Chapitre 4 (18) : De voir ce qui m'attend au terme du chemin.

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Bien peu de choses auraient pu rendre ces jours plus sombres. Et le retour du Pontife en est une.

Il est apparu, un matin, pendant le petit déjeuner. Immense, menaçant, pareil à lui-même en son image sombre, cruelle, ce masque froid, sans émotion. Ces yeux, ceux qui ont tué Natat et Konrad.

Il nous a réunis. Ou plutôt, a appelé de ses vœux notre présence dans la Cathédrale. Mais personne n'a osé lui désobéir. Assemblés autour des pupitres, la tension est palpable. Certains conservent un maigre sourire. Celui de ceux qui croient qu'ils ont vaincu leur Monokuma.

Mais je fais partie des autres. Mes yeux dérivent, de Kendra et sa bravade affichée à Septima qui tapote doucement ses doigts contre son pupitre. Pourquoi nous réunir ici ? Un procès ? Pourtant, j'ai beau regarder, il n'y a pas le moindre mort parmi nous. Sabbatius m'a même confirmé que ses épouses étaient en lieu sûr.

Alors pourquoi ?

Pourquoi nous réunir ? Pourquoi n'est-il pas encore là ? Pourquoi, après avoir promis qu'il interférait plus ? Pourquoi Kendra me regarde-t-elle ainsi ?

- Eh...Vous savez pourquoi on est là ? grimace Cyrus.

- Pas la moindre idée, hélas, soupire Teodora en retour. Mais c'est probablement une annonce de mobile.

Oui, sans doute. Si nous sommes tous en vie...

- C'est pas ça, grogne Rachel.

- Pardon ?

- C'est pas une annonce de mobile. C'est pire.

- Tu veux bien préciser ? demande Sabbatius.

Hélas sa question n'aura pas de réponse immédiate. Car le son des pas du Pontife se fait entendre. Tout comme le premier jour, il remonte la Cathédrale lentement. Mais depuis ce fameux premier jour, il y a eu six morts. Six pupitres vides, et ceux qui restent n'ont pas bien fière allure. Je vois Evelyn fixer le siège de Konrad, sans prêter attention à l'arrivée du Pontife.

Certaines blessures du passé ont bien du mal à se refermer, n'est-ce pas ?

Notre tortionnaire atteint son autel. Plonge les doigts dans un calice, les ressort trempés, se signe.

- Que fait-on ici ? grogne-je à l'adresse du géant.

Il me répond par un simple regard. Aucune émotion. Comme d'habitude, j'imagine. Puis, il se met à parcourir de ses pupilles si minuscules dans son corps si gigantesque la salle. Chacun de nous.

Evelyn. Le siège vide d'Aigjarn. Celui de Jaako. De Konrad. De Natat. De Toshiki. Puis Kendra. Cyrus. Moi. Theoris. Shailey. Edel. Teodora. Sabbatius. Septima.

Et enfin le siège vide de Serbaz.

- Je me dois de vous féliciter. Cela fait bien longtemps que vous conservez une ambiance de franche camaraderie. Et cette fois, Evelyn, tu n'y es pour rien.

- Merci, j'imagine, grogne mon frère en croisant les bras.

La voix du Pontife, malgré ses mots légers, est pleine d'une émotion que je ne saurai décrire. Lassitude, rage soigneusement contrôlée, calme total, c'est beaucoup qui pourraient être sans que je n'en distingue une en particulier.

- Viens en au fait, Pontife ! s'exclame Theoris.

- J'y arrive.

Il se signe une nouvelle fois, et entonne d'une voix grave :

- J'ai décidé de vous aider dans vos désirs de conciliation. Vous semblez désirer, si fort, vous entendre. Mais tout ceci manque cruellement de vérité.

Danganronpa : Sacrement SépulcralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant