Chapitre 15

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Grand Corps Malade et Camille Lellouche 'Mais je t'aime'

Après le rêve, le nuage, la perfection, après les câlins, les baisers, les rendez-vous, les regards, après l'amour, les promesses, la relation, après tout ce qui fait d'un couple un couple vient la désillusion, la violente réalité, la vérité. Et la vérité, au bout de dix mois de relation, c'est que tout tombe en morceau. Aux yeux de tout le monde, Mark et Donghyuck compris, le couple de Jeno et Jaemin est aussi merveilleux et parfait qu'au premier jour, et c'est ce que tout deux font croire mais la vérité est tout autre. Ils ne se disputent pas, il n'y a aucune violence, morale au physique. Juste un éloignement. C'est à peine visible parce qu'ils mettent tout en scène pour que cela ne se voit pas et qu'ils n'en parlent pas, préférant rester ce couple que tout le monde jalouse aux yeux du monde. Parce que ça a quelque chose de rassurant. Ça donne l'impression que le monde n'est pas entrain de tomber en morceau, que tout est normal.

Jaemin souffre de cette situation. Énormément. Il fait tout ce qu'il peut pour rester proche de Jeno, ou du moins d'en donner l'illusion mais celui-ci ne fait que s'éloigner, toujours plus. Bien sur, il le cache avec des cadeaux à foison, des câlins et autre contact physique niais en public, mais Jaemin le sais, le sent. Jeno n'est plus le même. Il ne lui envoie plus autant de messages qu'avant, il annule ou refuse leurs rendez-vous avec des excuses aussi mauvaises les unes que les autres, ne répond plus ou uniquement d'un air désintéressé qu'il n'aurait jamais arboré auparavant. Adieu tendresse et bulle d'amour. Il le sait, les sentiments de Jeno on changeait, il n'y a rien de plus évident, mais il l'aime toujours, du plus fort qu'il le peut. Après tout, il l'a sauvé, il lui a redonné foi en cet amour qu'il ne voyait plus que comme un mythe, il lui a donné une nouvelle famille, lui reconstruisant des souvenirs qu'il chérit aujourd'hui. Sans Jeno, que deviendrait-il ? Il serait de nouveau le garçon seul dans une famille qui le déteste, celui qui est terrifié par la plus petite chose, qui ne croit plus en l'amour, plus en plus en personne, plus en rien.

Il sait au fond de lui, ce qui se passe, que ça ne tourne pas rond, que la rupture s'approche de plus en plus, qu'ils finiront par se quitter, demain, le mois prochain ou peu importe. Ils ne dureront pas longtemps et le savent. Il ne fait qu'espérer. Il entend les mots que Jeno chuchote au creux de son oreille quand ils sont avec des gens, il en profite, les grave dans sa mémoire pour ne jamais les oublier, au cas où ils seraient les dernier. Il les savoure comme un bonbon qui fond trop vite.

« Je t'aime si fort. »

« Du fond de mon cœur je t'aime. »

« Tu es tout pour moi. »

« Tu es le seul. »

Mais ce ne sont que mensonges après mensonges, qui se répètent comme les jours qui passent, comme la routine ennuyante de la vie. C'est comme le soleil après la pluie. Sauf que la pluie et les nuages reviennent toujours, assombrissant même le plus beau ciel d'été, cachant le soleil du bonheur par le gris du désespoir. Jaemin le sait, bien évidemment, toute sa vie se résume à ça : le bonheur de l'enfance à été remplacé par un secret pesant, sa première relation s'est fini en harcèlement et son nouveau rayon de soleil, celui qui l'a sauvé, qui l'a sorti du trou noir dans lequel il s'enfonçait toujours plus est doucement en train de le quitter, comme on quitte quelqu'un qui n'a plus besoin de nous. Mais Jaemin a encore besoin de lui, comment ferait-il sans l'équilibre mental que lui garanti Jeno, comment ferait-il sans l'amour que celui-ci lui prodigue au quotidien, même si ces jours-ci ne sont peuplés que de paroles illusoire.

Pour Jaemin, et après en avoir parlé avec Jeno il y a quelques mois, il sait que son petit ami est d'accord, l'amour est comme le feu. Il suffit de craquer une allumette pour l'allumer. Parfois c'est juste pour allumer une petite flamme de bougie et d'autres c'est jeter pour faire un bûcher ou un feu de joie. Le feu de joie, ce sont les mots de Jeno, et ils ont tous les deux décidé que c'est ce qui représentait le mieux leur relation. Un immense feu de bonheur, une chaleur rassurante. C'est cela. C'est ce qu'ils sont. Blottis l'un contre l'autre auprès du feu de l'amour, observant les flammes danser devant leurs yeux. Du moins, c'est ce qu'ils étaient. Le feu de joie est devenu fort, bien plus fort, bien trop fort. Il les a brûlé, dévoré, consumé, ne laissant de leur histoire d'amour qu'un petit tas de cendre. Un tas de cendre encore chaud, encore fumant, qui finit peu à peu de s'éteindre. Un Jaemin souffle et souffle encore dessus, espérant pouvoir le faire repartir, s'accrochant, aux flammes imaginaires qui dansent encore devant ses yeux. Il se dit que, peut-être, Jeno se rendra compte, que peut-être il l'aidera, que peut-être leur couple n'est pas perdu, qu'il peut encore être sauvé du temps qui passe et des sentiments qui fanent.

Mais il sait que Jeno s'en fiche, il sait qu'il arrose peu à peu ce feu que Jaemin met tant d'énergie à relancer. Il sait que Jeno s'éloigne de lui, peu à peu, que leurs vies, pourtant encore entremêlée, sont entrain de prendre des chemins différents parce que Jeno tire sur la corde pour se libérer. Et même s'il le sait, Jaemin ferme les yeux. Parce qu'il aime. Il aime encore. Et il ne veut pas arrêter, pas imaginer les cendres froides, les fleurs qui ne se rouvriront jamais. Il l'aime et c'est dangereux pour lui. Ça le dévore, plus encore que les flammes ne le faisaient. Ça le détruit. Mais il l'aime. Mais il l'aime. Il l'aime. Il l'aime. Aimer. Aimer. Plus fort. Encore. Mal. Dangereusement. Lâche prise Jaemin, le Jeno d'avant te supplierait de lâcher prise. Mais le Jeno d'avant n'est plus là, Jaemin est seul face à cette situation qui le dépasse. Et il aime encore ce Jeno, ce Jeno de ses souvenirs, de ses rêves. Ce Jeno qui s'est effacé.

Singing : HappierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant