Chapitre 2 (24) : Dans un enchantement d'amour silencieux.

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Alors, je sais ce que vous allez me dire.

"Mais Ichiko, ça fait quelques fois que tu nous promets un procès qui n'arrive jamais, et là au lieu de nous donner cet effroyable étalage misérable de puantes émotions humaines que nous cherchons pourtant avec une soif infinie, tu te rends ailleurs ?"

Primo, je fais ce que je veux. Secundo, j'ai une bonne raison pour ne pas déclencher le procès de suite. Le Pontife nous a dit au début de la Tuerie que nous aurions tout le temps que nous désirons pour l'enquête, et je le mets à profit.

Alors que tout le monde dort, Sabbatius, Evelyn et moi sommes plantés devant la porte qui sépare les fiancées du Sataniste de la liberté. Enfin. Une liberté toute relative.

Pourquoi les visiter maintenant ?

Eh bien, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le nom de Sabbatius est bien placé sur la liste des suspects. Ses pas sont légers, rien de mieux que raconter l'histoire de ses fiancées pour apitoyer Jaako et le rendre plus simple à tuer, et il a quelque chose à protéger, mh ?

J'ai besoin d'en avoir le cœur net. Et vu le bonhomme, il est plus intelligent d'interroger ses fiancées que lui-même.

J'ai vu le regard que Shailey a posé sur le Sataniste. Les regards qu'ils posent tous sur lui, en réalité. Après tout, Jaako...était son gardien, mh ? Alors s'il se n'est pas tué lui-même, qui d'autre qu'un sataniste un poil trop exubérant, et déjà coupable de ses propres crimes, pour avoir fait le coup ?

Pourquoi emmener Evelyn avec moi ? Disons que je lui fait plus confiance qu'à Septima, pour le moment. Et, de ce que j'en sais, il n'y a que cinq personnes au courant de la présence des fiancées du Sataniste ici.

Le Pontife, Sabbatius, Evelyn, Septima et moi-même.

Le Sataniste marmonne les deux mots de passe tout bas. On est au beau milieu de la nuit, apparemment, et tout le monde est allé se coucher pour être un tant soit peu en forme pour le procès. Est-ce qu'un seul d'entre eux dort réellement ? Je n'y crois guère.

Les portes s'ouvrent, nous pénétrons dans l'idyllique jardin. Il fait chaud, sombre. Personne en vue.

- Les filles ? Sortez, c'est Ichiko et le Prince...

- Evite de m'appeler comme ça, gronde Evelyn.

- Au moins on te reconnaît, souffle une voix sombre, infiniment douce, juste derrière moi.

Bordel de. Comment fait-elle à chaque fois pour se glisser derrière nous sans que je ne l'entende, cette maudite sorcière rousse immense ? Elle ne me regarde pas, son oeil unique est fixé sur Evelyn, et je ne lis pas beaucoup de sympathie dans cet oeil là.

- Merili ! Soit polie avec Evelyn, s'il te plaît...

- Il n'a pas fait grand chose pour mériter mon respect. Pour tout dire, il sent la mort si fort que je suis étonnée que vous en vous évanouissiez pas.

Son ton, mordant, glacial même, me fait déglutir. Il n'y a aucune odeur de mort qui se dégage de mon frère, mais je sais que ce n'est pas de cela qu'elle parle.

- Excuse Merili, Evelyn, elle...

- Je ne suis plus à ça près. Merci.

La sorcière rousse étouffe un ricanement qui, malgré la dureté de sa voix, sonne doux, un alto vibrant à mes oreilles.

- C'est donc toi, le Monokuma déchu. Un mouton parmi les loups ? Pour tout te dire, tu ressembles plus à un louveteau. Inoffensif, mais tout aussi cruel que les autres.

Danganronpa : Sacrement SépulcralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant