Chapitre 3 (11) : Pour aider et fournir aux massacres atroces

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L'ambiance dans la Cathédrale a quelque de sombre, d'oppressant. Tous se dévisagent avec hostilité, entre camps rivaux. Sauf nous, le camp de la neutralité. Le pouvoir des Suisses j'imagine.

La Reine a quelque chose de superbe, ainsi. Droite sur ses jambes, le regard d'acier, le visage figé en une expression dure, elle a tout de la reine.

Sa bouche s'ouvre, et sa voix commence à égrener :

- Je n'aime pas la dictature. Je n'aime pas l'ordre avant tout. Au sein du Danemark, j'ai tout fait pour les empêcher de m'offrir les pleins pouvoirs.

- Ce que disent tous les dictateurs, l'interrompt Theoris avec un ricanement.

Elle demeure une nouvelle fois imperturbable. Je vais finir par croire que c'est Theoris; l'adversaire de Teodora ici, et non pas le Pontife.

- Nous n'avons posé qu'une seule chose, dans ce débat. La condition sine qua non à la recherche de solutions est que la fin du monde devienne une chose réelle. Pour le moment, elle n'est qu'hypothétique. Et tant qu'elle demeure en cet état, je refuserai un ordre total. Me suis-je bien faite comprendre ?

- Claire comme de l'eau de roche, votre Majesté, commente Rachel avec un sourire narquois.

La reine prend une grande inspiration. Son doigt se tend vers le ciel, la coupole, le soleil que l'on distingue tout là-haut, qui envoie son rai de lumière pour nous bénir, nous les sacrifiés.

- Je serai brève. Mes idées s'appuient sur plusieurs thèses, parmi lesquelles celle de Sanae Takeda, ex Ultime Psychiatre, avant qu'elle ne soit censurée. Pour faire très simple, Takeda explique dans ses travaux que le Désespoir est une maladie mentale. Elle provoque une souffrance psychique effroyable chez ceux qui en sont atteints, souffrance qui peut se traduire, notamment, par des comportements inhumains.

Pause. Elle respire doucement, ses yeux parcourant son auditoire.

- Fusae Amane pensait que les Génies étaient essentiels au progrès humain. Mais il a aussi mis en garde contre ce Désespoir qu'il pressentait déjà. Selon lui, ce Désespoir qui peut nous atteindre est la clé de la fin du monde. Une boîte de Pandore. Dès lors que le Désespoir frappe quelqu'un, on ne peut plus le sauver.

- C'est pas super gentil pour moi, ça ! s'exclame Rachel.

- C'est justement toi que j'allais évoquer.

Elle croise les bras.

- Je ne crois pas en l'impossibilité de sauver les Désespérés. J'ai lu le livre de Wen Xiang Monogatari, et je crois sincèrement que pour s'immuniser contre le Désespoir, il faut l'avoir expérimenté. Il faut avoir souffert, il faut avoir compris exactement ce que nous affrontons pour réellement s'opposer à lui.

Certains grimacent, dans l'assistance. Cyrus, tout particulièrement, dont le visage s'est déformé. D'autres baissent les yeux, comme Shailey. Je vois ses mains frotter doucement ses avants bras. Evelyn soupire, Rachel sourit. Jusque là, rien d'anormal.

- Mais revenir du Désespoir...Cela demande une discipline mentale stricte. Cela demande de l'ordre, cela demande un contrôle absolu des Désespérés. Cela demande de la logistique, des armées de psychiatre, des études précises et non pas jeter des gens à la mort comme de vulgaires bouts de viande, ce qui est précisément ce que vous faites, les Monokumas !

Le Pontife ne dit rien. Bien au contraire, son visage se pare d'un léger sourire. Un simple mouvement à la commissure des lèvres qui suffit à totalement embraser l'oratrice.

- C'est ce que disait ton adelphe, Kasjasdottir. Et iel a échoué.

Le visage de la Reine se tord.

- Je ne le nierai pas. Ansgar a échoué.

Danganronpa : Sacrement SépulcralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant