Chapitre 36 - Antonio

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Miguel nous fait avancer plus loin, jusqu'à une grande chambre. La chambre du Tsar. Il nous poste près des deux portes de la pièce : celle par laquelle nous sommes entrés, et une qui débouche sur un long couloir vitré en face de la piscine. Miguel sait parfaitement ce qu'il fait. Il grimpe sur le lit et tapote le plafond par endroits pour vérifier sa position, la lampe de poche entre les dents. Dès qu'il a trouvé la localisation précise, il tire une massette de son sac à dos et crée un trou dans le plafond qui lui donne accès à ce qu'il cherchait : un conduit de ventilation. Il entreprend de le découper, pendant que nous surveillons toujours les issues.

— Ch'y chuis prechque, nous dit-il pour informer de son avancée.

— RAS pour moi, répond Spyke.

— RAS, dis-je à mon tour.

À ce moment, le bruit assourdi d'une grosse explosion se répercute dans la terre, faisant vibrer tout le bâtiment sous nos pieds.

— Cha, ch'est Ryan, commente Miguel, par déconcentré pour un sou.

Il est en train de percer la gaine. Puis, il sort encore de son sac plusieurs récipients de gaz sous pression. Katia énonce dans notre oreillette ce que Miguel avait deviné :

— Jack, ils ont ouvert la porte de la chambre forte.

Je regarde Spyke. Il m'adresse un signe du menton en direction de la sortie. Je ne peux pas faire ça. Miguel a presque terminé, ce serait vraiment abject de l'abandonner maintenant, à la merci de n'importe quel assaillant. Je secoue négativement la tête en retour et je réponds à Katia :

— Reçu. Applique le plan.

Tout en raccordant ses bonbonnes à de petits tuyaux qu'il glisse dans le conduit de ventilation, Miguel me dit alors :

— T'es pas là pour le fric, toi, hein.

J'en ai marre qu'on me profère cette assertion comme si on me connaissait mieux que moi-même. D'abord Trappeur, puis Andreï qui n'en pense pas moins même s'il ne l'a pas affirmé ainsi, et à présent, Miguel. Je garde les yeux fixés sur le couloir en face de moi, j'ai cru percevoir un reflet dans la vitre, et je lui réplique froidement :

— Pourquoi tu dis ça ?

Il retire la lampe de sa bouche avant de me répondre :

— Parce qu'à ta place, je me serais déjà barré. Voilà, c'est prêt, conclut-il en ouvrant ses petites bouteilles de gaz. Le rat va quitter le nav...

J'ai à peine le temps d'entrevoir le geste furtif, absolument pas celui de claquer la porte pour parer l'attaque, mais je vois distinctement un objet voler dans les airs pour atterrir sur le parquet. Je hurle :

— Grenade !!

Le lancer était d'une précision radicale. J'ai tout juste la possibilité de me jeter à terre derrière le mur et de protéger ma tête, un éclair lumineux traverse mes paupières malgré mes bras en couverture. Mais le pire, c'est la détonation assourdissante qui emplit l'air et frappe mes tympans. Je rouvre immédiatement les yeux avec une seule idée : ils vont entrer, et le plus près de la porte, c'est moi. Les couleurs assombries par le flash rendent la chambre encore plus obscure qu'elle ne l'était, l'air semble se mouvoir comme s'il était liquide, agrandissant et rétrécissant la pièce au gré de l'onde sonore, les objets se déforment autour de moi, même mes actions me paraissent ralenties et décoordonnées. Peu importe, je sais d'où viennent nos assaillants. Je m'aplatis sur le ventre et je tire en rafale en direction de leur point d'entrée. J'entends à peine mes propres tirs, seulement un sifflement aigu qui envahit tout mon crâne. Une main m'attrape par l'épaule pour me tirer vers l'arrière :

Pour un peu d'orOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz