6/ Rien que pour mes yeux

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Une fois, le dossier en main, Irène rejoint son bureau dans l'open-space central de l'agence... et y trouve Conti assis devant son ordinateur.

— Je peux vous aider ?

— Vous avez un super mot de passe. Je n'ai pas réussi à entrer dans votre PC.

— Encore heureux. Vous savez que c'est interdit de fouiner ?

— Je ne fouinais pas. Je voulais voir les derniers projets sur lesquels vous avez travaillé.

Irène ouvre un tiroir et prend trois grosses chemises qu'elle pose devant Conti.

— Voilà. Maintenant, j'ai besoin de mon bureau, et je crois que vous en avez un vrai, qui ferme grâce à une porte avec votre nom dessus, ce qui, comme vous pouvez le constater, n'est pas mon cas, finit-elle en englobant l'ensemble de l'open-space avec ses bras.

Il se lève avec un petit air boudeur.

— Vous n'êtes pas joueuse.

— J'ai autre chose à faire, Monsieur Conti. Je travaille, moi...

— Mais moi aussi...

— Prouvez-le !

Conti, affiche un demi-sourire et se penche vers elle.

— J'aurais espéré un peu plus de sympathie venant d'une jeune collaboratrice dont j'ai vu la poitrine ce matin et qui m'a injurié comme un charretier en pleine rue.

Irène pose le dossier qu'elle tenait jusqu'à présent et lui répond sur le même ton de connivence.

— D'abord, vous n'avez pas vu mes seins, mais mon soutien-gorge. Ce qui est loin d'être la même chose. J'imagine que vous avez déjà vu des femmes en maillot de bain ? C'est pareil. Par ailleurs, moi, j'en ai vu beaucoup plus, si nous allons par là. Ensuite, si je vous ai injurié, c'est que vous le méritiez... j'aurais pu mourir...

— Vous en avez vu beaucoup plus... intéressant... vous regardiez depuis longtemps ?

Irène pose son menton dans sa main et lui sourit en le fixant.

— Ok. Je n'ai pas posé la question, dit-il en riant.

— C'est mieux, réplique-telle en se mettant au travail.

Elle le voit s'éloigner du coin de l'œil. Il faut vraiment qu'elle se trouve des rideaux ou qu'elle évite les fenêtres de l'appart jusqu'à nouvel ordre.

— Dis-donc, c'est chaud entre vous...

Évidemment, Louisa n'en a pas perdu une miette. Elle fait rouler sa chaise de bureau jusqu'au bureau de Irène.

— On mange ensemble et tu me racontes ?

— Il n'y a rien à raconter, Louisa. Par contre, je veux bien manger avec toi... parce que toi, tu as des trucs à me dire, petite dévergondée ! C'est quoi ce message que je n'ai vu que ce matin parce qu'à l'heure indue où tu me l'as envoyé, je dormais, moi !

Louisa rit en réintégrant son box. Irène admire la coiffure savamment tressée que son amie arbore, agrémentée de rubans assortis à sa robe et à ses chaussures, des escarpins vertigineux, comme d'habitude. Louisa est magnifique, elle aussi, mais dans un autre genre que Flore qui fait plutôt beauté froide. Louisa est un soleil joyeux. Irène se demande pourquoi elle est entourée de telles canons ! Elle aurait dû choisir une agence avec des moches. Au moins, elle ne se serait pas sentit si normale et anodine.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant