30/ Friendzone

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Louisa scrute l'assiette que Conti a mis devant elle. Irène fait la même chose avec sa propre assiette. Il soupire.

— Bon. Effectivement ce sont des œufs. Des poussins en devenir, tués pour nourrir les affreux carnivores que nous sommes. Mais je ne pense pas qu'une messe soit de mise...

La blague tombe à plat. Il soupire encore et commence à manger. Le chat s'invite sur le comptoir et vient de manière totalement inattendue se frotter à la main d'Irène. Elle fixe l'animal avec perplexité.

— Ce chat est bizarre.

— Pourquoi ? demande Conti.

— Il n'accepte mes caresses qu'à des moments bizarres...

— Donc, il est bizarre lui-même. Déduction étrange. Vous êtes donc étrange, dit-il en continuant à manger.

Irène et Louisa échangent un coup d'œil rapide.

— Non. Mystérieuse, dit alors Irène avant de pouffer de manière irrépressible.

— Mystérieuse ? répète Conti intrigué.

— C'est ce qu'il t'a dit ? demande Louisa en levant les bras au ciel. C'est pas vrai ! Ma che cavolo! Il n'a pas changé ! Il disait déjà ça pour emballer quand il était ado !

— Oui ! C'est vrai ! Je m'en souviens maintenant ! éclate Irène en riant aux éclats.

Le changement d'atmosphère échappe totalement à Conti qui regarde les deux jeunes femmes, perplexe.

— Donc, là, vous n'êtes plus fâchées ? dit-il en les montrant du doigt l'une et l'autre.

— On n'a jamais été fâchées.

— Même pas quand elle me rabattait les oreilles avec mon frère, Vincente.

— Oh ! Non ! Ne remets pas ça sur le tapis ! Erreur de jeunesse ! Il y a prescription !

— Ah ! Parce que vous, vous avez eu l'autorisation de sortir avec le frère de Mlle Manoukian.

— L'un de mes frères, et pas le plus brillant !

— Oh ! Purée ! C'est vrai qu'il n'a jamais été très... Mais qu'est-ce qu'il embrassait bien !

— Ahhhhh ! Je ne veux rien entendre ! Sinon ! Giovanni sera dans mon carnet de rendez-vous de la semaine prochaine.

— Tu ne ferai pas ça ! Tu ne l'aimes même pas ! C'est juste que ça fait longtemps que tu n'as pas...Aïe !!! Mais quoiiii !

Irène vient de lui donner un coup de pied et lui montre Conti en faisant les gros yeux.

— Ah. Oui ! Mais bon ! Il ne compte pas. C'est ton voisin. Il t'a vu à moitié nue et toi tu l'as vu totalement nu. Et tu bosses avec lui. Et il vient faire le petit déjeuner.

— Friendzone ? lance Conti en avalant sa dernière bouchée d'omelette.

— Définitivement.

— Merde. J'y vais. J'ai une réputation à tenir... dit-il en se levant.

Une fois la porte refermée. Les deux jeunes femmes éclatent de rire.

— Et ne bossez pas trop, Mlle Manoukian, dit-il en repassant la tête dans entrebâillement de la porte.

Fenêtre avec vueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant