Un mystérieux système

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Pour la première fois depuis qu'il était ici, Chifuyu ne fut pas réveillé par l'horrible musique classique qui résonnait dans les enceintes chaque matin. Il n'entendit pas ce son strident et resta plonger dans le sommeil encore longtemps après que les autres joueurs se soient levés, jusqu'à ce que des caresses dans ses cheveux le tire du sommeil.
Le jeune homme ouvrit lentement les yeux, émergent difficilement à la réalité, et mis du temps à comprendre où est-ce qu'il se trouvait. La vision du dortoir qu'il avait d'ici n'était pas la même que d'habitude, son corps était blottit contre un corps, sa tête reposait sur un torse et une main se baladait dans ses cheveux.
   Chifuyu se rappela alors qu'il n'avait pas dormi dans son lit, mais dans celui de Baji. Le jeune homme leva les yeux vers son coéquipier et remarqua que lui aussi était réveillé.
   — Tu dois être épuisé pour réussir à dormir aussi longtemps, dit Baji en guise de bonjour.
   — Hmm...
— Ça va pas toi.
— Si... je suis juste fatigué.
   — Qu'est-ce qu'il t'arrive, demanda Baji avec inquiétude. Ne t'en fais pas pour le prochain jeu, je suis sûr que tout va bien se-
   — Baji, tu penses quoi d'Inui, coupa Chifuyu en posant sa main sur le torse de son ami pour se ronger les ongles.
   — Inui ? C'est qui ?
   Chifuyu leva les yeux sans comprendre vers lui.
   — Inui, il est dans notre équipe.
   — Je retiens pas les personnes sans importance.
   — Mais Baji, il est dans notre équipe !
   — Mais il y a trop de monde dans notre équipe pour que je les retienne tous, se défendit Baji. Il y a Mikey et Emma, Draken, qui est proche d'eux, il y a toi évidemment, Takemichi, qui est ton meilleur ami. Il y a aussi Hinata, qui traîne toujours avec Takemichi, et Kisaki. Les autres je ne sais plus leur nom.
   Chifuyu soupira, Baji était consternant. Comment pouvait-on oublier les personnes aussi facilement ? Et puis comment se faisait-il que Baji ne l'avait pas oublié lui d'ailleurs ?
   — Bon... Inui c'est le blond aux yeux bleus.
   — Ah oui, je vois qui c'est.
   — Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
   — Qu'il est inutile, dit Baji avec indifférence. Il ne parle pas beaucoup et je ne sais pas de quoi il est capable. C'est pas à lui que je confierais ma vie et encore moins la tienne.
Baji força Chifuyu à s'enlever de son torse, pour pouvoir se redresser sur son coude et le regarder avec interrogation.
— Pourquoi tu me demandes ça, demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Chifuyu ne répondit pas tout de suite. Il avait terriblement envie de tout raconter à Baji, mais il ne pouvait pas lui dire que Kazutora était ici, et si jamais on l'entendait, grâce aux caméras, ils se feraient tous tuer. Mieux valait ne rien dire, et puis Baji devait rester concentrer sur son jeu, il ne devait pas être inquiet. Chifuyu préférait ne pas partager ses angoisses avec son coéquipier, et plutôt tout garder pour lui, pour ne pas le stresser inutilement.
— Pour rien, finit-il par dire en faisant un sourire rassurant.
— Il s'est passé quelque chose cette nuit ?
— Non rien.
— Je sais que tu me mens, ça se voit. Inui t'as fait quelque chose ? Pourquoi tu es venu me voir ?
Chifuyu détourna les yeux.
— Ne me pose pas de question s'il te plaît, murmura-t-il.
— Chifuyu, tu sais que tu peux me parler, dit Baji en se penchant au-dessus de lui.
— Oui je sais...
— Et tu sais que tu peux aussi venir dans mon lit sans me demander la permission, ajouta son coéquipier en s'arrêtant près de son visage.
— Me dis pas ça, sinon je viendrais tout le temps avec toi.
— D'ailleurs j'espère que t'es prêt à dormir avec moi ce soir, dit Baji avec un léger sourire. Tu m'as promit qu'on resterait ensemble cette nuit si on passait tous les deux le troisième jeu.
   — Oui je m'en souviens, mais tu sais, tu n'es pas obligé de te mettre aussi proche de moi pour me parler.
   — Ça te dérange ?
   — Non pas du tout, mais t'as oublié qu'on était sensé garder une certaine distance devant les autres, rappela Chifuyu en haussant un sourcil avec provocation.
— Je m'en fou de cette stupide règle de distance. On va peut-être mourir dans quelques heures, ça serait bête qu'on ait rien fait ensemble, répliqua Baji en glissant sa cuisse entre les jambes de Chifuyu.
Le jeune homme rougit vivement face à cette provocation. Baji avait le don de le faire passer par tous les états possible, c'était incroyable. Il s'était réveillé en étant angoissé pour le prochain jeu, et voilà que Baji essayait de le provoquer. Rien n'allait.
Mais le pire était qu'il avait raison. Ce serait dommage que Chifuyu meurt avant qu'il ne se soit passé quelque chose entre eux...
Le jeune homme laissa un sourire joueur se dessiner sur son visage et enroula autour de son doigt une mèche de cheveux de Baji, qui tombait sur son visage.
— C'est vrai que ça serait bête, dit-il doucement.
   — Alors autant y remédier tout de suite.
   Baji approcha ses lèvres des siennes, Chifuyu le laissa faire et leva sa main pour la poser sur son torse. Le jeune homme sourit avec amusement et évita le baiser de Baji au dernier moment, l'obligeant à poser ses lèvres sur sa joue.
   Chifuyu sourit un peu plus en entendant le grognement de frustration de Baji, et fit glisser sa main dans ses cheveux.
   — Tu joues avec mes nerfs Chifuyu, dit Baji dans un murmure.
— Ça ne serait pas drôle si tu avais facilement ce que tu voulais, répondit le jeune homme en caressant ses cheveux.
Baji remonta sa cuisse contre ses jambes et fit glisser sa bouche près de son oreille.
— Je ne crois pas que tu réussisses encore longtemps à me repousser, dit-il d'une voix grave.
Sa voix glissait comme un murmure aux oreilles de Chifuyu, comme une caresse sensuelle qui faisait naître une agréable sensation de chaleur au creux du ventre du jeune homme. Ses lèvres descendirent avec lenteur sur son cou, parcourant sa peau dans un frôlement chaud, presque imperceptible. De l'électricité grésillait entre la peau de Chifuyu qui se réchauffait, et les lèvres brûlantes de Baji, leur rencontre provoquait presque une décharge électrique.
Chifuyu ferma les yeux, et laissa ses autres sens prendre le relais, alors que Baji pressait ses lèvres au creux de son cou. Le jeune homme se rendit rapidement compte que la main droite de son coéquipier avait trouvé son chemin sous ses vêtements, qu'elle parcourait allègrement son corps, et il laissa un soupire de soulagement s'échapper de sa bouche.
Effectivement, dans ces conditions, Chifuyu n'allait pas réussir à le repousser encore longtemps...
Le jeune homme laissa son corps se cambrer contre le torse de Baji, avant d'entrouvrir les yeux et de s'accrocher à ses épaules. Baji avait commencé à frotter sa cuisse contre lui et à faire onduler son bassin sur lui, ce qui ne faisait qu'augmenter en flèche la température de leur corps.
Son souffle brûlant caressait son cou, il sentait sa bouche toute près de sa peau, elle la frôlait dans de léger frottement.
— Chifuyu, susurra Baji à son oreille. Tu ne devrais pas te laisser faire... tu joues avec le feu là.
— Je m'en fiche continue, murmura Chifuyu sans pouvoir se retenir.
— Arrête tu m'excites encore plus, dit Baji en gémissant de frustration. Déjà que t'es naturellement excitant...
— C'est ce que tu dis à tes conquêtes pour les amener dans ton lit, demanda Chifuyu à voix basse.
— Non, personne n'est aussi excitant que toi, dit Baji en soulevant le t-shirt du jeune homme pour embrasser son ventre.
Il remonta lentement jusqu'à sa poitrine, en mordillant légèrement sa peau, et écarta un peu plus ses jambes.
   Mais Chifuyu vit soudain une forme familière au loin, deux têtes blondes se détacher des participants qui étaient regroupés au centre du dortoir pour déjeuner, et s'avancer entre les rangées des lits.
   — Putain Baji arrête toi, y'a Mikey et Draken qui viennent vers nous, dit précipitamment Chifuyu en essayant de repousser Baji.
   — Hmm ?
   — Y'a Mikey et Draken qui arrivent !
Baji se redressa immédiatement, et se retira si vite de Chifuyu qu'il tomba du lit et s'étala sur le sol du dortoir.
— Ça va, s'exclama Chifuyu en se redressant à son tour.
— Oh merde..., dit Baji en se massant le dos.
— Pourquoi t'es par terre, demanda Mikey en arrivant près d'eux.
— Je suis tombé, je ne me mets pas volontairement par terre, répondit Baji avec agacement.
— Qu'est-ce qui vous arrive, demanda Draken d'un ton suspicieux.
— Rien du tout, dire Baji et Chifuyu d'une même voix.
— Ok... et pourquoi vos joues sont rouges alors ?
— Mêle toi de ce qui te regarde, dit Baji en se relevant avec agacement.
— Vous faisiez quoi tout les deux, demanda de nouveau Mikey.
— Et vous vous faites quoi quand vous êtes tous les deux, répliqua Baji.
— Hein ?
— De quoi tu parles, demanda Draken en rougissant légèrement.
— Viens Chi' on s'en va, dit Baji sans prendre la peine de lui répondre.
Baji lui tendit la main et Chifuyu s'en empara aussitôt. Il sortit du lit et passa devant Mikey avec gêne, avant de laisser Baji l'entraîner loin de lui.
— Ils ont rien vu t'en fais pas, rassura Chifuyu en jetant un coup d'œil à Mikey qui s'était mis à les suivre de loin.
— Heureusement que tu les as vu arriver, ça aurait été vraiment gênant sinon, dit Baji, mal à l'aise.
— La prochaine fois on fera plus attention.
— On ira dans les toilettes, ce sera plus simple.
— Tu as raison.
Baji et Chifuyu s'arrêtèrent en même temps et se dévisagèrent avec surprise. Chifuyu avait naturellement pensé qu'il y aurait une prochaine fois, mais visiblement Baji aussi y avait pensé.
   Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire en constatant que pour Baji aussi ça semblait logique que leur relation continue comme ça.
   Son coéquipier sourit à son tour et laissa un petit rire lui échapper.
   — J'aurais vraiment dû te rencontrer plutôt à la gare, dit-il en secouant la tête.
   — Dans une autre vie, dit Chifuyu en haussant les épaules.
   Il serra un peu plus la main de Baji dans la sienne et le tira derrière lui pour l'entraîner vers les tables installées par les masqués pour distribuer le petit déjeuner. Leurs coéquipiers avaient déjà tous récupérés leur petit déjeuné et s'étaient rassemblés sur le côté du dortoir. Baji et Chifuyu partirent donc prendre leur petit déjeuné, alors que Mikey et Draken rejoignaient leur équipe.
— Dis, tu sais quelque chose sur Draken et Mikey, demanda soudainement Chifuyu. Draken a rougit quand tu lui as demandé ce qu'il faisait quand il était seul avec Mikey.
   — Hmm ? Non je sais rien, j'ai juste vu qu'ils étaient assez proche donc j'ai dit ça pour les déstabiliser, je pensais pas que ça marcherait. Peut-être que Mikey plait à Draken, je ne sais pas.
   Chifuyu acquiesça et n'ajoute rien.
   Une bouteille d'eau gazeuse et une pomme, c'était tout ce qu'on leur donnait. Et bien, les masqués feraient mieux d'investir dans leur réserve de nourriture, c'était bien de remplir une tirelire de billet, mais c'était mieux d'utiliser ces billets pour acheter de la nourriture et nourrir les candidats.
   — Tu penses qu'eux ils mangent la même chose que nous, demanda curieusement Baji, alors qu'un masqué lui tendait une bouteille d'eau gazeuse et une pomme rouge.
   — Ils doivent sûrement être mieux nourrit, supposa Chifuyu.
   — Ça serait drôle qu'ils mangent la même chose que nous et qu'ils doivent le faire ici, on pourrait voir leur visage. J'ai l'impression qu'il n'y a que des hommes dedans, tu penses qu'ils ont notre âge ?
   — Ça dépend sûrement.
   Chifuyu se dépêcha de rejoindre son équipe, pour mettre fin à sa discussion sur les hommes roses, et partit s'assoir à côté de Takemichi, qui s'était installé à même le sol, dos contre le mur.
   — Vous tombez bien, dit Hinata en les voyant arriver. On était en train d'établir une liste des joueurs dont il fallait se méfier.
   — Une liste, répéta Chifuyu.
   — Oui, on commence à connaître un peu les autres joueurs et grâce aux informations de Kisaki et Hanma, on en sait plus sur nos adversaires, expliqua Mitsuya.
   Ah oui... Kisaki et ses incroyables informations. Évidemment.
   — Pour l'instant, on suppose que c'est Izana le plus fort ici, déclara Hakkai. Il est agile, rapide, malin et possède une grande force. Je ne pense pas qu'il ait un grand sens de l'équipe en plus de ça, donc ce n'est pas le genre de personne qui va se mettre en danger pour protéger son allié.
   — Enfin, ça c'est avec les autres, intervint Draken en s'adossant contre un mur. Son seul point faible, c'est le joueur 470. Il s'appelle Kakucho, et il devait déjà connaître Izana avant le jeu car ils sont vraiment très proches.
   — Les deux ont l'air de diriger le groupe, mais c'est évident que c'est Izana le chef, dit Hanma.
— Et les autres, ils servent à quoi, demanda Emma.
— Je ne sais pas... Ils n'ont peut-être pas de rôle particulier.
   — Donc il faut mettre Izana hors d'état de nuire pour affaiblir tout le groupe, comprit Takemichi.
   — Non justement, dit Kisaki. Le problème avec ce groupe est qu'il ne se repose pas sur Izana. Ce n'est pas comme nous. De ce que j'ai pu voir, jusque là vous vous êtes tous reposés sur l'intelligence de Chifuyu pour vous en sortir pendant les jeux, et s'il venait à mourir, vous seriez clairement perdu sans lui. Alors que dans le groupe d'Izana, chacun peut se débrouiller seul.
   Kisaki tourna la tête vers le groupe en question et toute l'équipe l'imita. Izana et ses coéquipiers étaient à l'opposé du dortoir. Izana était assis sur un lit, derrière lui Kakucho lui massait les épaules, et il regardait avec indifférence Sanzu et Rindo se chamailler. À côté, le frère de Rindo et le frère de Senju s'échangeaient des regards las, sûrement épuisés de l'attitude de leurs petits frères. Et enfin, Senju se tenait légèrement à l'écart, le yeux perdu sur la tirelire dorée qui brillait au-dessus du dortoir.
   — Ils sont tous forts dans cette équipe, reprit Kisaki. Si Izana meurt, ça ne les impactera pas car ils peuvent se débrouiller seul. Ils ne se sont pas alliés pour l'esprit d'équipe, ils ne doivent pas avoir grand chose à faire les uns des autres, ils veulent juste avancer avec les plus forts. C'est un point fort en quelques sortes.
   — Tu dois avoir raison, dit Mitsuya. La perte d'un des membres de cette équipe n'aura sûrement pas un impact sur tout le monde. Si Izana meurt, ça ne touchera probablement que Kakucho. Et par exemple, si on tue Senju, qui est-ce que ça impactera ? Sûrement personne ici. Nous ce n'est pas pareil, on est plus soudés. On est plus faible qu'eux sur ce point là.
   — Ce genre d'équipe est redoutable pour nous, accorda Chifuyu. Mais il y a une chose que vous ne prenez pas en compte. À un moment, quand on ne sera plus beaucoup, on va devoir se séparer, et eux seront les premiers à se retourner les uns contre les autres. Ça ne m'étonnerait pas qu'Izana se fasse tuer par quelqu'un de son équipe.
— Pourquoi vous parlez de s'entretuer, soupira Emma en prenant sa tête dans ses mains. On a pas le droit de se faire du mal, le premier jour, Hanma n'a pas eu le droit de frapper une joueuse parce qu'un masqué s'est interposé. Si Hanma avait levé une fois de plus la main sur elle, il se serait immédiatement fait tuer.
— Taiju a poussé Yuzuha, ma sœur, de la barre sur laquelle on était et les masqués ne l'en ont pas empêchés, répliqua froidement Hakkai. On a le droit de s'entretuer, il y a juste sûrement un moment pour le faire.
— Honnêtement, je ne pense pas qu'il faille se fier à l'attitude des masqués, intervint calmement Inui. On ne sait rien sur eux, ni sur les règles qu'ils doivent suivre. Peut-être que le masqué dont tu parles a protégé cette joueuse parce qu'on lui a dit de le faire, peut-être qu'il l'a fait parce qu'il a des principes et qu'un homme n'est pas sensé frapper une femme ou peut-être juste qu'il a apprécié cette fille. On en sait rien, et ça ne nous avancerait à rien de le savoir. Votre débat est inutile.
Chifuyu regarda longuement Inui mais garda le silence. Évidemment, c'était facile pour lui de dire ça. Il savait beaucoup plus de choses que les autres sur le jeu, peut-être même plus que Chifuyu.
— Je pense qu'au contraire, c'est intéressant de chercher à comprendre le système du jeu dans lequel nous nous trouvons, dit Mitsuya d'une voix posée. Vous ne l'avez peut-être pas remarqué, mais l'un des principes fondamentals du jeu est l'égalité, on porte tous les mêmes vêtements, on dort dans les mêmes lits, on mange la même chose, on fait les mêmes jeux. Aucun de nous n'est avantagé par rapport à un autre, nous subissons tous le même traitement. Après le premier jeu, une joueuse a voulu s'exprimer et elle en avait le droit. On est en démocratie et donc nous sommes libre de dire ce que l'on pense. C'est pour ça qu'un masqué a protégé cette fille de Hanma. Ce n'est pas une question de principe ou d'affection, c'est juste une question de règle, il n'y a pas à chercher plus loin.
Tout le monde acquiesça en silence. Chifuyu était d'accord avec Mitsuya, il avait totalement raison, c'était visiblement le seul ici à avoir réfléchi au fonctionnement du jeu.
— Moi je ne suis pas totalement d'accord, intervint Draken.
— Ah bon ?
— Pourquoi est-ce que c'est ce masqué qui est interposé et pas un autre, demanda Draken avec lenteur. Aucun masqué n'a réagit quand la fille s'est faite frapper. Ils sont tous restés immobiles et il n'y en a qu'un seul qui a bougé. Pourquoi lui et pas un autre ?
— On lui a peut-être dit de le faire, dit Mikey.
— Ouais ou alors il connaissait la fille et voulait l'aider. Qu'est-ce qui nous dit qu'il ne va pas de nouveau l'aider ? Rien.
— Où tu veux en venir, demanda Baji sans comprendre.
— Les masqués peuvent très bien choisir des joueurs à protéger. Et puis ils ont une vie eux aussi, ils peuvent très bien connaître certains participants. Ce que je veux dire c'est qu'on est clairement pas tous à égalité. Regardez quand Mikey a frappé Chifuyu, les masqués n'ont rien fait ! Il y a forcément des joueurs qui sont aidés et qui sont plus avantagés que nous donc on a moins de chances de survie qu'eux, conclut Draken en haussant les sourcils.
C'était vrai que vu comme ça... Draken n'avait pas tord malheureusement.
— Et toi Chifuyu, qu'est-ce que tu en penses, demanda Takemichi.
— Vous avez parlé de beaucoup de chose, soupira Chifuyu. Mais globalement je suis plutôt d'accord. On a sûrement le droit de s'entretuer sur les jeux, en dehors je n'en sais rien. C'est possible que les masqués n'interviennent pas si on se bat dans le dortoir, tant que ça n'impacte pas énormément la suite du jeu. Dans tous les cas, on devra forcément se battre ensemble à un moment, ça me semble logique. Comme l'a dit Hanma hier, c'est possible que certains joueurs s'en prennent à d'autres joueurs parce qu'ils sont trop forts.
— Mais donc ça veut dire qu'on est en danger même ici, comprit Hinata.
— Oui, il faut rester sur ses gardes. Et se faire confiance...
Chifuyu s'interrompît en voyant Mikey se lever avec détermination, les points serrés.
— Moi je peux vous protéger. Personne ici ne m'arrive à la cheville, même pas Izana, dit-il d'un air assuré.
— C'est plutôt toi qui ne lui arrive pas à la cheville vu ta taille, marmonna Baji d'un ton moqueur.
— Ah oui ?! Très bien, viens te battre avec moi si t'es un homme, dit Mikey en sautant sur place pour se préparer à se bagarrer.
Baji se leva immédiatement, sous les regards désespérés de ses coéquipiers. Ils n'allaient quand même pas réellement se battre n'est-ce pas ?
— Les mecs c'est pas le moment, dit Draken en haussant un sourcil. Vous allez vous faire mal pour rien c'est ridicule.
— C'est gentil de t'inquiéter pour moi Kennychou mais il n'y a que Baji qui va se faire mal, dit Mikey d'un ton provocateur.
— Pfff parle pour toi, s'exclama Baji.
— Tu viens de m'appeler comment ?
— Hein ? Ah Kennychou pourquoi ?
— Je m'appelle Dra-
— Kennychou, coupa Mikey. C'est ce que j'ai dit.
— ... Mais c'est ridicule comme surnom, dit Draken d'un air blasé.
— Mais ça te va bien.
— Ça le décrédibilise plus qu'autre chose, fit remarquer Emma.
— En plus ça ne va pas avec sa tête, ajouta Hakkai.
— Ça ne va pas avec lui tout court, corrigea Mitsuya.
— Si parce que c'est un chou.
— À la crème, demanda Baji avec sérieux.
Chifuyu pouffa de rire en même temps que son meilleur ami, et Mikey fusilla du regard Baji.
— Non, c'est pas un chou à la crème, mais il est chou, pas comme toi qui est méchant, dit Mikey en plissant les yeux. Je donne des surnoms à qui je veux. Kennychou, Takemichou, Seichou, et toi t'en a pas parce que t'es tout sauf chou.
Mikey avait vraiment vingt-sept ans ? La plupart du temps, Chifuyu le trouvait plutôt calme et sérieux, mais en fait, il était vraiment un enfant, c'était donc ça sa vraie personnalité...
— Mikey, c'est ridicule de donner des surnoms aux gens, dit Baji.
— C'est affectif. Mais toi je ne t'aime pas donc tu n'en as pas et tu es jaloux.
— C'est pas ridicule, c'est stupide. C'est aux bébés qu'on donne des surnoms.
   — Donc Chifuyu c'est un bébé, demanda Mikey en levant un sourcil inquisiteur.
   — Hein ?
   — Tout à l'heure tu l'as appelé « Chi' ». Mais les surnoms c'est pour les bébés donc c'est un... non pardon, c'est ton bébé, question Mikey d'un air malicieux.
   Baji resta incrédule un instant avant de sourire fièrement.
   — Ouais carrément. Et toi, Draken c'est ton petit chou ou quoi ?
   Draken enfoui sa tête dans ses mains, sûrement horriblement gêné, ou peut-être juste désespéré de l'équipe dans laquelle il était tombé, alors que Chifuyu souriait doucement, heureux de la réponse de Baji.
   — Vous avez quel âge, demanda Kisaki d'un air halluciné.
   — Sûrement pas le même que nous, soupira Hanma.
   Une musique classique retentit soudainement, attirant aussitôt l'attention des joueurs.
   — Le troisième jeu va bientôt commencer, déclara la voix féminine dans les enceintes du dortoir. Tous les joueurs qui ont finit de manger doivent suivre les indications de notre personnel, et se diriger maintenant vers la salle de jeu.
Comme d'habitude, la voix se mit à répéter, et Chifuyu se leva en même temps que son équipe. Ils se rangèrent en silence derrière un des hommes roses qui s'étaient avancés dans le dortoir, et attendirent quelques minutes avant de sortir du dortoir.
— Tu as l'air moins stressé que d'habitude, dit Takemichi dans le dos de Chifuyu.
— Je commence à avoir l'habitude, dit simplement le jeune homme. Et toi ça va ?
— Oui, ça me rassure d'avoir une équipe forte comme la nôtre. Finalement on a eu raison de leur faire confiance même si on ne les connaissait pas non ?
— C'est vrai, accorda Chifuyu. Enfin pour la plupart... Mais tu sais je voulais juste nous protéger.
— Oui oui je sais, s'exclama Takemichi.
Chifuyu acquiesça silencieusement, et quelques secondes plus tard, il entra dans la salle de jeu.
   Le jeune homme s'arrêta et regarda autour de lui avec incrédulité.
   La salle était totalement vide, il n'y avait absolument rien dedans, exceptés des hommes roses qui montaient simplement la garde. La salle était entièrement blanche, éclairée d'une vive lumière, il n'y avait même pas de peinture d'enfant sur les murs comme dans les autres pièces du bâtiment.
   Chifuyu ne s'était pas du tout attendu à ça, quel pourrait bien être le jeu ?
   — Le prochain jeu se fera par équipe de deux, annonça la voix dans les enceintes. Veuillez, s'il vous plaît, former les équipes.
   — C'est parfait, on est douze, dit Kisaki. Un nombre pair.
   — On se met ensemble, lui demanda aussitôt Hanma.
   — Pourquoi pas.
   — Hakkai je me suis promis que je veillerai sur toi, dit Mitsuya d'une voix calme. On reste tous les deux.
   — D'accord, dit Hakkai en baissant les yeux.
   — Takemichi, ça te dérange qu'on se mette ensemble, demanda Hinata d'un air embarrassé. Je sais que je suis une fille et que je serais peut-être un poids mais...
   — Ça ne me dérange pas du tout, s'exclama Takemichi. Je voulais aussi me mettre avec toi... Chifuyu ça ne te pose pas de problème ?
   — Non ne t'inquiète pas, dit le jeune homme en secouant la tête.
   Chifuyu jeta un coup d'œil à Baji qui se tenait juste derrière lui, et sourit à son meilleur ami. Baji était resté près de lui comme s'il était normal qu'ils soient tous les deux en binôme sur cette épreuve, il n'y avait pas besoin de lui demander s'il voulait être avec Chifuyu.
   — J'ai déjà quelqu'un, dit alors le jeune homme.
   — D'accord. Baji je te le confie, dit Takemichi avec un regard perçant.
   — Et moi je me mets avec Emma, annonça Mikey. Désolé Kennychou, mais je dois veiller sur ma sœur.
   — Ce n'est pas grave, Inui, c'est bon si on est ensemble, demanda Draken en se tournant vers lui.
   — Bien sûr.
   — Parfait, s'exclama Mikey en tapant dans ses mains. Heureusement qu'on a pas eu de dispute pour les binômes. 
   — Pas comme certains, dit Mitsuya en pointant du menton l'équipe de Izana.
   Chifuyu tourna son regard vers eux et comprit immédiatement quel était le problème. Ils étaient un nombre impair. Izana s'était évidemment mis avec Kakucho, Senju était avec son grand frère le plus âgé, et Rindo était aussi avec son frère. Sanzu n'avait personne avec qui se mettre.
   — C'était évident qu'il allait se retrouver seul, commenta Kisaki. Rindo préfère être avec son frère plutôt qu'avec lui.
   — Bon on s'en fiche, dit Chifuyu pour détourner l'attention de ses coéquipiers des autres joueurs. Arrêtez de vous préoccuper des autres et concentrez-vous. Le jeu va bientôt commencer.
   — Tu as une idée de ce que ça pourrait être, lui demanda Baji.
   — Non. Je pensais qu'on allait jouer dans cette salle, mais je pense qu'il s'agit en fait d'une pièce qui sert juste à préparer les joueurs au jeu. On va sûrement partir dans une autre pièce pour jouer.
   — À tous les joueurs, appela la voix féminine. Les binômes sont priés de former une file devant le personnel, afin d'être amené jusqu'à la salle de jeu.
   La voix se mit à répéter et Chifuyu et son équipe partirent dans la file qui commençait à se former devant des hommes avec des cercles sur leur casque.
   — Attends, dit soudainement Baji. T'es sûr que c'est une bonne idée de se mettre ensemble ? Imagine qu'on doivent jouer l'un contre l'autre ?!
   — Je ne pense pas, la voix a dit qu'on était en équipe, donc techniquement on ne joue pas l'un contre l'autre, dit Chifuyu.
   — De toute façon si c'était le cas je te laisserai gagner, déclara Baji avec sérieux.
   — Ne dis pas n'importe quoi, personne n'accepterai de mourir pour n'importe qui.
   — Mais tu n'es pas n'importe qui, et la mort n'est pas quelque chose qui m'effraie, dit Baji. Vivre demande un courage que je n'aurais pas si tu n'étais plus là.
   — Si tu meurs, je meurs avec toi, déclara Chifuyu alors que la file avançait doucement. J'aime beaucoup notre relation, je ne pourrais pas vivre en sachant que je l'ai perdue.
   — Vraiment, demanda Baji d'un air touché.
   Le jeune homme acquiesça.
   — Je préférerais te voir vivre longtemps, mais je ne te cache pas que mourir avec toi me plairait, parce que ça voudrait dire qu'on partira ensemble d'ici et qu'on ne se sera jamais quitté.
   — Baji, on s'est fait une promesse non, rappela Chifuyu en arrivant devant un masqué. Toi et moi on reste ensemble quoi qu'il arrive.
   Baji lui sourit, comme rassuré.
   — Tendez vos mains, demanda le masqué en face d'eux.
   Chifuyu s'exécuta en fronçant les sourcils, et l'homme en rose passa alors une menotte autour de son poignet droit, avant d'attacher l'autre menotte au poignet gauche de Baji.
   Le jeune homme échangea un regard déconcerté avec son ami.
   Des menottes ?!
   Ils allaient faire le jeu attaché l'un à l'autre ?!

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Le chapitre suivant vous fera peut-être mal au cœur 🤔 je sais pas, j'espère quand même.

M'en voulez pas d'avoir interrompu le début de lemon, mais je l'ai fait pour leur bien croyez moi, et c'est pas drôle si les choses sont aussi simple 🌝

Une idée du prochain jeu ?

(Rip Sanzu dont personne ne veut)

Squid Game - Le fil rouge Where stories live. Discover now