CHAPITRE 30

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[ point de vue de Camille ]

Je me suis réveillée ce matin près de Céline, elle est partie rapidement, et je commence à regretter son absence.

Je pense que début d'année, enfin, il y a 5 mois, lorsque Céline est arrivée au Lycée, je ne serais jamais allée vers elle spontanément. Elle était sombre, elle faisait peur, elle avait l'air constamment déprimée et on aurait dit qu'elle allait taper quiconque s'approcherait d'elle. 

C'est vrai, je n'exagère pas, elle était horrible.

Plus loin de nous elle était, mieux on s'en portait. J'ai presque honte de repenser à ça maintenant.

Mes amies m'avaient lancé un pari, le pari d'essayer de gagner son amitié. J'avoue qu'au début ça ne me tentait pas mais j'aime les paris, donc j'ai accepté.

Ce n'était vraiment pas évident parce qu'elle était hautaine, froide et méchante, mais les semaines passèrent et j'arrivais à la caresser dans le bon poil et à briser la carapace qui l'entourait. 

Ce n'était pas facile pourtant, mais je voulais gagner. J'avais la réputation d'être sociale, et je voulais leur prouver à tous que même une fille comme cette dingue de phœnix, je pouvais la faire m'aimer.

J'ai rapidement compris ce qu'il fallait faire pour gagner son amitié. 

J'y mettais tout mon temps les premières semaines, trop, même. Si bien que je n'avais plus le temps pour moi, ni pour les autres. Céline était ma seule source d'occupation.

Du coup mes amies se sont petit à petit éloignées de moi, mais je m'en fichait, parce qu'à ce moment j'ai découvert la capacité que Céline avait d'écouter les autres, et elle m'écoutait.

Elle m'écoutait si bien que j'en oubliais mes vraies amies, celles qui m'avaient lancé le paris de conquérir le cœur du rock. 

Et plus elles s'éloignaient, plus je fermais les yeux et plus je m'ouvrais à Céline.

En m'écoutant parler toujours sans rien dire, j'ai fini par comprendre de moi même ce que je faisait. J'allais dans la mauvaise direction, et mes amies ne faisaient rien pour m'en empêcher. J'ai vite repris pieds dans le sol et j'ai fait face à la réalité.

Avais-je autant d'amis que je ne le pensait réellement?

J'ai regardé autour de moi, et sans m'en rendre compte tout le monde m'avais lâché, tout le monde, à l'exception de cette fille bizarre qui m'écoutait toujours sans broncher.

J'étais hors de moi pendant un temps, tellement que j'ai balancé tout ce que je pouvais à la tête de cette pauvre Céline, cette fille qui ne disait jamais rien. 

Puis je me suis calmée, voyant que mes mots ne lui faisaient rien, qu'ils étaient impuissant contre son cœur de pierre, et c'est à ce moment là que j'ai compris que ce n'était pas de sa faute à elle si j'avais perdu mes amis, mais à moi même. 

Et j'ai enfin tendu l'oreille à mon tour, j'ai enfin tenté de comprendre cette blonde au cœur brisé, cette fille qui paraissait froide et méchante, mais qui n'était rien d'autre que perdue.

Aujourd'hui, je me demande ce que je serais devenue si je n'avais pas accepté ce pari. 

Ce ne sont certainement pas mes amies d'autrefois qui seraient venues chez moi à 22h pour me consoler, et qui auraient sécher deux jours de cours pour moi.

Ce ne serait certainement pas elles qui m'auraient encouragées dans cette épreuve, et d'ailleurs, je ne serais même pas enceinte, parce que sans Céline, je n'aurais jamais rencontré Daniel.

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