Chapitre 29

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Julien

    Ça y est, tout est en place. J’ai dû fermer le reste de la semaine pour avoir le temps de tout préparer, de lancer mes invitations pour cette soirée à thème du samedi.
C’est la première fois que j’en organise une, et vu ce qui est prévu, j’espère que ça ne va pas nuire à la réputation de mon bébé. Mais aux grands maux les grands remèdes !
     Bertrand ne m’a expliqué qu’une partie du plan, l’autre étant réservée aux filles.
     Je n’ai pas osé recontacter Christine. Et pourtant je ne fais que penser à elle. Je sais que je vais la voir ce soir et j’angoisse à mort. Même si elle est prête à discuter,  je ne suis pas sûr qu’elle qu’elle acceptera le fait que je me sois envoyé une autre femme, mais je suis obligé de tout lui avouer, on ne commence pas une relation sur un mensonge. Car, oui, j’aimerai vraiment essayer quelque chose avec elle. Je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est comme une évidence. On verra bien.

- Vinz ! T’as préparé la table VIP comme prévu ?
- T’inquiète patron ! Ta vengeance sera… apocalyptique ! Ricane-t-il.

     J’ai dû mettre Vincent dans la confidence car je dois garder mes distances avec un certain client, ou je risque de lui faire péter toutes les dents de devant !

     Ça y est, les premiers clients arrivent et pour l’instant tout se passe à merveille. Vladimir ne doit laisser passer aucune personne n’ayant pas respecté le code couleur de la soirée : le noir. Sauf un ! Enfin, il devra quand même le faire patienter un peu, histoire de ne pas éveiller de soupçons.
Je suis derrière le bar et j’observe cette marée noire. J’ai l’impression d’être à un enterrement. Mais ce n’est pas le mien ce soir, c’est celui de la carrière de séducteur de l’autre ordure. D’ailleurs j’aperçois Bertrand à l’entrée, accompagné  de toute la clique à l’autre là.

- Salut Julien, me saluent-ils tous en même temps.
- Salut mes gars ! Comme vous êtes mes clients les plus fidèles, je vous ai réservé ma meilleure table ainsi qu’une bouteille de champagne offerte par la maison.

Des sifflements et quelques applaudissements se font entendre. Ils ont l’air ravi.

- Vinz tu les accompagnes.
- Euh, Julien, m’interpelle Laurent, le seul dont j’ai retenu le prénom du fait qu’il avait emmené Christine à l’étage il y a deux semaine, ce qui m’avait passablement énervé.
- Oui  un problème ?
- C’est normal qu’Adam n’ai pas reçu la rectification du code couleur ?
- Je ne comprends pas, fais-je l’innocent. Comment ça ?
- Ben, il a bien reçu le premier message concernant la tenue obligatoire blanche, mais pas le deuxième pour le changement en noir.
- Oups. En même temps, je suis sûr qu’Adam va adorer attirer encore plus l’attention que d’habitude,  ironisé-je.
- Euh ouais pas faux.
- T’inquiète, j’avertis Vlad pour qu’il le laisse entrer.
- Cool, et merci pour cette soirée, termine-t-il en rejoignant les autres.

Parfait, Adam est bien tout de blanc vêtu. Tous se passe comme prévu.

- Patron, manque plus que l’autre con, m’informe Vincent. Je les ai tous installés et il ne reste plus de place !
- Nickel ! Le siège est prêt ?
- Il n’attend plus que quelqu’un s’assoit dessus.
- Il arrive, dis à Jo de baisser les lumières et va l’installer.

Il me fait un  clin d’œil et s’en va voir le DJ pour lui donner les consignes. Le rythme de la musique change, les lumières baissent en intensité et les stroboscopes prennent le relais. Je vois ma cible se diriger vers moi et je n’ai aucune envie de voir sa sale gueule alors je fais signe à Jo, et les lumières noires s’allument. C’est le signal pour Vincent. Il n’a pas besoin de le chercher longtemps,  avec ses vêtements maintenant bleu électrique, on ne voit plus que lui dans la boîte. Et ce con qui est tout content d’attirer l’attention ! Pour avoir de l’attention, je peux te garantir que dans pas longtemps tu vas regretter de l’attirer !
Vincent l’intercepte et le dirige vers son groupe. Il lui fait signe de patienter et revient avec ”le” siège ! Et le voilà qui s’affale dessus. Merveilleux !

- On peut savoir ce qui est si intéressant, me coupe Noémie qui vient d’arriver, suivie par une Christine qui ne me calcule même pas.
- Ah, salut.
- Alors tout se passe comme prévu ?

Je ne peux m’empêcher de dévisager Christine qui ne m’adresse pas le moindre regard. Elle reste en retrait et semble pensive.
- Alors ? Insiste Noémie.
- Oui. Ils se trouvent là-bas, lui indiqué-je la table la plus en vue de mon club, près de la piste et légèrement surélevée.
- OK. Il n’y a plus qu’à patienter.

Elle me tend sa main et je lui donne les clefs de mon bureau. Elle prend son amie par le bras et s’en vont s’enfermer dans la pièce où elles pourront surveiller ce qu’il se passe sur les écrans de surveillance de la boîte.
Putain, elle ne s’est même pas retournée une seule fois. Ce n’est pas les rames que je vais devoir sortir mais carrément un moteur d’hors-bord !

Christine

     Nous voilà installées sur les fauteuils en face des écrans de contrôle. J’ai la nausée. Revoir Julien m’a retournée.
Lorsque nous sommes entrées et que je l’ai aperçu au bar, l’image de lui et de cette brune m’est revenue en pleine tête comme un boomerang.  Et même si j’ai embrassé Adam, c’est lui qui a commencé !  Si c’est comme ça qu’il règle les conflits, je ne vois pas bien comment je pourrais lui faire confiance pour aller plus loin.
     Mais il faut que j’avoue qu’une fois arrivée devant le glaçon bleu, j’ai dû me faire violence pour ne pas le regarder. J’ai bien senti son regard posé sur moi. Mais me connaissant,  pas question que je craque aussi facilement ! Malgré tout ce qu’il s’est passé, je crois bien que j’ai toujours des sentiments pour ce crétin. Et je sais qu’il lui suffirait de me faire son petit sourire tout mignon pour que je lui saute dessus. Pathétique je vous dis !

     Cela fait une semaine que je ne dors quasiment plus. À me demander si oui ou non je lui laisse une chance de s’expliquer, chose que lui n’a pas faite à mon sujet. Et ce matin j’ai décidé que oui. Après tout nous sommes à égalité. Il a cru que j’allais voir ailleurs alors il en a embrassé une autre, et j’ai réagi de la même façon.  Tout ça c’est de la faute d’Adam et finalement il n’y a pas mort d’homme. Mais maintenant que je l’ai revu… Ça me fait un mal de chien !
Pendant que Nono scrute les écrans  pour attendre le bon  moment, moi je tourne en rond.

- Ça y est, il se lève ! Hurle-t-elle excitée. Oh putain !

     Elle commence à se marrer toute seule et ma curiosité m’oblige à me rapprocher des écrans. Elle le pointe du doigt même si, malgré les images en noir et blanc il n’y a pas besoin car on ne voit qu’une seule tache claire sur les images. Il est en train de draguer un groupe de femme à la table voisine. Nono clique sur un bouton et l’image prend un autre angle. Je ne peux m’empêcher de pouffer en voyant la jolie auréole foncée au niveau de ses fesses.

- Ben dis donc, Vincent a eu la main lourde sur le cirage du siège on dirait, rigole mon acolyte. Merde, y a un de ses potes qui l’a capté !

    Nous voyons un de ses collègues lui faire signe de se retourner et lorsqu’il s’exécute, malgré l’image prise d’assez loin, on ne peut qu’apprécier son visage transformé par la colère.

Shaky LoveWhere stories live. Discover now