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PDV SOANE

Elle est blessée, je le sais, je ne voulais pas, ce n'était pas volontaire, je m'en veux, son regard quand elle s'est levée et qu'elle est partie, c'était le regard le plus triste que j'ai vu de ma vie, j'aurais pu lui mettre une baffe ça aurait eut le même effet que les mots qui sont sortis de ma bouche, je lui ai craché du venin au visage, je ne pouvais pas m'enfoncer plus qu'avec ces mots, mais que voulait-elle que je dise que c'était ma femme, ma fiancée, ma petite amie, mon amie ma cousine ?
Je ne peux savoir si elle n'en parle pas, je ne savais pas quoi dire moi, alors oui je n'ai clairement pas utilisé les bons mots, mais elle ne montre aucuns sentiments à mon égard ou alors tellement rarement que je me demande si ce n'est pas moi qui invente ces moments pour me rassurer.
Qu'attend-elle de moi, que je l'aime, que je la protège, que je lui enseigne, les trois en même temps ?
Je ne peux pas savoir des choses qui ne sont pas verbalisées, je ne suis pas magicienne, ventriloque ou psychanalyste.
Je pense que même, elle ne sait pas ce qu'elle ressent pour moi, alors dire que c'était ma copine aurait peut-être été trop précipité et dire que c'est mon amie est blessante, je suis perdue, si seulement il y avait un guide pour ce genre de situation, ça me sauverait la vie !!

***18 h 00

Je rentre chez moi après une journée éprouvante à jongler entre culpabilité et tristesse tout en devant gérer des classes de gros gamins sans vocabulaire.

Je m'affale complètement dans mon canapé ou l'odeur d'Alice est encore présente.

Je suis épuisée, épuisée de tout ça, de culpabiliser de ce que je ressens envers mon élève, épuisée de me demander si tout ça est réciproque, épuisée de me cacher, épuisée de penser à elle, épuisée de ne pas pouvoir vivre tout simplement.
Au fond, je crois que je suis contente que cette dispute ait éclaté, ça va me permettre de réfléchir à ce que je veux réellement, quels sacrifices je suis prête à faire ou à accepter la non-réciprocité de mon amour, oui mon amour pour elle.
Et cela peut aussi lui permettre à elle de réfléchir à ce qu'elle veut de moi, une amitié, une relation prof-élève, une relation amoureuse.
J'espère qu'elle réfléchira et qu'elle pourra ressortir avec des idées plus claires de cette dispute.

Je décide de lui envoyer un message, pas un message pour lui faire la morale ni pour lui dire ses quatre vérités, mais plutôt un message d'excuses.
Je prends vraiment sur moi pour cette fille, pour que moi Soane et ma fierté aussi grosse que le continent américain décide d'envoyer un message d'excuse à une fille que je connais que depuis une semaine, c'est qu'elle compte vraiment pour moi, je ne ferai ça pour personne dans ma vie.

"Salut, j'espère que tu vas mieux, je sais que j'ai encore mal agi et je suis vraiment désolée, tu dois en avoir marre de me voir cumuler gaffe sur gaffe et je le comprends, saches que je m'en veux beaucoup et que j'espère que tu accepteras de me reparler pour mettre au clair ce dont on a encore jamais osé parler, repose-toi bien."

J'envoie le message.
Au même moment, je sens une vibration du côté gauche du canapé.
Je cherche d'où provient le bruit.
Au bout de cinq minutes de fouille, je finis par le trouver sous les coussins de mon canapé.
C'est le téléphone d'Alice, elle a dû l'oublier ce matin.

Je me lève, me couvre d'une longue veste et prends mes clés.

***19 h 06

Je suis face à la maison d'Alice, il n'y a aucune lumière, la maison est comme inhabitée.
Je prends son téléphone, le place sur le tapis de la porte d'entrée et sonne avant de m'en aller à toute vitesse vers ma voiture.
Je ne vais pas prendre le risque de croiser ses parents, ils sont sûrement déjà rentrés vu l'heure et puis même s'ils n'étaient pas là, je doute qu'Alice ait envie de me voir pour le moment, ce que je comprends parfaitement.

19 h 08

PDV ALICE

Je suis allongée dans mon lit, les larmes aux yeux, le cœur serré.
La sonnette de ma maison retentit.
Je descends à toute vitesse sans me laisser le temps de me demander qui est-ce.
J'ouvre la porte, regarde à gauche, à droite, personne, aucune voiture, même pas un vélo, je pense d'abord à une blague jusqu'à apercevoir mon téléphone posé sur le tapis devant la porte.
Je cours à présent pour faire le tour de ma maison avec l'espoir de la voir.
C'est au bout de 10 min que je rentre chez moi avec mon téléphone, mais sans soane.
Je monte dans ma chambre, déverrouille mon téléphone et regarde mes notifications, à ma grande surprise Soane m'a envoyé un message.
Je le lis en même temps que mes larmes coulent le long de mes joues.
Elle s'excuse et elle veut qu'on mette les choses au clair.
Je ne sais pas quoi en penser, j'accepte évidemment ses excuses, mais pour demander pardon, si elle a tout simplement dit ce qu'elle pensait, elle nous considère comme des amies, je ne peux pas lui en vouloir, alors elle ne devrait pas s'excuser d'avoir dit la vérité même si cette vérité m'a blessé.
Je lui réponds directement.

"Salut, ne t'excuse pas, tu as tout simplement dit que nous étions amies, je le comprends et puis ces vrais, on forme une bonne amitié, je ne vais pas t'en vouloir de nous qualifier d'amies.
Bien sûr que j'accepte qu'on parle, même si je ne vois pas ce que tu veux mettre au clair".

Je lui envoie directement sans espérer une réponse de sa part, juste qu'elle sache ce que moi, j'en pense.

Madame La Professeur Where stories live. Discover now