Chapitre 7

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     Alerte ! Alerte ! Je reconnais de suite cette façon de parler ! Merde ! Il m’a trouvée ! Je n’ose pas me retourner et fixe Julien qui n’a pas l’air ravi. Je lui fait non de la tête et lui tends ma carte.

-J’insiste ! Continue-t-il dans mon dos en posant sa main sur mon bras pour que je le baisse.
Ce contact , c’est comme une décharge électrique. Mes poils se hérissent, des picotements remontent le long de ma colonne vertébrale jusqu’à ma nuque et mon cœur fait un tel bond, que je crois qu’il essaie de remonter dans ma gorge. Mon corps se fige, des voix lointaines qui ricanent résonnent dans ma tête. Paralysée par ce contact, qu’il maintient, je ne suis plus que spectatrice de la scène qui se joue devant moi. Julien récupère sa carte, la passe dans une machine et la lui rend, non sans lui jeter un regard réprobateur. Il me regarde, je vois ses lèvres bouger, mais les voix dans ma tête m’empêchent d’entendre ce qu’il me dit. Il fronce les sourcils puis recommence plus fort.

-Christine ça va ? T’es toute pâle… s’inquiète-t-il.
-Je…

     Je secoue la tête, comme si ça pouvait chasser ces mauvais souvenirs. Il faut que je me reprenne ! Merde, j’ai plus 15 ans ! Je repense à ce que m’a dit Noémie. Je suis une femme, belle, sûre d’elle et qui a réussi dans la vie ! Plus question de me laisser marcher sur les pieds ! Je suis forte !

-Oui, tout va bien Julien, lui réponds-je en souriant, en faisant abstraction de cette main qui n’a toujours pas quitté mon bras.
Je me rends compte que j’ai toujours ma carte à la main et finis par interrompre ce contact désagréable en la rangeant dans ma pochette. Je sais qu’il est toujours derrière moi à attendre très certainement que je le remercie. Je me force,  cette fois, à sourire avant de me retourner .
-Merci, mais ce n’était pas la peine. Tiens prends-toi ça dans les dents, connard !
-De rien, sourit-il de toutes ses dents, c’est avec plaisir, continue-t-il en me faisant un clin d’œil aguicheur.

   Quelle arrogance ! Il se croit toujours aussi irrésistible ! Je vais te montrer, moi, que ton charme tu peux te le mettre où je pense ! Il croit quoi ? Qu’il offre un verre et que la nana lui tombe dans les bras ?! Il me prend pour une prostituée ? Noémie a raison, il est en train de me tendre le bâton avec lequel je vais le frapper. D’ailleurs, en parlant de tendre, le voilà qu’il avance sa main, paume en haut, pour m’inviter à le suivre, toujours aussi confiant quant à son pouvoir de séduction. Que la partie commence ! Je bois une gorgée de mon cocktail, fais un pouce vers le haut à l’attention de Julien, qui continuait à m’observer, pour lui signifier que tout va bien et je pose, non sans un frisson , ma main dans la sienne. Je lui offre un sourire crispé et le suis jusqu’à sa table, où il n’y a plus que deux hommes,  en pleine conversation éthylique vu le niveau de décibels et la lenteur d’articulation des mots, ainsi qu’un couple en train de… oh bordel ! C’est Nono ! Et Bertrand ! Je ne sais plus où me mettre. Adam me lâche la main et tape sur l’épaule de son ami, ce qui interrompt l’échange de salive des deux obsédés. Il se penche à son oreille et lui tend une carte argentée. Bertrand s’en saisit des étoiles dans les yeux. Il se penche à son tour vers Noémie  lui murmurant quelque chose à l’oreille en faisant un signe de tête vers le haut. Elle lève les yeux au plafond et un gigantesque sourire apparaît sur son visage. Elle hoche vivement sa tête et tous deux se lèvent précipitamment. Elle est si excitée qu’elle ne m’a même pas calculée. J’entends Adam dire à mon voisin qu’il lui laisse une demi-heure et qu’après il en aura sûrement besoin aussi. Mon esprit cogite pour essayer de comprendre de quoi ils parlent et pour une fois, il est rapide ! Une carte différente des nôtres, quelque chose en haut, leurs sourires, il ne m’en faut pas plus pour comprendre qu’il s’agit d’un accès à la partie VIP du club. Non mais attends ! Comment ça il va en avoir besoin ?! J’ai peur de comprendre…

     Adam me prends mon verre des mains pour le poser sur la table, et avant que je ne puisse réagir, il m’attrape la main et se laisse tomber sur la banquette m’entraînant dans sa chute. Je me retrouve couchée sur lui, comme une baleine échouée sur une plage. Il en profite pour passer ses bras autour de mes reins et me serre contre lui. Maintenant je me sens comme ces cétacés pris dans des filets de pêche, cherchant à s’en libérer avant de mourir noyé. L’oxygène me manque, je n’arrive plus à respirer correctement, et  plus je panique, plus je me tortille pour le fuir, plus il serre sa prise. Mon Dieu, à  l’aide ! Pourquoi aucun son ne sort de ma bouche !? Le con se marre, ça l’amuse de me voir me transformer en écrevisse. En fait, c’est plus que ça, à force de gesticuler sur lui, je crois bien que j’ai réveillé autre chose en lui. Quelque chose de dur… contre ma cuisse. Merde ! Aux grands maux les grands remèdes ! J’arrête de me débattre et l’enlace à mon tour, un sourire aux lèvres. Il relâche sa prise, se croyant vainqueur de cette petite bataille. J’en profite pour me mettre à quatre pattes au-dessus de lui, et, sans le faire exprès, juré craché hein ?! mon genou s’appuie très fortement et malencontreusement sur son entrejambe. Un hurlement retentit, oups, et il me pousse en arrière pour se plier en deux.

-Oh, mince, pardon, m’excusé-je hypocritement. Ça va ? Dis-je en prenant une fausse mine inquiète, alors qu’en fait, le voir les larmes aux yeux me rempli d’une joie extrême.
-T…t' inq…uiètes, dit-il en serrant les dents de douleur. Ça va… aller, continue-t-il en se massant ses bijoux de famille.

     J’ai envie d’hurler : Vengeance ! Mais je m’abstiens, nous ne sommes plus des écoliers tout de même. Et dire que Nono a loupé ça ! Elle m’aurait fait une ola ! Et le voir, la queue entre les jambes, ses mains par-dessus la frottant pour soulager sa douleur… je jubile ! Voilà, enfin justice m’est rendue !

-Tu devrais peut-être aller… vérifier… je sais pas, tu as quand même pas l’air bien, continué-je, toujours sur le même ton.
-Ouais, mais je reviens vite, alors tu ne bouges pas de là ! M’ordonne-t-il en se dirigeant vers les toilettes.
Mais c’est vraiment une merde ce type ! Il se prend pour qui à la fin ? Je ne suis pas son clebs ! S’il croit que c’est du tout cuit avec moi, il va tomber de haut ! Même si je me sens mieux après ce que je viens de lui faire subir (oui j’avoue, ce n’était pas innocent), il y a un goût  de « reviens-y ». Et puis faut bien que quelqu’un se dévoue pour le faire descendre de son piédestal.

     Je ne suis pas très douée en ce qui concerne les plans machiavélique, il me faudrait ma Nono ! Je prends mon verre, en bois quelques gorgées pendant que j’observe les miroirs qui bordent le plafond. Noémie est derrière l’un d’entre eux. Si ça se trouve elle a tout vu quand même.

-T’aimerais y faire un tour ? M’interrompt une voix masculine.
-De quoi ? Fais-je l’innocente en me tournant vers mon interlocuteur qui n’est autre que Laurent.
-C’est une manie de toujours faire répéter, ou c’est juste que tu aimes le son de ma voix ? Me demande-t-il en se plaçant à côté de moi, ou devrais- je dire contre moi.
-Pardon, j’étais une fois de plus perdue dans mes pensées. Tu disais ?
-Tu observais les miroirs, si tu veux je peux t’emmener là-haut, me propose-t-il en sortant de sa poche une carte argentée identique à celle d’Adam.

     Mince ! J’ai vraiment envie d’aller voir ce qu’il se passe derrière ces vitres, mais je ne crois pas qu’il me propose uniquement de visiter. Et si j’accepte, je ne sais pas, mais il est beaucoup trop entreprenant pour moi. Même si je dois avouer, maintenant que je l’observe franchement, qu’il est carrément Canon ! Grand, cheveux noirs, yeux clairs, musclé et tatoué ! Tout ce que j’aime, à part sa façon de me parler et de me regarder, ça, ça me file les chocottes ! Il me pousse avec son épaule.

-Alors ? S’impatiente-t-il.
-Eh bien, je…
-Dégage c’est ma place là ! Me coupe une voix que je n’étais pas pressée de réentendre.
-Qui va à la chasse, commence Laurent en passant son bras sur mon épaule pour le défier.

Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’Adam l’attrape par le bras pour le relever. Il lui dit quelque chose à l’oreille qui n’a pas l’air de lui plaire. Je décide de m’en mêler. Il va voir qui commande ici, non mais !
-Excuse-moi, dis-je en m’interposant entre eux. Laurent c’est d’accord !
-De quoi ? Ah oui, cool ! Désolé mec, mais c’est elle qui décide, dit-il en repassant son bras sur mes épaules. M’attendez pas, finit-il en lui montrant sa carte.
Je me retourne une dernière fois pour voir sa réaction et je le vois shooter dans la table, faisant se renverser la moitié des verres par terre. Il est hors de lui et moi je suis au septième ciel !

Shaky LoveΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα