Chapitre 7 - Katia

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De mon côté, il y a quelqu'un que je tiens à emmener avec nous, c'est Katia. La réaction de Spyke à cette idée, je la connaissais déjà :

— Tu déconnes ? Tu veux vraiment que cette fille vienne avec nous ?

Il a hésité sur le mot « fille ». Il la trouve très étrange, j'ignore si c'est à cause de son côté androgyne ou ascète solitaire. Ou peut-être que ce sont ses extraordinaires aptitudes dans les arts martiaux qui la rendent effrayante à ses yeux.

— De toute façon, elle ne viendra pas, insiste-t-il, elle ne travaille qu'en solo. Je ne sais même pas où elle est en ce moment, elle prend des contrats partout.

— Si c'est moi qui lui demande, elle viendra.

Douze ans plus tôt

La journée de travail se termine, mais c'est l'été, il fait grand jour. Nous sommes samedi, un tournoi de combats est organisé à la ferme, comme une fois par mois depuis l'arrivée du printemps. Le but est simple : sortir l'adversaire, par les moyens de ton choix, d'un cercle de cinq mètres de diamètre tracé dans la carrière de sable. Je participe toujours, un peu pour l'argent, mais surtout pour le plaisir. J'ai convaincu Gael de s'inscrire aussi, ça promet d'être intéressant.

Les spectateurs, les parieurs et les curieux commencent à affluer. J'adore ces soirées. Je consulte le tableau des combats. Il manque encore un inscrit.

À ce moment, une voix féminine se fait entendre :

— C'est ici les inscriptions ? On m'a dit qu'il restait une place.

Un grand silence se fait autour d'elle.

— Oui... répond la fermière, hésitante, à la jeune femme d'allure athlétique.

— Parfait ! Alors je la prends. C'est Katia, mon nom, dit-elle à la fermière pour qu'elle complète la case vierge.

La patronne bloque un instant, le stylo en l'air. La dénommée Katia pose les yeux sur tous les gens qui la dévisagent et ajoute d'un ton détaché :

— À moins que la nécessité de posséder une paire de couilles ne soit stipulée dans le règlement ?

J'ouvre la bouche le premier :

— Tu veux combattre ?

Elle tourne la tête vers moi, faisant ainsi voleter sa courte queue de cheval blonde.

— Il semblerait que je sois venue pour ça, oui.

— Alors, inscris-la, dis-je à la fermière.

Elle s'exécute, incrédule. Moi je m'abstiens de commenter, j'attends de voir. Au fond, je m'en fiche, son inscription permet d'ouvrir officiellement les jeux, et c'est tout ce qui m'intéresse.

— C'est combien le premier prix ? s'enquiert encore la nouvelle venue.

Des hommes s'esclaffent derrière elle, mais elle fait mine de ne pas les entendre. J'ai moi-même du mal à effacer un petit sourire mi-railleur mi-intrigué.

— C'est deux cents couronnes, lui répond l'organisatrice d'une voix neutre.

Et la fille repart, satisfaite, sous les rires moqueurs des quelques fermiers ayant assisté à la scène.

La fermière tire au sort les adversaires et elle affiche le tableau des matchs sur une pile de ballots de paille. Je me précipite vers la feuille en entraînant Gael à ma suite. J'ouvre le premier combat, contre un gars dont le nom me dit quelque chose, je crois que c'est un ouvrier de la mine. Gael fait le deuxième, contre un ouvrier de la ferme que j'ai déjà battu deux fois, facile. Les deux autres cases de quarts de finale sont occupées par mon frère Erik contre un de ses employés, et enfin la très attendue Katia contre quelqu'un que je ne connais pas.

Pour un peu d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant