Chapitre 3

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     Ça fait cinq jours que je stresse à chaque fois que je dois passer par le hall de l’immeuble. On dirait que ma chance est revenue car je ne l’ai pas recroisé.
     Cette histoire m’a tellement perturbée que je n’ai pas pensé une seule fois au fait d’avoir ou non fermé à clé la boutique ou encore mise en route l’alarme et tout le toutim.
Comme quoi ça a du bon… mouais. En même temps je ne dors presque plus. Dès que je ferme les yeux, « il » apparaît. D’abord le Adam de lundi en costard, avec ses cheveux châtains clair en bataille, son regard concentré sur le plan qu’il tenait, l’assurance qu’il dégageait. Mais une seconde après, c’est celui d’il y a quinze ans qui prend place dans ma tête, et le son des rires et des moqueries. Ça me retourne l’estomac. Heureusement la sonnerie de mon téléphone m’arrache à ces souvenirs humiliants.

-Coucou !
-Coucou Nono !
-Dis, t’as prévu quelque chose ce soir ?
-Euh, à part comater devant les émissions débiles du samedi soir, non.
-Cool ! J’ai croisé un ancien collègue tout à l’heure en rentrant de la boutique, et il m’a invitée à boire un verre dans son club ce soir. Il m’a dit que je pouvais venir accompagnée.
-C’est quoi ce « club » où il faut une autorisation pour venir accompagné ? Demandé-je suspicieuse.
-Le « Cube » ! Hurle-t-elle dans le combiné.
-T’es sérieuse ? Crié-je encore plus fort qu’elle au bord de l’hystérie.
-Eh ouais ! Ricane-t-elle.
-La vache ! J’y crois pas ! Punaise, le Cube ! Rien que ça ! Et tu connais le patron ! J’en reviens pas ! Sans invitation c’est impossible d'y aller… Noémie je t’adore ! Dis-je surexcitée.
-C’est qui la meilleure ? Me taquine-t-elle.
-À tout jamais Toi !

     Je  n’arrive pas à y croire. Ça fait  à peine six mois que cet établissement a ouvert et déjà il cartonne. Il faut absolument être une célébrité ou connaître quelqu’un qui connait quelqu’un qui… Bref ! C’est hyper sélectif et moi, Christine Renoir, pauvre petite mortelle, je vais pouvoir y aller !

-Bon on se dit 21h30 en bas de chez toi ? M’interrompt Noémie dans mes pensées.
-Ok ! Oh la la Nono, t’es trop géniale ! À tout à l’heure !
-À  tout' miss et… mets le paquet hein ! Bises.
-T’inquiètes,  bises.

      Il est déjà 19h30 et je n’ai pas encore dîner.  Ça va être chaud bouillant question timing si je veux être au top. Pas le temps de cuisiner, chaque minutes sont maintenant vitales. Je prends mon paquet de céréales et en grignote devant mon dressing, ça suffira pour ce soir et m’évitera  d’être ballonnée. Faut que je m’active. Je balance toutes mes plus belles tenues sur le lit et c’est parti pour les essayages.

-Merde, merde et re-merde ! Hurlé-je en voyant l’heure. C’est pas possible !
   
    Il est déjà 20h30 ! Une heure entière rien que pour choisir une tenue ! Mais quelle tenue ! Noémie va être verte de jalousie quand elle me verra. Bon, pas le temps de tergiverser, direction la douche.

    J’observe mon reflet dans mon psyché, parfaite ! Je ne ferai pas tache au milieu de tout ce beau monde. Par contre j’en connais une qui va me faire la tête au carré si je ne m’active pas très vite. Il est presque 21h30 et la connaissant , elle doit déjà être en bas en train de faire le décompte . J’attrape ma pochette, y fourre mon portable, ma carte bancaire, un paquet de mouchoir et il ne reste déjà presque plus de place. Il faudra encore que j’y mette mes clefs. Au moment où j’ouvre le placard pour récupérer ma veste, ça frappe timidement à ma porte. Je regarde ma montre, il n’est que 21h28, elle abuse !

-C’est bon, crié-je avant d’ouvrir, il me reste encore deux min…
-Bonsoir, euh, désolé de vous déranger…

    Je me retrouve face à mon voisin,  M. Robert, en costume noir et chemise blanche, qui a l’air gêné.

Shaky LoveWhere stories live. Discover now