Chapitre soixante

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"Le désir de l'amour engendre l'amour."

Tahar Ben Jelloun

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Point de vue d'Alexander :

Les jours s'égrenaient lentement, mais le souvenir de l'interview de Jonathan me hantait toujours. Chaque image de son passage à l'écran ravivait en moi une myriade d'émotions, oscillant entre désir et chagrin. Ses mots résonnaient encore dans mon esprit, tel un doux murmure porté par le vent. Je savais que le temps était venu d'agir, de tout tenter pour le reconquérir.

Les nuits étaient agitées, mes pensées dansaient avec les ombres de mon passé. Je me revoyais dans ses bras, notre amour flamboyant comme un feu qui ne s'éteindrait jamais. Mais l'inévitable était arrivé, et nos chemins s'étaient séparés. Pourtant, une petite étincelle persistait, prête à se transformer en brasier si je lui en donnais l'occasion.

Un après-midi, alors que le soleil se reflétait dans les yeux brillants de mes enfants, je pris une décision. J'allais me battre pour ce qui comptait vraiment, pour cet amour qui avait été mon phare dans l'obscurité. Mes pas me conduisirent dans le salon, le cœur palpitant, guidée par une force nouvelle, celle de l'espoir.

Je pris mon courage à deux mains, ma main tremblant légèrement, et composai son numéro avec une pointe d'anxiété. Chaque pression sur les touches du téléphone résonnait dans mon esprit comme un écho du battement de mon cœur. Chacun de ces bips, lourd de sens, annonçait le début d'une conversation qui pourrait changer le cours de notre destin.

Après plusieurs bips, une voix se fit entendre de l'autre côté, comme une mélodie céleste venue apaiser mes craintes. Son timbre était à la fois rassurant et vibrant, porteur d'une résonance familière qui éveillait en moi une myriade de souvenirs.

« Allô ? » résonna-t-elle, s'imprégnant de curiosité.

C'était lui, sans aucun doute. Cette voix qui m'était si familière, capable de déclencher des tourbillons d'émotions dans les méandres de mon être. Le simple fait d'entendre son souffle s'enrouler autour de ces quelques syllabes me faisait chavirer.

« Jonathan... c'est moi », parvins-je à articuler d'une voix assurée, tentant de contenir l'ouragan d'émotions qui menaçait de s'échapper.

Un court silence suivit mes paroles, comme si le temps lui-même avait suspendu son cours pour écouter nos voix se rencontrer à nouveau. Puis, dans un murmure, il prononça mon nom, comme pour s'assurer que ce n'était pas un rêve éphémère.

« Je ne m'attendais pas à ton appel... » avoua-t-il avec une pointe de surprise et d'hésitation.

Je sentais que cette conversation délicate était comme un fil tendu entre nos âmes, prêt à se briser au moindre faux pas. Alors, je pris une profonde inspiration, me lançant dans cet équilibre périlleux avec détermination.

« J'ai vu l'interview... » commençai-je, les mots se formant avec précaution. « J'ai vu le chagrin dans les yeux de nos enfants... et cela m'a fait réaliser à quel point tout cela nous a affectés. »

Il y eut un léger soupir de sa part, comme s'il était à la fois soulagé et vulnérable devant cette révélation. « Je ne voulais pas leur faire de mal... » avoua-t-il sincèrement. « Mais je pensais que c'était le mieux pour tout le monde... »

« Jonathan, je ne peux pas nier que notre séparation a été difficile, mais je crois qu'il est temps de laisser le passé derrière nous et d'essayer de reconstruire quelque chose de nouveau, ensemble », dis-je d'une voix douce, laissant transparaître toute la sincérité de mes intentions.

Changement de vie.Where stories live. Discover now