Chapitre 3 (1) : Du fer, du feu, du sang ! C'est Elle ! C'est la Guerre !

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(très, très importante la musique ici !)


Chapitre 3 : Clé de Sol


Les yeux rivés vers le plafond, je suis interdite. Je crois que cela fait deux jours, peut-être trois, que Serbaz est mort. Deux ou trois jours que je n'ai pas quitté cette chambre.

Je reste allongée toute la journée et fixe le plafond, insensible aux tentatives d'initier la discussion de la part de Shailey. Je lui réponds par monosyllabes, et ça me convient très bien.

Alternant entre réalité et songe, mon esprit divague durant ces longues heures de solitude.

Je pense à elle, à celle que j'aime. A la statue de la Cheffe d'Orchestre dans la cathédrale, à l'étui de mon violon qui repose près de mon lit.

Mes doigts attrapent ledit étui. J'en ôte l'instrument, l'observe sous toutes ses coutures. Une œuvre d'art, sans conteste. Une pièce d'une robustesse rare. Un instrument n'est pas fait pour être trimballé sans ménagement comme je le fais.

Et pourtant, malgré sa beauté, il ne m'évoque que deux choses. La couleur du sang, et le son d'une comptine.

Perdue dans mes pensées, alors que remontent mes souvenirs enfouis, je suis trop lasse pour lutter. Trop lasse d'enfouir mon passé encore et encore. Il fait froid. Et je veux juste dormir.

Ce soir, les fantômes de jadis reviendront, je le sais. J'entendrai la respiration de Shailey, et puis plus rien. Rien d'autre que le son de pas éteins depuis des années. Comme on compte les moutons pour s'endormir, je compterai les pas et les notes.

Mes doigts battent la mesure.

Suis-je en train de m'endormir ? Ou bien est-ce réel ?

L'air est une mélasse sans nom. Humide, puant le sang. Combien d'entre nous vont encore mourir pour étancher la soif de sang du Pontife ? Combien d'entre nous seront sacrifiés au nom d'un Dieu qui se moque bien de nos luttes ?

Si Dieu existait, il serrait apparu ce jour là.

Lorsque les pas ont résonné.

****

Un pas. Deux pas. Trois pas.

Ils résonnent dans ma tête, dans mon esprit, depuis des années. Depuis le jour où ils se sont fait entendre dans ce hall désert, n'abritant en son sein qu'une petite fille curieuse qui a écarquillé grand ses yeux en découvrant la femme qui faisait résonner chacun de ses mouvements ainsi.

Elle est apparue un beau matin, trempée des pieds à la tête par la bruine matinale qui s'écoulait au-dehors. Droite comme un piquet, les mains calmes, le regard froid, les vêtements collés à sa peau, les cheveux blancs comme neige décoiffés et répartis sur son visage par monceaux irréguliers. C'est ainsi qu'elle m'est apparue.

Elle n'a pas dit un mot, se contentant d'enchaîner les pas, d'avancer jusqu'au centre du hall. Pourquoi était-elle là ? L'une de ses mains serrait alors un violon, le même que je pourrai voir face à moi si j'ouvrais les yeux, tandis que l'autre tenait un archet, droit et plaqué contre sa jambe, comme s'il s'agissait d'une lame prête à être dégainée.

Aucune arme.

Simplement elle, droite, fière et digne, ou du moins c'est ainsi qu'elle apparaissait à mes yeux d'enfant. Une figure ferme, d'une beauté infinie malgré l'eau trempant tout son corps, les yeux rivés sur l'escalier sur lequel j'étais assise, mais sans réellement le voir.

Danganronpa : Sacrement SépulcralOnde histórias criam vida. Descubra agora