Chapitre 45 - Encore un peu d'action

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Eleïna revient avec ma bière et je la rassois sur mes genoux. Une clameur d'effervescence nous parvient de l'arène de combat. De plus en plus de spectateurs y sont attroupés : Spyke est de nouveau au milieu du carré, appelant qui l'ose à venir le défier. Après ses deux victoires, il est devenu l'homme à abattre. C'est un homme du groupe de Nino, d'une vingtaine d'années, qui s'avance face à lui, d'un pas farouchement déterminé. Il a beau se donner une attitude aussi arrogante qu'il veut, il est moins grand, il est moins lourd : je me prends à parier que Spyke va n'en faire qu'une bouchée.

Miguel a pris une pause. Il a passé la main à un collègue au physique très sec que je reconnais : il faisait partie de la section de Xander. Spkye salue son adversaire, l'azur de ses yeux empreint de cette expression de brutalité que je lui connais bien, celle qui dit « j'espère que t'es prêt à mourir ». Le nouvel arbitre donne le signal et le combat s'engage.

Andreï fait silence et plisse ses paupières dans leur direction, manifestement intéressé. Spyke est dans le jeu, avec sa fougue habituelle, et ses frappes explosives qui vous promettent un K.O. à la moindre erreur.

— C'est une machine, ton gars, commente Andreï, son regard fixé sur l'arène improvisée avec un demi-sourire de connaisseur.

Mais son jeune opposant est très vif, le duel s'allonge sans que Spyke parvienne à le mener comme il le souhaite. Au fur et à mesure que les secondes s'égrènent, il s'échauffe et devient brouillon dans ses actions. Il aurait voulu un combat court, à l'instar du précédent, pour épater la galerie et ne pas trop se fatiguer, pour potentiellement enchaîner avec un quatrième match.

Ce combattant qui contrecarre son projet l'énerve de plus en plus, je peux presque ressentir d'ici la frustration qui bout à l'intérieur de lui. Pourtant, il n'est pas réellement dangereux, Spyke sait encaisser des coups autrement plus puissants que les siens. S'il prenait le temps d'anticiper les tentatives de son adversaire et de mieux placer ses frappes, il pourrait terminer ce combat.

L'arbitre siffle la fin d'un premier round, déjà trois minutes qu'ils se tournent autour. Après la minute de répit, Spyke rattaque immédiatement. L'autre commence à faiblir, à force de parer et esquiver. Spyke finit par l'envoyer au sol d'un coup de pied redoutable. L'arbitre s'interpose pour le laisser se relever. Combat debout, a dit Miguel. Passablement vexé, le jeune du Quartier Sud se remet rapidement sur ses pieds. Mais, toujours pressé d'en finir, Spyke rattaque encore plus vite, et le renvoie à terre aussi sec.

Cette fois, l'arbitre signale une faute. Il interrompt le combat et prend Spyke à part. De loin, je ne saisis pas tout ce qui se dit, mais je comprends qu'il lui reproche cette attaque éclair sans avoir laissé le temps à son adversaire de reprendre ses appuis. À l'inverse, Spyke semble lui soutenir mordicus que son action était dans les règles, et le ton monte. Le jeune homme s'approche pour tenter de faire reprendre le combat, mais pour son plus grand malheur, l'arbitre tient d'abord à ce que Spyke reconnaisse son autorité suprême. Sauf qu'il doit peser au bas mot trente kilos de moins que lui, et Spyke le pousse en arrière, le faisant tomber ridiculement les fesses dans le gazon.

L'autre combattant, profitant du déboussolement momentané de l'arbitre, se jette sur Spyke pour un combat à la sauvage, abandonnant les règles de la boxe. L'arbitre, de nouveau sur ses pieds tente de les séparer, mais il se prend un coup de coude de Spyke — plus ou moins volontaire — en plein dans la bouche, et recule en crachant du sang.

Deux amis de l'adversaire entrent dans le carré pour régler le différend. Ou plutôt, pour régler son compte à Spyke. J'éjecte la fille hors de mes genoux et je bondis dans leur direction. En me voyant courir vers lui, l'assaillant le plus proche pivote pour me faire face, mais trop tard, il prend mon coup de pied sauté en pleine poitrine, atterrit trois mètres plus loin, et reste à terre. L'un des deux encore debout se retourne vers moi. Vitaly m'a suivi dès que j'ai couché le premier gars, d'autres hommes de la Côte arrivent en renfort pour leurs collègues. Même Greg se lance dans la bagarre malgré sa blessure, interceptant un homme qui allait s'attaquer à moi. Des hommes au tempérament plus raisonnable qui tentent de calmer le jeu finissent par répondre à des coups qui ne leur étaient pas destinés, et la scène vire au chaos total.

Pour un peu d'orWhere stories live. Discover now