- Ma puce, quand tu seras un peu plus grande je t'expliquerai tout, mais tu auras toujours qu'un seul papa, celui qui a planté la graine dans mon ventre. Peut-être qu'un jour je rencontrerai un amoureux qui sera ce qu'on appelle un beau-père. C'est un peu comme un papa, ou comme un tonton ça dépend.

- C'est quand que tu auras un amoureux alors ?

- Je ne sais pas... Je ne l'ai pas encore rencontrée...

- Et mon vrai papa, celui des photos est ce que je le verrai un jour ?

- Je ne sais pas, peut-être un jour ma puce...

Elle se satisfait de ma réponse d'un grand sourire. Une fois déposée à l'école, je prends la route de l'Université, sa demande tourne en boucle dans ma tête. Comment lui expliquer à son âge que son père, mon premier amour, m'a trahi, qu'il n'a jamais donné signe de vie après ma lettre lui annonçant ma grossesse et que je suis partie loin de lui après ça. C'est impossible, mais je ne veux pas lui mentir alors je reste très vague. Elle a vu des photos de lui, de nous ensemble. Même si elle lui ressemble beaucoup, elle est le parfait mélange de nous deux. Elle tient de lui ses beaux yeux bleus, ses fossettes aux joues, et ses expressions du visage. De moi, elle a ses cheveux noirs, son nez droit, sa bouche charnue et son sourire.

Marchant sur le campus jusqu'à mon bâtiment pour mon cours du droit des affaires, je me remémore ce jour où mon équilibre à basculer.

The way you RememberWhere stories live. Discover now