Parasite

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   — Tends ta jambe, dit Mikey d'un air sévère.
   — C'est ce que je fais, soupira Takemichi avec épuisement.
   — Lève la plus haut.
   — Mais je peux pas !
   — Plus haut ! Tu dois pouvoir toucher la tête de Draken !
   — Mais qui peut lever sa jambes aussi haut, s'exclama Takemichi avec incrédulité.
   Mikey souffla et poussa sèchement Takemichi pour se placer devant Draken, qui était adossé contre la structure métallique des lits.
   — Attrape mon pied, dit-il sérieusement.
   Draken attrapa le pied qu'il lui tendait et le leva avec surprise au-dessus de la tête de Mikey, alors que celui-ci le fixait avec un regard perçant. Chifuyu, qui était assis sur un lit entre Hinata et Hakkai, laissa échapper une exclamation de surprise en le voyant faire.
   — Mais tu es élastique en fait, dit Takemichi.
   — Je suis juste souple, dit Mikey en reposant son pied au sol.
   — J'arrive même pas à toucher mes pieds sans plier les jambes et tu veux que je saches faire ça, s'exclama Takemichi.
   — Je veux que vous sachiez tous faire ça, corrigea Mikey d'un ton dur. Si on doit se battre, vous devez pouvoir faire ma technique de combat.
   — Laisse tomber Mikey. J'essaye de la faire depuis mes six ans et j'ai jamais réussi alors eux c'est mort, dit Baji en soufflant.
   Il était assis au sol, entre les jambes de Chifuyu, et était occupé à... qu'est-ce qu'il faisait ? Il tenait entre ses doigts une mèche de cheveux et semblait la regarder avec une attention particulière, comme s'il y cherchait le moindre défaut. Bon, on s'occupait comme on pouvait.
   — Il a raison, intervint Emma, qui elle se tenait près de Draken. Tu es probablement le seul ici à pouvoir faire ce coup spécial, tu ne pourras pas leur apprendre.
   — En plus personne ne peut être aussi souple que ça, ajouta Baji.
   — Ah oui ? Regarde un peu là-bas.
   Chifuyu et ses amis tournèrent d'un même mouvement la tête vers l'endroit que Mikey pointait du doigt, et dévisagèrent leurs adversaires avec incrédulité. Rindo était assis en grand écart en face de son frère, son torse penché contre le sol, ses coudes posés sur le carrelage, comme si c'était la chose la plus facile à faire la plus au monde. Mais le pire était qu'il n'avait pas l'air d'avoir mal du tout, il parlait tranquillement avec Sanzu, qui s'amusait à se tenir en gainage au-dessus de lui, sûrement pour l'empêcher de se redresser. À ce stade là, Chifuyu prenait ça comme de la provocation.
   — Il doit être bloqué, dit Baji avec un haussement de sourcils.
   — Il n'est pas bloqué, dit Mitsuya en croisant ses bras sur son torse. Il est parfaitement détendu regarde-le.
   — Il fait genre mais il est bloqué, assura Baji d'un air hautain.
   — Tu diras pas ça quand tu te prendras son pied en pleine figure, répliqua Mikey.
   — Laisse moi rire, moi, me prendre le pied d'un mec qui fait même pas un mètre soixante-dix en pleine tête ?! Pfff oui bien sûr.
   Chifuyu et son équipe, exceptés Draken, Mitsuya et Hakkai qui ne devaient pas se sentir visés, fusillèrent Baji du regard. Celui-ci le remarqua et haussa les sourcils sans comprendre.
   — J'ai dit quelque chose de mal ?
   — T'as quelque chose contre les moins de soixante dix, s'exclama Chifuyu avec indignation.
   Baji leva la tête vers lui avec étonnement, puis il sourit légèrement.
   — C'est juste que vous êtes petits quoi.
   — Pfff.
   Chifuyu enleva sèchement ses jambes d'autours de Baji et se leva.
   — Oh mais non tu me tenais chaud !
Le jeune homme n'écoute pas son ami et s'en alla simplement. Que ça soit clair, il n'était pas petit, il avait une taille normale. C'était juste Baji qui était un géant. Voilà tout.
— Mais Chi reviens, s'exclama Baji derrière lui.
Chifuyu leva son majeur et lui tendit pour toute réponse. Le jeune homme parcourut du regard le dortoir. À présent qu'il y avait moins de joueur, c'était un peu plus simple de trouver les personnes qu'il cherchait. Chifuyu n'eut pas de mal à distinguer les cheveux blancs de Senju. Tiens, elle n'était pas avec son groupe ? D'habitude elle restait avec ses frères. Chifuyu se dirigea machinalement vers elle, ne sachant pas où aller sinon.
— Salut, dit-il en arrivant devant son lit.
— Salut, dit Senju avec concentration.
Chifuyu pencha la tête. Elle était recroquevillé contre le mur de lit, occupée à éplucher soigneusement une clémentine que les masqués leur avaient distribués au petit-déjeuner.
— Tu n'es pas avec tes frères ?
— Ils m'énervent, dit Senju d'un air las.
   Chifuyu s'assit au bout de son lit et ramena ses jambes en tailleur.
   — Pourquoi, demanda-t-il avec curiosité.
   À sa grande surprise, Senju ne lui répondit pas, mais elle releva la tête vers lui et le dévisagea en plissant les yeux.
   — Quoi ?
   — Tu enquêtes pour savoir si je serais facile à éliminer, demanda Senju avec sérieux.
   Le jeune homme haussa les sourcils. Il n'y avait pas du tout pensé, mais c'était vrai que son comportement pouvait être interpréter de cette manière.
   — Non pas du tout, c'est juste que je t'apprécie, dit-il simplement.
   — Ah...
   Senju se détendit et baissa ses jambes, qu'elle tenait contre sa poitrine.
   — Takeomi n'arrête pas de vouloir me protéger, comme si je n'en étais pas capable seule, et Sanzu n'en a rien à faire de moi, raconta alors la jeune femme. Il n'en a rien à faire des gens en général...
Chifuyu acquiesça en silence. Il posa ses coudes sur ses genoux, puis posa son menton sur ses mains. Il jeta un coup d'œil à Takeomi et Sanzu. Takeomi était assez discret en fait, Chifuyu n'avait pas le souvenir de l'avoir déjà entendu parler et il avait l'air assez effacé dans le groupe. En ce moment il était assis contre un mur en silence, un peu à l'écart des autres, et ne semblait rien faire de particulier.
C'était sûr que Sanzu se faisait bien plus remarqué. Quoique, là il était étonnement calme. Chifuyu haussa les sourcils et le regarda un instant. Il avait arrêté son « exercice » de gainage et s'était à présent allongé par terre, sa tête posée au creux des reins de Rindo, qui se tenait toujours en grand écart sur le sol.
— Et toi pourquoi t'es pas avec tes amis, demanda Senju au bout d'un moment de silence.
   — Mikey, c'est le petit blond, leur apprend à se battre parce qu'on pense que ça nous sera utile pour les prochains jeux. Mais je sais déjà me battre alors je m'ennuyais un peu.
   — Ah d'accord. Tu veux de la clémentine ?
   Chifuyu secoua la tête pour refuser. Il leva les yeux sur la tirelire géante suspendue au plafond et la contempla, le regard brillant. Elle s'était encore bien remplie depuis le dernier jeu, ils en étaient à présent à trente-quatre milliard de yens. Quatre vingt-cinq joueurs étaient morts au dernier jeu, dont la sœur de Hakkai, Yuzuha. Le jeune homme n'avait rien dit à propos de sa mort d'ailleurs, mais Chifuyu l'avait accepté dans l'équipe parce qu'il avait bien sentit qu'il souffrait beaucoup. Il lui avait fait de la peine, il ne pouvait pas le laisser avec son autre frère Taiju...
   — Tu penses que les masqués sont payés pour être ici, demanda curieusement Senju au bout d'un moment.
   Chifuyu baissa les yeux de la tirelire. Il n'avait jamais posé la question à Kazutora, mais c'était vrai que c'était intriguant. Chifuyu voyait Kazutora une fois tous les jours, la plupart du temps le soir, après le dîner, mais jamais son allié ne lui parlait de sa condition. Kazutora s'appliquait plus à écouter Chifuyu parler plutôt qu'à lui raconter sa vie. En fait il ne disait rien du tout sur lui ou sur sa condition de masqué.
   — Sûrement. Sinon ils ne seraient pas là.
   — Peut-être qu'ils n'ont pas le choix. Tu sais je ne pense pas qu'ils soient tous méchants.
   — Non, sûrement pas.
   — Hm. Il y en a un qui est cool en tout cas.
   — Comment tu peux le savoir ?
   Senju glissa un quartier de clémentine dans sa bouche et s'approcha de Chifuyu.
   — Parce qu'il m'a accompagné au toilette, dit-elle à voix basse.
   — T'es allée au toilette avec un masqué, s'exclama Chifuyu en essayant de ne pas parler trop fort. Quand ça ?!
   — Après le deuxième jeu. La nuit. Je suis allée le voir et je lui ai demandé d'aller au toilette. Au début il disait rien mais il a finit par me dire que les joueurs n'avaient pas le droit de sortir la nuit.
   — Un masqué t'as parlé ?!
   Senju hocha vivement la tête, alors que ses joues rosissaient légèrement. Elle se pencha vers l'oreille de Chifuyu et murmura :
   — Il avait une voix super douce.
   — Mais je croyais qu'il n'y avait que les carrés qui pouvaient nous parler. C'était un carré, demanda Chifuyu d'un air incrédule.
   Senju s'écarta et secoua la tête.
   — C'était un triangle. Tu sais les triangles c'est les seuls qui ont des armes, du coup il montait la garde. Et après comme je partais pas me coucher il m'a emmené au toilette.
   — Mais vous avez fait quoi au toilette ??
   — À la fin du deuxième jeu je me suis laissée tomber par terre sauf que je me suis blessée, expliqua Senju.
   La jeune femme leva son bras gauche et remonta sa manche de survêtement. Toute la partie de son coude était parfaitement bandée de papier toilette.
   — J'ai pas osé le dire à mon équipe, eux aussi étaient blessés, Rindo tenait à peine debout et Takeomi s'est fait mal à bras. Mais je saignais beaucoup et je perdais trop de sang pour faire comme si de rien était, du coup je suis allée nettoyer tout ça au toilette.
   Oh... Chifuyu soupira avec soulagement. Pendant un instant il avait vraiment cru que Senju allait lui dire qu'elle avait fait quelque chose d'autre avec un masqué. Il avait eu peur.
   — J'ai réussi à arrêter mon hémorragie mais il y avait du sang partout sur les lavabos, et il y avait du papier toilette taché de sang sur le sol. En voyant tout ça j'ai un peu craqué, ça m'a fait peur et je me suis mise à pleurer.
   Chifuyu regarda Senju avec compassion.
   — Tu ne supportes pas le jeu, comprit-il.
   — Non pas du tout. Devant les autres joueurs je ne montre rien parce qu'il vaut mieux paraître forte, mais c'est vraiment dur pour moi, dit Senju en baissant les yeux.
   Chifuyu hocha la tête.
   — Enfin bref... Faut garder la tête haute. Du coup les masqués...
   — Oui les masqués, répéta Chifuyu pour changer de sujet.
   — En me voyant pleurer le masqué n'a rien dit, il a nettoyé le lavabo et il a jeté à la poubelle tous les papiers au sol. Ensuite il m'a terminé mon bandage et il est partit m'attendre dehors, expliqua Senju.
   — Dis moi... ce masqué il n'avait pas une odeur particulière ? Une odeur douce et un peu sucré, comme la vanille ou le...
   — Le caramel ? Si ! Toi aussi t'as repéré ce masqué, s'exclama Senju avec émerveillement.
   Chifuyu ne put s'empêcher de sourire et hocha la tête. Et bien... Kazutora s'était bien gardé de lui dire qu'il avait encore aidé Senju. D'abord il la protégeait du garçon à la mèche blonde, maintenant il l'aidait à se soigner... Il y avait du favoritisme dis donc. Est-ce qu'il faisait ça avec beaucoup de joueurs ?
   — Quand on est allée au deuxième jeu, j'étais dans sa file, tout devant, raconta Senju avec excitation. Et il sentait trop bon.
   Chifuyu se retint d'éclater de rire.
   — Bon si ça se trouve c'est un vieux qui a vingt ans de plus, mais vu sa voix il a l'air jeune et je suis sûre qu'il est craquant.
   Si elle savait...
   — Je pense qu'il a notre âge environ, dit le jeune homme en prenant un air pensif. Essaye de le draguer, t'obtiendra peut-être des infos sur le jeu !
   — J'y ai pensé, s'exclama Senju en riant. Mais quand j'ai voulu m'approcher de lui il s'est écarté à dix mètres comme si j'avais la peste donc...
   — Ah dommage. Essaye avec un cercle, il sera peut-être plus réactif.
   — J'essaierai, dit Senju avec un clin d'œil.
Chifuyu sourit. Ça faisait du bien d'un peu plaisanter, de pouvoir se changer les idées...
— Je crois qu'il y a quelqu'un qui veut te parler, dit soudain Senju.
Chifuyu fronça les sourcils. Le regard de Senju était posé sur un point invisible derrière lui, alors le jeune homme se retourna et vit que Baji, qui était toujours assis contre le lit, le fixait avec un regard perçant.
— Il nous fixe comme ça depuis tout à l'heure, il fait trop peur, murmura Senju.
Chifuyu se mordit la lèvre pour ne pas exploser de rire.
— Je vais aller le voir, dit Chifuyu en se levant. Bonne chance avec les masqués et ton équipe.
— Merci. On se revoit sur les jeux.
Chifuyu hocha la tête. Il fit un dernier sourire à la jeune femme, content d'avoir put un peu lui parler, et rejoignit Baji. C'était vrai qu'avec un regard tel quel, il faisait peur...
— J'ai assassiné tous tes ancêtres ou quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça, demanda Chifuyu en haussant les sourcils.
— C'est qui elle ?
Le jeune homme s'arrêta devant son ami. Baji venait de lui parler comme s'il venait de le surprendre en train de le tromper alors qu'ils étaient en lune de miel. Chifuyu se sentait presque coupable.
— Une fille que je connais un peu. Je l'ai rencontré juste avant de te rencontrer et-
   — Tu veux quand même pas d'elle dans l'équipe ?!
   Chifuyu regarda autour de lui avec consternation. Il ne s'était jamais sentit aussi fautif pour quelque chose, alors qu'il n'avait rien fait !
   — T'es jaloux ou quoi ?
   Baji se leva pour faire face à Chifuyu.
   — Je te protège juste des mauvaises fréquentations, dit-il avec un haussement de sourcils. C'est mon rôle en tant qu'allié.
   — Je peux me protéger tout seul, dit Chifuyu d'un air vexé.
   Baji ria d'un air moqueur et passa son bras autour de Chifuyu pour l'attirer contre lui.
   — Non tu peux pas, t'as une tête de bébé qui attire toute les mauvaises personnes.
   — Ben je t'ai attiré toi visiblement donc tu es une mauvaise personne, répliqua Chifuyu d'un air malin.
   — Je suis l'exception qui confirme la règle.
   — C'est ce qu'ils disent tous.
   — Je suis vraiment l'exception ! En plus tu ne peux pas dire que je suis quelqu'un de mauvais car je te protège dès que je le peux.
   — C'est vrai, accorda Chifuyu.
   — T'es mon petit protégé, dit Baji sur le ton de la confidence.
   — J'avais remarqué, dit le jeune homme avec un petit sourire.
   — Dis que je suis aussi ton protégé, ordonna Baji.
   — T'inquiète pas t'es aussi mon chouchou, murmura Chifuyu avec amusement.
   Baji sourit avec satisfaction et serra le jeune homme dans ses bras.
   — Vous faites quoi, demanda Takemichi d'un air las.
   — Je lui fais une prise de catch mais ça se voit pas encore, inventa Baji.
   Chifuyu laissa un sourire en coin étirer ses lèvres. Il passa rapidement sa jambe entre celles de Baji et lui fit un croche patte avant qu'il ne puisse s'en rendre compte. Baji s'étala au pied de Chifuyu sans même comprendre ce qu'il lui arrivait.
   — C'est plutôt lui qui te fait une prise, lança Inui d'un ton sceptique.
Baji se releva vivement et attrapa la tête de Chifuyu pour l'étouffer contre son torse.
— J'ai toujours su que t'étais qu'un aryen qui méritait de se faire étrangler dans les règles de l'art, dit-il d'un ton menaçant.
— L'aryen il t'emmerde, répliqua Chifuyu en essayant de se défaire de l'étreinte de son ami.
— Bon ils vont se calmer les amoureux, lança Mitsuya en haussant un sourcil. Vous nous faites passer pour des clowns là.
— Oui, arrêtez de nous décrédibiliser devant les autres joueurs, soupira Inui.
   — Sanzu aussi il fait passer son équipe pour des clowns et personnes dit rien, répliqua Baji en tentant de mettre Chifuyu par terre.
   — Tu dis ça parce que t'as pas vu Rindo l'attraper par les cheveux pour l'engueuler tout à l'heure, dit Hakkai.
   — J'aurais adoré voir ça.
   — Excusez-nous, interpella soudain quelqu'un.
   Baji, qui tenait toujours Chifuyu contre son torse pour essayer de lui faire un croche-pied, s'immobilisa, tout comme le jeune homme, qui se cramponnait aux bras de Baji pour rester debout.
   Deux garçons se tenaient devant leur équipe, les numéros 216 et 3. Chifuyu grimaça légèrement en les reconnaissant.
   — Je m'appelle Kisaki, et lui c'est Hanma, présenta le plus petit des deux garçons. Vous avez l'air d'être une bonne équipe, on pourrait vous rejoindre ?
   Chifuyu échangea un regard avec son meilleur ami, qui se tenait près de lui. Visiblement, lui non plus ne voulait pas d'eux dans l'équipe. Hanma, c'était le garçon qui avait voulut frapper Senju, et Kisaki était celui qui avait retenu Chifuyu. C'était hors de question qu'ils viennent dans l'équipe.
   Surtout que s'ils cherchaient un groupe fort, ils n'avaient qu'à aller dans le groupe de Senju. Dedans il y avait Izana, les frères de Senju, le numéro 470, celui que Chifuyu ne connaissait pas, Rindo et son frère. Il n'y avait qu'à les regarder pour comprendre qu'ils étaient de dangereux adversaires.
   — Pourquoi vous n'allez pas avec le groupe d'Izana, lança alors Chifuyu d'un ton sec.
   — Ils n'acceptent pas d'autres joueurs. La plupart se connaissaient déjà dans le groupe, alors ils sont fermés aux nouveaux, expliqua calmement Kisaki.
   C'était donc ça. S'ils venaient vers eux c'était parce qu'ils s'étaient fait recalés chez Izana.
   — Tu sais d'autres choses sur ce groupe, demanda curieusement Mikey.
   — C'est possible.
   Mikey se tourna vers Chifuyu et les autres et les regarda longuement. Chifuyu eut un très mauvais pressentiment. Oh non... Mikey ne voulait tout de même pas d'eux dans l'équipe ?
   — On vous laisse une demi-heure pour réfléchir, déclara Hanma.
   Il se détourna d'eux et Kisaki et lui s'éloignèrent pour partir s'assoir dans un lit, à l'autre bout du dortoir. Chifuyu se détacha sèchement de Baji, qui le tenait toujours, et vint se planter devant Mikey.
   — Je veux pas d'eux dans l'équipe, je ne leur fais pas confiance et c'est sûr qu'ils n'hésiteront pas à s'en prendre à ceux qui s'opposent à eux, dit-il d'un ton catégorique.
   — Moi non plus je ne veux pas d'eux, dit Takemichi en s'avançant près de Chifuyu. Pendant Un, deux, trois, soleil, Kisaki m'a poussé au sol volontairement, parce que je lui barrais le passage.
   — Oui, et le premier jour, Hanma était près à s'en prendre à une fille juste pour la faire taire, rappela Hinata en croisant les bras sur sa poitrine.
   — Bien. Et les autres, vous en pensez quoi, demanda Mikey.
   — Personnellement, je n'ai pas fait attention à eux depuis le début du jeu, dit Hakkai en se levant du lit. Ça ne me surprend pas que — comment il s'appelle déjà ? — ah oui, Hanma. Il ne doit pas être le seul à être prêt à frapper les autres pour faire régner sa loi. Tout le monde doit être comme ça ici, frapper un mec ou une fille ça change rien. En tout cas, ça ne me dérange pas s'ils nous rejoignent.
   — Ça fait trois contre un, dit alors Mikey.
   — Je veux bien d'eux, dit Draken d'un air pensif. Ils peuvent être utiles. Au pire on les virera s'ils nous causent des problèmes.
   — Je suis d'accord avec toi, dit Inui.
   — Trois contre trois. Baji ? Mitsuya ? Emma ?
   — Je m'en fiche moi, dit Emma. Je les veux bien. 
   — Je les veux bien, ils sont restés très calme sur le deuxième jeu, ça pourrait être pratique d'avoir des personnes qui peuvent garder la tête froide en situation de crise, dit Mitsuya.
   — Et ben moi j'en veux pas. Ils se sont à peine présentés, on ne sait même pas à quoi ils sont bons. Ça se voit qu'ils nous prennent de haut, et je ne supporte pas les gens comme ça, déclara Baji d'un ton hautain.
   — Ça fait quatre contre cinq, récapitula Chifuyu.
   Le jeune homme lança un regard perçant à Mikey. Il ne restait plus que son avis à avoir. Chifuyu le sentait vraiment mal.
   — Ils nous seraient utiles, dit alors Mikey.
   Chifuyu rejeta la tête en arrière. Ça faisait six contre quatre, Kisaki et Hanma allaient rejoindre leur équipe. Et voilà, encore de nouveaux alliés que Chifuyu allait devoir gérer.
Non, c'était trop. Le jeune homme ne pouvait pas accepter que Kisaki et Hanma rejoignent leur équipe. Il avait accepté de s'allier avec Emma, Mikey et Draken pour Baji, il avait accepté Hinata pour Takemichi, tout ça pour protéger ceux à qui il tenait. Il avait accepté Inui, Mitsuya et même Hakkai, mais là c'était trop.
Le jeune homme avait un très mauvais sentiment rien qu'en regardant Kisaki et Hanma, rien qu'en voyant leur visage. Ils ne cherchaient pas une équipe pour l'entraide. Ils cherchaient des personnes pour assurer leur arrière, découvrir leur point faible et ensuite s'en débarrasser au moment propice. Les prendre dans l'équipe ruinerait tous les efforts que Chifuyu faisait pour protéger son groupe. Il était hors de question qu'il laisse Mikey faire.
— Je refuse qu'ils intègrent l'équipe, déclara fermement Chifuyu.
— Peu importe, lança Mikey. On a voté et Kisaki et Hanma vont rejoindre l'équipe.
— Ce sont des opportunistes, tu ne peux pas les laisser nous rejoindre, s'exclama Chifuyu en serrant les points avec frustration.
— On est tous des opportunistes, répliqua Mikey. Je te rappelle qu'on cherche tous la meilleure équipe pour aller le plus loin possible et gagner l'argent.
— Mais eux vont se retourner contre nous dès qu'ils le pourront, on ne peut pas leur faire confiance, dit Chifuyu.
— Bon écoute, tu les connais pas alors c'est quoi ton problème avec eux ? Je te signale Chifuyu que tu ne veux de personne. D'abord tu ne voulais pas de nous, ensuite tu ne voulais pas de Hakkai, maintenant c'est Kisaki et Hanma, énuméra Mikey avec agacement. Tu es fermé à tout et à par nous prendre la tête ça ne sert à rien.
Chifuyu serra les dents avec colère. Mikey osait vraiment lui balancer ça comme ça, alors qu'il se pliait en quatre pour protéger tout le monde ?
— Si tu ne veux pas de Kisaki et d'Hanma dans l'équipe, tu es libre de partir, ajouta Mikey.
— Je te retourne ça. Si tu veux faire équipe avec eux deux tu es libre de partir, répliqua Chifuyu.
— Bon, allez on ne va pas se disputer pour ça, intervint Takemichi pour essayer de calmer les choses. On prends Kisaki et Hanma avec nous et on voit ce que ça donne, si-
— Et puis d'ailleurs, pourquoi est-ce que c'est toi qui décide, coupa Chifuyu sans prêter attention à son meilleur ami. Personne ne t'a nommé le chef, alors qu'est-ce qui te permet de prendre ces décisions ?
— Tu veux peut-être le faire ? Vas-y je t'en prie, je tiens juste à rappeler que moi, contrairement à toi, je suis capable de rester calme. Non parce que toi tu aurais eu le temps de mourir dix fois sur les deux jeux qu'on a fait, parce que dès qu'il y a un problème, tu te mets à paniquer et t'es incapable de gérer la situation, débita Mikey à toute vitesse. Si Baji n'avait pas été avec toi à Un, deux, trois, soleil, tu serais mort fusillé et c'est pareil pour le chat perché. Alors à partir du moment où tu te jettes dans le vide parce que t'es pas capable de trouver une solution en réfléchissant calmement, je pense qu'il vaudrait mieux que tu la fermes et que tu te contente de suivre le groupe plutôt que de venir me faire chier avec tes remarques inutiles.
Chifuyu ne réussit pas à répondre face à ce violent discours. Mikey ne l'avait pas épargné, il avait dit tout ça sans un bégaiement, avec un regard meurtrier qui fit glacer son sang. Mais le pire était qu'il n'avait raison. Le jeune homme perdait facilement pied, lorsque les choses tournaient mal il n'arrivait plus à réfléchir et se mettait à paniquer. C'était vrai qu'il serait mort dix fois à chaque jeu si Baji n'avait pas été là pour le protéger et le ramener sur terre.
Mais Chifuyu était toujours en vie, et il allait se battre pour tous les protéger, pour protéger Takemichi et Baji, et si Mikey continuait de vouloir à tout prix intégrer Kisaki et Hanma dans l'équipe, il deviendrait un obstacle pour lui. Et Chifuyu refusait qu'on mette en danger ses protégés.
— Donc t'en a rien à faire de tes amis, dit-il lentement.
Chifuyu serra un peu plus ses poings, enfonçant ses ongles dans sa peau, et regarda Mikey avec froideur.
— T'es prêt à accueillir des mecs qui peuvent les tuer à tout moment ? Faut vraiment être naïf pour pas comprendre qu'ils sont pas là pour faire ami-ami avec nous mais plutôt pour nous buter quand ils le pourront. Tu veux que Baji et Emma crèvent par ta faute ?
— Tu pourrais très bien essayer de nous tuer quand tu le peux toi aussi, dit Mikey d'un air glacial.
Chifuyu saisit le col de Mikey sans réfléchir et le tira d'un coup sec devant lui, à quelques centimètres de son visage.
— Écoute moi bien Mikey, dit-il d'une voix basse et menaçante. Que tu meures j'en ai absolument rien à faire, et c'est pareil pour les autres. Mais tu vois je me creuse tous les jours la tête juste pour trouver comment bien agir dans le jeu, parce qu'aucun de vous n'est foutu de se servir de son cerveau et que c'est à moi de tout faire depuis le début. Je serais peut-être mort mais toi aussi tu le serrais parce que sans mes conseils tu te serais déjà pris une balle en pleine tête en faisant quelque chose de stupide. Si tu veux mourir c'est pas mon problème, mais si tu mets Baji et Takemichi en danger parce que t'es pas assez intelligent pour faire la différence entre le bons et les mauvais alliés, je ne te laisserais pas faire c'est clair ?
Mikey ne répondit pas. Chifuyu resserra sa prise sur son t-shirt, son regard turquoise encré dans celui noir de Mikey. Ses yeux ne cillaient pas, ils fusillaient les iris sombres de son allié sans un battement de paupière, alors qu'une tension électrique brûlait l'infime espace entre les deux jeunes hommes.
— Vous trouvez ça intelligent de vous disputer maintenant, intervint calmement Mitsuya. Chifuyu lâche Mikey et reprenez vous pour qu'on parle de tout ça tous ensemble.
Ni Chifuyu, ni Mikey ne bougèrent. Chifuyu refusait de changer d'avis, il s'était promis de protéger les personnes à qui il tenait jusqu'au bout, et ce n'était certainement pas Mikey qui allait lui faire obstacle. Il était peut-être plus fort que lui, mais Chifuyu n'en avait rien à faire et il se battrait avec quiconque touchait à ses protégés.
— C'est bon arrêtez, dit Baji avec agacement.
Il sépara sèchement Chifuyu de Mikey et le tira vers lui pour l'éloigner de son ami, alors que Draken tirait Mikey en arrière pour mettre de la distance entre les deux garçons.
— Connard, marmonna Mikey.
— Pardon, s'exclama Chifuyu en tentant de foncer vers lui.
— Chifuyu c'est bon arrête, dit Takemichi en le retenant pas le bras.
— Non c'est pas bon, t'as dit quoi Mikey ?!
Mikey souffla en levant les yeux au ciel, et se tourna vers Chifuyu.
— J'ai dit que t'étais un connard, répéta-t-il à voix haute. Baji tu l'as trouvé où sérieusement ?
— Je vais te démarrer, dit Chifuyu avec colère.
— Mais viens j'attends que ça, répliqua Mikey en fonçant vers lui.
Chifuyu n'eut pas le temps de se dégager de l'éreinte de Takemichi sur son bras que Mikey se tenait déjà devant lui. Mikey lui lança un regard noir, avant de subitement lever sa jambe et frapper violemment la tête de Chifuyu avec son pied. Le corps du jeune homme se fit brutalement plaquer contre le sol, sa tête frappant douloureusement le sol, produisant un horrible bruit de résonance dans son cerveau.
— Ça va pas, s'écria Takemichi avec horreur.
— Mikey on est une équipe, tu ne peux pas le frapper comme ça, s'exclama Emma.
— Mais t'es un malade, dit Hinata en poussant Mikey pour l'écarter.
— Qu'est-ce qui te prend, dit Baji avec colère. Chifuyu ça va ?
Chifuyu sentait toute son âme vibrer dans son corps tellement le coup que lui avait asséné Mikey était puissant. Il avait un goût métallique dans la bouche, et sentait quelque chose de chaud, du sang, qui coulait dans ses cheveux. Le jeune homme referma ses poings sur le sol et se redressa avec difficulté, les bras tremblant.
Tous les regards étaient braqués sur lui, mêmes les autres candidats le regardaient. La rumeur des conversations s'était évaporée, un silence de mort régnait dans le dortoir, si bien que Chifuyu avait l'impression que le bruit de sa respiration sifflante était amplifiée par des micros.
— Si tu veux me frapper fais-le, murmura Chifuyu en baissant la tête avec honte. Encaisser tes coups ne me dérange pas. Je veux juste protéger mon meilleur ami et Baji, et si pour ça je dois m'opposer à toi et me faire frapper, ce n'est pas un problème. Je suis peut-être faible, je me perds facilement et lorsque les choses me dépassent je m'écroule totalement.
Chifuyu grimaça et se força à relever la tête.
— Mais je protègerais ceux pour qui j'ai choisit de me battre ! Et je te protègerai aussi, parce que t'es important pour Baji alors je dois aussi t'éloigner des personnes dangereuses !
Chifuyu se releva difficilement, sa tête tournait légèrement et une impression de vertige le prenait. Mais il n'y prêta pas attention et se tint droit devant Mikey.
— Alors si tu veux me frapper fais-le ! Mais je te laisserais pas ruiner mes efforts et l'empêcher de vous garder tous en vie en intégrant n'importe qui à l'équipe ! J'ai pas peur d'avoir mal, alors vas-y ! Je vous protègerais tous quoi qu'il arrive !

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Sanzu et Rindo ces icônes 😩 désolée mais je les aime beaucoup trop.
Bon, il faut que je vous le dise, j'ai du mal avec Mikey dans cette fic, voilà c'est dit. Il a un sérieux problème avec Chifuyu et moi ça m'énerve (oui c'est moi qui est eu l'idée de faire ça, et après ?!).
Bon j'espère que ce chapitre vous a plus !

Squid Game - Le fil rouge Donde viven las historias. Descúbrelo ahora