7 | Malentendu bienvenu

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Assise sur un vieux banc en bois de couleur verte, les jambes repliées devant moi et la tête enfouie entre mes genoux, je cherche ma respiration, figée.

Non, non, non, non, non !

Carly s'accroupît dans le sable de l'allée, pose ses paumes sur mes bras, poussant un lent soupir empreint de sa propre angoisse.

— J'adore Evan. Il est fabuleux, vraiment. Charmant, drôle, serviable. Mais tu comprends pourquoi je t'ai toujours maintenue à l'écart ?

Oui...

Je me redresse lentement, laisse une larme s'échapper dans un sanglot, donc elle s'empresse de s'assoir à mes côtés pour m'enlacer.

— Tu vas garder tes distances, être prudente comme tu l'es toujours et tout ira bien, ok ?

Incapable d'articuler quoi que ce soit, je me contente de hocher imperceptiblement le menton pour valider le plan, laissant ma joue rejoindre le réconfort de son épaule.

Distance. Prudence.

Respire un grand coup ma chérie, m'ordonne-t-elle. Il faut rentrer avant que quelqu'un ne remarque notre absence.

Oui, comme un...

Même en pensées, je n'arrive guère à le dire. Prenant une profonde inspiration, je ferme brièvement les paupières, profitant du vent frais balayant ma peau avant de contempler le ciel. L'aube me passant l'envie de traîner davantage dans le coin, je rassemble rapidement ce qu'il me reste de courage. Saisissant la main de ma meilleure amie, je me lève, la tirant derrière. Lorsque nous arrivons devant la porte par laquelle nous sommes arrivées, nous échangeons une œillade décidée, nos doigts se détachant. Après que j'ai tourné la vieille poignée en métal ronde, elle s'accroche à nouveau à moi et nous entrons ensemble dans sa salle de bain. Elle se dirige immédiatement vers le lavabo, mouille une lingette lavable, puis essuie soigneusement mon visage.

— Voilà, tu es parfaite, approuve-t-elle lorsqu'elle a terminé.

Elle déverrouille la serrure, retourne dans sa chambre pour en faire autant, m'attrapant par le coude en reprenant la direction du salon.

— C'est comme d'habitude, m'assure-t-elle, sentant ma crispation. Comme on a toujours fait.

Distance. Prudence.

Vous en avez mis du temps ! s'exclame Joshua en s'avançant vers nous, sourire aux lèvres.

— Tu nous connais, roucoule Carly, le rejoignant pour l'embrasser.

— Putain tu es glacée ! Vous êtes allées faire un tour ou quoi ?!

Tu n'as pas idée...

Ma faute, plaidé-je dans une moue coupable. Tu sais à quel point l'air frais me fait du bien lorsque j'ai des vertiges.

— Est-ce que ça veut dire qu'il fait froid dans ma chambre, maintenant ?! s'inquiète-t-il, levant les yeux au ciel.

Si seulement !

Ne t'inquiète pas, chéri, intervient la pétillante brune. J'ai bien refermé.

À l'idée qu'elle lui mente à cause de moi, une nouvelle bouffée d'angoisse m'envahit. Celle-ci s'accentue encore lorsque j'accroche le vert transcendant des iris du charmant – dangereux – jeune homme aux cheveux auburn, ce dernier me souriant spontanément.

Bordel. De. Dieu. Distance. Prudence. Partir.

Bon, il se fait tard ! bafouillé-je lamentablement. Je vais y aller.

L'autre côté de la porteOnde as histórias ganham vida. Descobre agora