Chapitre 4 (28) : Font un cirque parfait, d'un dessin fabuleux.

50 11 111
                                    

Les interrogatoires, menés par Cyrus et Edel, n'ont pas donné grand chose. Pas plus que notre enquête de terrain. Lorsque Evelyn est revenu parmi nous, il a simplement déclaré qu'il avait une assez bonne idée du coupable, sans préciser.

Il s'est excusé de sa paranoïa, aussi. Oui, j'en suis la première surprise aussi.

Enfin, nous voilà tous réunis dans le réfectoire, à se regarder dans le blanc des yeux. Ça faisait longtemps, tiens. Tous ensemble, comme ça....Et cette tension, qui est un drôle de mélange entre celle qui a suivi la mort de Jaako et celle de Toshiki.

Un mélange d'incompréhension et de relâchement maigre. La pensée que le meurtre est tombé, que l'on ne peut plus rien y faire. Les visages et les traits tirés, les tasses de café de ceux qui n'ont pas dormi depuis le meurtre.

J'en fais partie. Scrupuleusement, j'observe chacun et chacune autour de moi. Leurs visages. Leurs postures. Qui a tué ? Oh, beaucoup. Mais qui l'a tuée, elle ?

Nous ne sommes plus que dix. C'est beaucoup. Et c'est peu.

Shailey, qui se ronge les ongles nerveusement, le regard fixé sur sa tasse sans oser la boire. Elle réfléchit, je le vois bien. A comment s'échapper de pareille situation, ou à qui a fait le coup, comme moi ?

Kendra pianote sur son ordinateur. Elle a son énorme bête perchée sur son épaule. Le son de ses doigts sur le clavier me rappelle douloureusement le synthétiseur qu'elle employait durant le mariage. Comme ces temps insouciants semblent lointains....A l'exception qu'ils n'ont jamais réellement été insouciants. Au contraire.

Déjà à ce moment, ils portaient la marque puante de quelques condamnés dansant autour du feu avant que la nuit ne les engloutisse.

Septima est à mes côtés, à gauche. Par moment, ses doigts effleurent les miens, une invitation à les saisir, sans doute. Invitation que je ne peux accepter. J'ai trop mal au cœur pour cela.

Sabbatius est à droite. Il se ronge les ongles, lui aussi, et presque jusqu'au sang. Toujours aucune nouvelle de sa femme, j'imagine. Je serai terrorisée aussi, à sa place.

Correction, je suis terrorisée, parce que je suis à sa place.

Teodora tourne et retourne un dessin rapide qu'elle a fait de l'horloge entre ses mains. C'est cela, le point qui semble la tracasser le plus. Pas la mort. Pas l'eau. L'horloge qui a frappé minuit. Votre Majesté, ne savez-vous donc pas que les monarques adeptes d'horlogerie ne tiennent pas longtemps ?

Theoris tremble. De tous ses membres. C'est déjà la quatrième cigarette qu'elle finit depuis qu'on est ici, mais personne ne trouve vraiment le cœur de l'arrêter. Ce qui fait que la pièce toute entière commence à disparaître dans les résidus de cette maudite fumée. L'odeur a déjà imprégné les murs.

Enfin, Cyrus est debout, les bras croisés, tournant en rond. Son visage est crispé par la peur. Envolée, la belle assurance.

Jusqu'à ce que le Pontife franchisse la porte.

Là, le Masseur lui adresse un sourire provocateur, et lance :

- Venu te repaître de nos mines attristées ?

- Pas réellement. Au contraire, je porte de bonnes nouvelles.

- Si ça concerne pas Sorashiko, je veux rien entendre, gronde Sabbatius en venant attraper mon coude et le serrer fort, très fort.

Il a peur. Mais il fait face au géant sans hésiter. L'amour donne des ailes, je suppose.

- Cela la concerne.

Danganronpa : Sacrement SépulcralDonde viven las historias. Descúbrelo ahora