Chapitre Trente-Trois

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"La vie n'est qu'un noeud de rancunes inextricables"

Gao Xingijan

*****

Point de vue de Viviane :

Après ma discussion avec une ancienne connaissance, ma colère ne s'était pas apaisée. Une fois de retour dans ma chambre d'hôtel, j'ai élaboré un plan méticuleux. Convaincu que le moment était venu de passer à l'étape suivante, j'ai fait signe à un taxi de s'arrêter, puis je me suis engouffré à l'intérieur. D'un ton déterminé, je lui ai demandé :

« Connaissez-vous un magasin ou bien un endroit spécifique où je pourrais trouver une arme à feu ? » Demandais-je en mettant la ceinture de sécurité.

Le chauffeur me regarda avec des yeux de merlan frit, se gratta violemment sa gorge avant de me répondre : « C'est pour vous défendre ?! »

« Non c'est pour aller pêcher ! Bien sûr que c'est pour me défendre ! vous savez il est très imprudent pour une femme de mon âge de voyager dans les rues seule donc c'est juste pour me sentir alaise. » Prononçais-je en lui donnant mon plus beau sourire hypocrite.

« Je connais un endroit où vous pouvez facilement acheter n'importe quelles armes à des prix raisonnables, mais quand même il faudra que vous sortiez votre porte monnaie Madame. »

« Pour l'argent ne vous en souciez-pas j'ai bien assez sur moi pour me payer une semaine complète dans un hôtel cinq étoiles voyez-vous » dis-je de manière hautaine tout en tapotant d'une main mon sac Dior.

Je vis alors le chauffeur lever les yeux au ciel. "Pardon ?!" m'exclamai-je intérieurement, agacé par son attitude. "C'est quoi son problème ?!" me demandais-je, troublé par le comportement du chauffeur. "Enfin, je ne fréquente pas ce milieu, et puis comme le dit une pub très bien connue : 'Nous n'avons pas les mêmes valeurs !'" pensais-je, tout en me repoudrant et en remettant mes cheveux en ordre.


Une fois que j'eus terminé, je remarquai que nous n'avions toujours pas bougé d'un pouce. "Bon, ok, on respire un bon coup, on se calme. Les oiseaux chantent, il fait beau, restons zen. Ne va surtout pas lui refaire le portrait, Viviane, reste zen," me répétais-je en boucle pour éviter de faire un scandale ou, bien pire, d'exploser de colère.


« Bon et bien conduisez-moi à cet endroit je vous pris. Et oh oui pouvez-vous vous dépêchez je n'aime pas trop attendre dans les embouteillages, vous serez gentil. »

Le brave homme obtempéra puis il mit se clignotant pour indiquer qu'il entrait sur la route puis roula sans dire aucun mot jusqu'à la destination.

Au bout d'une vingtaine de minutes, la voiture s'immobilisa et l'homme se retourna vers sa cliente pour l'informer qu'ils se trouvaient en plein embouteillage. Au départ, elle ne voulut pas le croire et s'apprêtait à l'injurier lorsque sa voix fut couverte par le bruit strident d'un klaxon. Surprise, elle fit volte-face et dirigea son regard vers la vitre arrière pour découvrir l'auteur de cette perturbation bruyante.

Elle aperçut alors une berline noire, conduite par un homme d'environ trente ans, qui commençait à hurler et à râler à l'intérieur de sa voiture. L'individu en question redonna un coup de klaxon, et cela fut la goutte de trop. Sans réfléchir davantage, elle passa sa tête par la fenêtre et hurla en réponse à l'homme :

« "Oh, le branque de service ! Vous avez des problèmes de vue ou quoi ?! Vous ne voyez pas que vous n'êtes pas tout seul à être coincé dans les bouchons ?! Mais ma parole, si c'est pour être un dangereux conducteur, on a inventé d'autres moyens de locomotion, le vélo par exemple !!"»

Changement de vie.Where stories live. Discover now