Chapitre 43 - Retour à Teneria

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De retour au Ceagrande, nous déposons d'abord Tony chez lui, et nous poursuivons tous les trois jusque Teneria, avec la ferme intention de profiter de notre toute nouvelle richesse. Terminé le camping, nous jetons notre dévolu sur un bon hôtel de la ville.

Si le Trappeur reste modéré sur ses dépenses, Spyke et moi allons rendre visite aux concessionnaires de voitures. Je me rachète un pick-up noir, pour remplacer le bleu que j'ai laissé sur le carreau. Spyke se choisit une belle sportive, deux fois plus chère que la mienne, mais surtout deux fois plus puissante.

Dans l'après-midi, nous allons finalement chez Andreï. Les journées de pluie ont cédé la place au soleil printanier de la côte déjà presque trop chaud, et il nous accueille à l'ombre de sa grande terrasse, comme de vieux amis. Il nous informe qu'il a tout arrangé, et que Vitaly sera libéré demain matin.

J'apprends que Ricardo, le marchand d'armes qui voulait se la jouer solo, est mort la nuit même où nous avons pris la villa. Jugeant prudent de s'éloigner de Teneria, il était parti pour quelque temps s'installer chez un de ses cousins dans le sud du pays, avec toute sa famille. Mais personne n'échappe à la sentence d'Andreï Tourgueniev. La maison du cousin a malencontreusement brûlé, et tous ses occupants avec. En réalité, il apparaît que cette nuit-là, un certain nombre d'habitations ont été victimes d'incendies accidentels ou de cambriolages qui ont mal tourné. Une purge en bonne et due forme.

Il m'explique aussi que le chef de la police de Ludmia, qui devenait gênant, n'est plus en poste. Il a été écarté pour des soupçons de corruption. C'est son adjoint, cité comme modèle de vertu et de dévouement, qui a été nommé à sa place. Andreï a des yeux partout, et des hommes partout. D'ailleurs, il pourrait peut-être me rendre un service.

D'un geste de la main, je lui désigne le van :

— Tu n'aurais pas un bon carrossier ? J'aimerais bien récupérer ma caution, je justifie pour plaisanter.

J'ai camouflé grossièrement les impacts de balles pour passer les frontières sans attirer l'attention, mais le loueur risque d'être un peu plus regardant. Andreï éclate de rire :

— Tu ne veux pas plutôt un bidon d'essence et des allumettes ?

Je cligne des yeux. La pyromanie est décidément une seconde nature chez lui.

— Non, je lui réponds en haussant les épaules. Je vais le rendre.

Sans se départir de son sourire amusé, il lève les mains en signe de capitulation :

— Si ça te fait plaisir.

Et se tournant vers la maison, il appelle d'une voix forte :

— Miguel !

Un frisson me parcourt l'échine. Je savais qu'en revenant chez Andreï, je retomberais inévitablement sur son bras droit, mais la dernière fois que nous étions ensemble, son frère est mort par notre faute et Spyke et lui ont bien failli s'entretuer.

Miguel apparaît face à nous sans que son visage trahisse aucune émotion. Il nous fixe Spyke et moi sans décrocher le moindre mot, attendant seulement les consignes de son chef. Andreï ne s'attarde pas sur l'ambiance tendue qui plombe tout d'un coup la douceur de la fin d'après-midi. Il lui ordonne d'un ton tout naturel :

— Prends le fourgon de Jack et emmène-le chez Piotr. Dis-lui de faire un ravalement complet, extérieur — intérieur.

Miguel reste figé, et moi aussi. Toujours assis d'un air détendu dans son fauteuil de jardin, Andreï joue les entremetteurs avec un signe encourageant de la main :

— Donne-lui tes clés, Jack.

Greg me tend la clé du van, je me lève et fais un pas vers Miguel. Il ouvre sa paume devant moi, dans un silence écrasant. Je sais qui il est. J'aurais dû le déduire dès ses sous-entendus le soir où j'ai conduit Olga ici, je l'ai supposé en surprenant le message d'Andreï sur son téléphone, j'en ai eu la certitude la nuit de l'attaque. Je l'ai compris dans son regard dénué d'humanité, dans ses gestes robotisés, dans ses tirs fatals qu'aucun remords ne vient dévier. Il est celui qui met fin à tous les contrats, celui qui sonne le glas plus sûrement que la grande faucheuse, il est 3317. Il est le meurtrier direct de Radek.

Pour un peu d'orWhere stories live. Discover now