18 | Dimanche matin.

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Le nez de Wyatt vient à la rencontre du mien, mais je me retourne pour disparaître sous ma couette afin de rester dans le déni.

Oh. Mon. Dieu.

Mon chat – ne me dites pas que vous avez douté – insiste néanmoins, me marchant impitoyablement dessus en accompagnant le tout de quelques miaulements stridents difficiles à ignorer.

J'apprécie le soutien, merci !

Alors je rejette la couverture dans un grognement semblant le ravir plus que l'effrayer, puis m'extirpe péniblement de mes draps. J'attrape une culotte écru et son débardeur en dentelle assorti, puis descends les escaliers en attachant distraitement mes cheveux en une queue-de-cheval haute et négligée. C'est dimanche, il n'y a personne à impressionner. Quoi ? Vous êtes surpris ? Vraiment ? Vous pensiez sincèrement qu'Evan était là ? JAMAIS ! Pour info, je dors toujours nue. Hier soir, il a parfaitement joué le rôle qu'il s'était attribué auprès de Frédéric avant que je ne lui donne à mon tour, espérant que ce dernier renoncerait à ses projets de renouer avec la clinquante héritière Davis. Papa a eu l'air un peu confus tandis que maman est immédiatement tombée en pâmoison.

Telle mère telle fille, Taylor !

Ouais ouais.

Tout en m'étirant dans un bâillement, je constate qu'il est à peine neuf heures alors tire la langue au matou qui ronronne en se frottant contre mes chevilles avec une motivation phénoménale.

— Hypocrite, marmonné-je. Je vois clair dans ton jeu !

Je lui serre des croquettes et de l'eau puis ouvre mon réfrigérateur pour constater que j'ai – encore – oublié de faire les courses.

Génial.

Après un immense soupir de dépit, je connecte mon téléphone à mon enceinte Bluetooth, décidant qu'il faut absolument me réveiller avant de sortir en quête d'un petit déjeuner digne de ce nom. Je lance ma playlist en aléatoire, et aussitôt les notes langoureuses de « Désire » chanté par Meg Myers remplissent ma cuisine, me faisant instinctivement froncer le nez.

Hum. Encore toi. As-tu un putain de message à me faire passer ?

Je pousse le son à son volume maximum – mon immeuble est parfaitement insonorisé – frustrée. Oui oui, frustrée. Mon corps pourrait gémir pour protester contre le manque du contact d'un certain jeune homme aux cheveux auburn qui glissait ses mains sur mes courbes il y a quelques heures – pour jouer le jeu, bien entendu –.

« Bébé, je veux te toucher. »

Dont les lèvres ont enflammé la peau de ma gorge lorsqu'il s'est amusé à la taquiner après que nous nous soyons éloignés de mes parents – pas juste sous leurs yeux, dieu merci –. Il m'a de nouveau entrainé au milieu des danseurs sous le regard inquiet de Carly, ravi de Joshua, et courroucé de Frédéric. Ma meilleure amie a accueillie mon tout est sous contrôle ! avec un scepticisme flagrant, mais j'ai choisi de l'ignorer, trop occupée à exulter à propos de la mine furibonde de mon bien trop arrogant ex-fiancé.

« Bébé, je veux te baiser. »

J'ai néanmoins culpabilisé vis-à-vis d'Ariana, et tandis que je profitais quand même du parfum enivrant d'Evan, je me disais que c'était seulement pour cette fois – ainsi que le spectacle, évidemment –. J'ai donc autorisé mes doigts à jouer dans ses cheveux en suivant le rythme de notre danse, puis ai murmuré à son oreille qu'il n'avait pas à s'inquiéter pour leur relation. Aucune photo de cette soirée ne filtrerait dans la presse, puisque les parents de Lyly s'en étaient assurés.

« Mec, je vais t'aimer. »

Il a pris une lente inspiration tout en me serrant davantage et bordel de dieu, mon ressentiment avait du mal à s'accrocher. La lueur dans ses yeux assombris était aussi irrésistible qu'insupportable. Pourquoi osait-il jouer si distinctement sur deux tableaux ?!

L'autre côté de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant