Chapitre 8

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     Laurent nous dirige vers l’entrée, son bras toujours sur mon épaule. Deux petits lecteurs de carte se trouvent à la droite de celle-ci, l’une bleue comme ma carte et l’autre argentée comme la sienne. Il la passe devant et une porte s’ouvre à côté, laissant apparaître un couloir comme celui emprunté lors de notre arrivée, sombre avec des leds bleues au plafond. Me voyant hésitante, il retire son bras et me prend par la main en m’entraînant à l’intérieur.

- Allez viens, je ne vais pas te manger ! Me dit-il en se retournant, un sourire louche aux lèvres.

     Mouais, je n’en suis pas convaincue ! Mais ma curiosité l’emporte et c’est en lui rendant son sourire que je le suis. Au bout du couloir se trouve un escalier en verre dont les marches sont lumineuses. Je lui sers la main un peu plus fort pendant notre ascension, de peur de me rétamer avec mes escarpins sur cette surface glissante. Le voyant sourire de plus belle, je  crois qu’il a pris mon geste pour une invitation. Merde !

    À peine sommes-nous arrivés à l’étage qu’il se retourne, m’attrape par la taille et me serre contre lui. J’ai tout juste le temps de tourner la tête avant que ses lèvres n’atteignent les miennes. Je pose mes mains sur son torse pour le repousser.

- Désolée, je crois que tu m’as …
- Non, c’est moi, m’interrompt-il gêné en me relâchant. J’ai cru… enfin bref. Viens je vais te montrer ce qu’il y a derrière ces portes, poursuit-il en me les désignant d’un mouvement de tête .

     J’acquiesce avec un petit sourire gêné et le suis. Toutes les portes sont surmontées d’un cube 3D en néon bleu. Le couloir tourne à  gauche et à nouveau plusieurs portes surmontées du même cube éclairé.

- Eh bien, y a foule ce soir !
Voyant mon air dubitatif , il m’explique :
- En fait, tous les néons bleus sont allumés, donc c’est que les chambres sont occupées.
- Les… chambres ?! Quoi ? Paniqué-je.
- Du calme, rigole-t-il, j’ai compris que c’était pas pour moi que tu voulais monter, déstresse ma belle, finit-il en me faisant un clin d’œil. Suis-moi !
- Ok, soufflé-je en attrapant la main qu’il me tend,  enfin rassurée.

     Nous tournons une nouvelle fois à gauche et cette fois plusieurs cubes sont éteints. Nous nous arrêtons devant la troisième porte et Laurent passe sa carte argentée sur le petit lecteur situé sous la poignée. Un clic se fait entendre et le néon au-dessus s’illumine.

- Ta-dah ! S’exclame-t-il en ouvrant la porte et en me faisant une révérence pour m’inviter à entrer.

     Je ne suis pas très rassurée, mais ma curiosité maladive m’emporte et je franchis le seuil avec appréhension. La première chose que je remarque c’est la grande baie vitrée juste en face qui éclaire la pièce de multiples couleurs, puis les boums boums étouffés qui font vibrer le sol. Laurent passe à côté de moi et se jette sur un grand lit à baldaquin orné de voiles pourpres assortis aux draps de satin.

- Alors ? Satisfaite ? Me demande-t-il avec son petit sourire en coin.
- Euh…

     Voilà tout ce que j’arrive à dire. Une pauvre onomatopée ! Je reste sans voix. En fait c’est un baisodrome le club au Julien ! Je tourne sur moi-même pour étudier la déco, qui est en fait inexistante ! Un lit, certes très beau, un petit fauteuil en cuir près de la vitre et des murs capitonnés… c’est tout !

- Regarde par la baie ! C’est ça le plus intéressant !

     Je m’exécute, toujours silencieuse, et en m’approchant de l’ouverture qui clignote au rythme de la musique, je peux voir la piste. Je pose mes mains sur le verre et sens les vibrations des basses. C’est étrange de se dire que je peux voir sans être vue. Tout à coup je sens une source de chaleur contre mon dos puis deux mains se posent sur les miennes.

- Laurent, je…  commencé-je à m’excuser en retirant mes mains de sous les siennes .
- C’est bon, réplique-t-il sèchement en se reculant. J’ai compris, c’est Adam, c’est ça ?!
- Non, pas du tout, je t’assure ! M’excusé-je gênée.
- Ouais à  d’autres ! Bordel, moi qui me voyais déjà lui faire fermer sa grande gueule pour une fois ! Râle-t-il.
- De quoi ?! Attends ! Tu voulais te vanter devant ton pote de m’avoir…
- Pardon, t’as l’air d’une chouette nana, mais il me pique toujours toutes les gonzesses alors pour une fois j’espérai…
- Stop ! L’arrêté-je en levant la main.
J’ai vraiment le chic pour attirer des idiots, c’est pas possible ! C’est dingue, il voulait m’utiliser pour faire enrager l’autre connard imbu de lui-même… Non mais… attends !
- Tu sais quoi, je crois que finalement ton idée n’était pas si mauvaise !
- Pardon ? S’étonne-t-il. Finalement je te fais craquer, hein ? Commence-t-il en jouant des sourcils.
- Non mais tu n’es pas possible ! Dis-je en secouant la tête, dépitée.
Je suis désolée mais tu n’es pas mon genre,  par contre, ton pote m’a l’air un peu trop sûr de lui, et je déteste ce genre de type ! Alors si tu veux l’énerver, j’observe Adam en bas qui a l’air de ruminer sa défaite et qui n’arrête pas de jeter des coups d’œil vers le haut, je pense, je fais signe à Laurent de regarder son collègue, que nous devrions passer un petit moment ici, histoire de donner le change, terminé-je par un clin d’œil complice.

    Laurent me regarde avec un sourire, on dirait que je viens de lui offrir un séjour chez Mickey !

- T’es sérieuse ? Vrai de vrai ? S’étonne-t-il.
- Si je te le propose ! Ça va le faire redescendre de son piédestal et avec, en bonus pour moi, qu’il me lâche les baskets !
- Finalement, chouette est un euphémisme. Tu es vraiment géniale !

    Il me saute dessus comme un gamin et me serre dans ses bras.

- En plus, c’est pas pour te draguer hein, j’ai compris le message, mais tu es la plus belle femme du club ce soir ! Il va avoir du mal à encaisser le coup !
- C’est… gentil, merci pour le compliment, dis-je en sentant le rouge me monter aux joues. Bon, on fait quoi pour passer le temps ?
Il s’assoit sur le lit et tapote la place à côté de lui avec un sourire de gamin.
- Parle-moi de toi. Tu fais quoi dans la vie ? Me questionne-t-il.
Je m’installe à ses côtés et je lui parle de ma boutique quand lui m’explique son métier d’architecte. Nous abordons divers sujets comme le cinéma, les sorties, les vacances. Finalement il est vraiment plaisant de discuter avec Laurent. Je pense même que nous pourrions devenir ami.
- J’ai changé d’avis sur toi, t’es pas si lourd en fait, me moqué-je.
- Euh, merci, répond-il en se grattant la tête. Je suis navré de t’avoir fait une si mauvaise impression mais, avec Adam, comment dire…
- Oui, l’incité-je à poursuivre.
- Est-ce que tu as vu « les bronzés » ?
- Le film ? L’interrogé-je en haussant les sourcils, ce a quoi il acquiesce d’un hochement de tête. Je l’ai vu oui, pourquoi ?
- Et bien, tu vois Popeye, c’est un peu Adam, et nous…
- Ne me dit pas que vous pesez les femmes ? Dis-je outrée.
- Non, mais, ne te fâche pas, promets ! Dit-il gêné.
- Ok.
- En fait on donne une note aux femmes présentes dans le club, et c’est celui qui fait le plus gros score qui gagne, termine-t-il en se décalant légèrement de moi.
- Wouahou ! C’est très mature comme jeu dis-moi ! Et vous gagnez quoi ?
- Rien si ce n’est d’être le meilleur, finit-il en haussant ses épaules.
- Et je suppose, vu ta réaction de tout à l’heure, que c’est lui le « meilleur », dis- je en signant les guillemets.
- Ouais.
Je n’en reviens pas ! Il n’a pas changé, toujours un connard ! Voir peut-être même pire ! Bon sang, mais c’est pas possible d’être aussi immature à plus de 30 ans ! Il lui faut une bonne leçon ! Quand je vais raconter ça à Noémie… Mon dieu, Nono !
- Oh mon Dieu ! Bertrand fait parti de votre petit jeu sordide ? M’inquiété-je.
- Je suis désolé pour ton amie, mais oui. Nous y « jouons » tous .
- Merde, désolée, mince !

    Oh la la ! Mais comment vais-je lui annoncer un truc pareil ! ? C’est affreux ! En plus c’est mon voisin ! Mais pourquoi ai-je ouvert cette fichue porte et en plus sympathisé avec lui !? Trop bonne trop co…. Voilà ce que ça donne de vouloir aider son prochain !
     Laurent me regarde comme s’il regrettait ce qu’il vient de m’avouer. Ou peut-être a-t-il peur que je lui fasse un scandale. En y réfléchissant, je viens de comprendre la réaction de Julien au bar. Il doit savoir. Mais au fait…

- Je ne cautionne pas du tout ce que vous faites, mais il y a quand même quelque chose que j’aimerai savoir.
- Je t’écoute.
- Combien ?
- Combien quoi ?
- Moi. Combien de points cela va te faire ? J’espère ne pas regretter ma question !

Shaky LoveWhere stories live. Discover now