Chapitre Cinq

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"Tout est sauvé si l'on demeure capable d'étonnement"

Jean Guéhenno

*****

Point de vue d'Alexander :


Je dois admettre que M.Parker est un jeune homme plutôt séduisant, avec son visage si parfait et ses lèvres fines qui donnent envie de les embrasser, mais bon sang ! Je suis divorcé depuis cinq ans maintenant et je n'ai jamais cherché à retomber amoureux depuis. Mes amis ont tout fait pour que je tourne la page avec Natacha, mais comment peut-on oublier son premier amour, cet amour qui nous faisait pousser des ailes et qui, un beau jour, nous détruit sans remords, réduisant notre existence à néant.


Alors que je me dirigeais vers mon bureau, j'entendis une conversation entre mes deux enfants :

« Alors, comment est le nounou ? » demanda ma fille.« Oh Katy, il est vraiment très gentil. Il a même accepté de jouer avec moi, alors que Frida m'a réprimandé en me disant : "Votre père ne serait pas fier d'apprendre que vous embêtez les adultes", » dit mon fils en imitant Frida d'une voix aiguë. 

Mon Dieu, il a un talent fou pour imiter les voix de n'importe qui. Je suis sûr qu'il pourrait devenir comédien ou acteur plus tard.

« C'est un bon point pour lui. J'espère que je m'entendrai bien avec lui, mais je pense que papa s'entend bien lui aussi avec notre nounou, » dit-elle avec une voix pleine de sous-entendus. Pardon ? Ai-je manqué quelque chose ?!« Que veux-tu dire, Katy ? » demanda mon fils. 

« Oui, que veux-tu dire, ma fille, » pensais-je.

« Eh bien, j'ai surpris papa... » J'allais enfin savoir le fin mot de l'histoire lorsque Frida hurla depuis la cuisine :« Le dîner est servi ! »« Oh, tu ne pouvais pas attendre deux minutes, toi ?! » hurlai-je intérieurement, emporté par la colère.


Je m'apprêtais à partir lorsque la porte de la chambre s'ouvrit, laissant apparaître une Katy surprise de me trouver derrière. Elle me demanda ce que je faisais là et je lui répondis du tac au tac :« Je venais seulement vous prévenir que le repas était prêt, mais Frida m'a pris de court, » dis-je en essayant de dissimuler ma frustration de ne pas avoir pu entendre la fin de sa phrase. 

Nous descendîmes tous les trois vers la cuisine, où une délicieuse odeur de homard flottait dans l'air.

« Mmmh, du homard ! Laissez passer, j'ai faim, » criait Tyler en se précipitant vers la table où Frida était en train de déposer le plat.« Et bien, jeune homme, un peu de patience, veux-tu, » m'exclamai-je face à son comportement.« Et d'ailleurs, avant de manger, va donc te laver les mains avec ta sœur, veux-tu, » dis-je à Tyler.« Mais papa, c'est du homard, tu ne peux pas me faire ça ?! » pleurnichait Tyler.


« Tyler ?! » prononçai-je d'une voix forte pour lui montrer que j'étais très sérieux.« Oh, très bien, pfff, » râla mon fils en se dirigeant vers l'évier de la cuisine.« Ah, les enfants de nos jours, » s'exclama Frida en me servant un verre de vin.« Il faut avoir du courage pour en vouloir déjà, mais en plus, quand je pense que certains sont prêts à s'occuper d'autres enfants ! Mon Dieu, ce métier me conduirait tout de suite vers un hôpital psychiatrique, ». 


Vexé je lui rappelai que la fibre parentale n'était pas donnée à tout le monde, la fusillant du regard. Elle ne releva pas mes propos et partit dans la cuisine, d'où les enfants revenaient les mains propres pour s'installer autour de la table. Nous commencions à manger lorsque ma fille me posa une question qui me parut étrange au premier abord :

« Dis, papa, comment trouves-tu le monsieur que tu as engagé comme notre nounou ? » demanda-t-elle en me souriant.« Eh bien, je dois dire qu'il est très agréable et je pense que tu t'entendras bien avec lui, » réussis-je à dire non sans difficulté, car lorsque j'évoquai Jonathan, son visage me revint en tête et j'essayais de le chasser en buvant d'une traite mon verre de vin.« Oh, alors j'ai hâte qu'il vienne vivre chez nous, comme ça, lorsque tu seras au travail, nous pourrons enfin nous amuser sans devoir t'attendre à ton cabinet d'avocat, » prononça-t-elle avant de se replonger dans son assiette. Waouh, si même ma fille me trouve ennuyeux, je peux déjà l'oublier.


« Qu'as-tu dit, papa ?! » demanda mon fils, qui me fixait maintenant avec des yeux ronds comme des ballons de football. Seigneur, dites-moi que je n'ai pas prononcé tout haut ce que je viens de penser il y a deux secondes à peine.« Euh, rien d'important, trésor. Papa est juste un peu fatigué, » lui dis-je tout en lui ébouriffant les cheveux avant de quitter la table.


« Monsieur est souffrant ? » me demanda alors Frida, qui revenait de la cuisine avec un fabuleux clafoutis qui, d'ordinaire, m'aurait fait saliver, mais pas ce soir. Je lui répondis que j'étais simplement fatigué. Je quittai donc la table et me dirigeai rapidement vers ma chambre. Une fois arrivé, je m'allongeai sur le lit et trouvai, à ma grande surprise, le sommeil, même si mon esprit était encore chamboulé par les récents événements.


Point de vue de Jonathan :


« Je te dis qu'il est trop beau, et oh, si tu l'avais vu me regarder, j'avais l'impression d'être la proie et lui le chasseur, » m'exclamai-je en rigolant de ma métaphore.« Eh bien, dis-moi, John, il ne perd pas de temps, » gloussait Val depuis l'autre bout du fil.« Quoi ? Il n'y a rien de mal à trouver son employeur beau, » dis-je pour me défendre.« Bien sûr, et tu veux me faire croire que lorsque tu vivras chez eux, il ne se passera rien entre vous deux ? »« Mais Val, tu te rends compte de ce que tu dis ?! On dirait que je suis un homme qui saute sur tout ce qui bouge, » dis-je clairement vexé.


« Oh, John, tu me connais, j'aime te taquiner. Mais sérieusement, tu vas vivre sous le même toit qu'un homme décrit comme étant vraiment hyper craquant, et tu me dis qu'il ne se passera rien entre vous deux ? »« Parfaitement, Val. J'ai retenu la leçon avec David, et je ne suis pas prêt à refaire la même erreur si tôt. »« Mais John, cela fait maintenant trois ans que vous n'êtes plus ensemble. Tu devrais vraiment essayer de tourner la page et donner une chance au destin. Qui sait combien de prétendants tu as laissés passer à cause de ta conviction que tous les hommes sont des salauds, sans cœur. » 

Je l'écoutais et, au fond, je savais qu'elle avait raison, comme toujours d'ailleurs, ce qui commençait à devenir assez effrayant.

Nous sommes restés au téléphone pendant encore une demi-heure avant que je décide qu'il était tard et que je devais aller me coucher. Je la remerciai pour ses conseils et raccrochai. Je me dirigeai ensuite vers la salle de bain, où je pris une douche froide pour chasser l'image de mon pardon, Monsieur Brown,  Voyant que cela n'avait aucun effet, je me dirigeai vers ma chambre, réglai mon réveil à 7 heures, pris un somnifère  et me glissai dans mon lit où je m'endormis rapidement.

Changement de vie.Where stories live. Discover now