Chapitre 5 (18) : De ci de là, comme le vent varie,

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J'ai encore du mal à y croire, nous sommes en vie. En vie, en vie, ce mot est si drôle quand mon cœur bat comme un damné, suppliant sa survie, désirant continuer sa longue agonie en fanfare.

Mes jambes tremblent, c'est certain. Quant au reste de mon corps, je dois bien avouer que je ne le sens plus réellement. J'ai atterri dans les bras d'Evelyn en frissonnant de chacun de mes membres.

Trois vies sauvées. Et qu'avons-nous perdu ? La main d'Edel cicatrisera, mes douleurs se calmeront, mon esprit n'est toujours pas remis du choeur, mais au final....Au final, nous nous en sortons bien.

Ça n'est que plus inquiétant.

- Tu dois tenir debout, Ichiko, me souffle Evelyn.

- Tu crois que c'est pas ce que j'essaye de faire ? siffle-je, agacée, à son encontre.

- Essaye plus fort. Ils vont m'emmener. Je ne pourrai plus t'aider.

Mon regard croise le sien. Bon sang, ces grands yeux larmoyants vont devoir m'abandonner, et ça m'est insupportable. Ne pars pas, Evelyn...ne pars pas.

Il est arraché à mes bras par son père de substitution. Me laissant chancelante, et lui emporté par une peluche qui fait la moitié de sa taille à peine.

Je suis seule. Terriblement seule dans l'arène. Et je ne sais pas réellement si j'ai envie qu'on me rejoigne.

Ai-je le choix ? Mon regard croise celui du Pontife. Et j'y vois quelque chose de si étrange que je crois halluciner. Est-ce de la fierté, dans ce regard ? Es-tu fier de moi, quand on voit mon état après trois malheureuses exécutions ?

A qui le tour ? C'est Shailey qui est poussée vers moi, le regard rempli d'inquiétude. La jeune femme est accompagnée par la Danseuse et la lame qui n'a pas quitté sa main. Je lance à cette dernière un regard rempli de rage.

Idiotie que de croire qu'elle me répondrait. Mais j'imagine que je ne suis que ça. Une idiote.

- Ichiko ça...ça va ?

J'attrape les mains de la fausse Détective, et les serre de toutes mes forces. En un instant, tous ses doutes, toute sa peur semblent s'envoler. Elle qui tremblait au moindre pas se place désormais entre la Monokuma et moi.

- Trop mignon ! pouffe cette dernière.

- Garde tes moqueries pour toi, grimace Shailey. Tu ne me la prendras pas comme tu m'as pris Koven.

- A ma défense, chérie, ton copain s'est pris tout seul. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mot.

L'auteure de Polars s'empourpre, et ce n'est qu'en attrapant son bras que je parviens à la retenir de bondir sur la Danseuse. Elle n'aurait aucune chance de l'emporter. Ça ne serait qu'énergie gâchée.

La Monokuma ne réagit pas réellement, de toute manière. Elle se contente de tourner et retourner dans ses doigts la lame de son couteau. Son regard se pose sur moi, et la voilà qui nous dépasse en quelques pas de danse.

Ne pas se relâcher. Ses mouvements ont toujours un sens.

Elle revient, transportant une petite table et deux chaises dénichées Dieu sait où. Une seconde après, les voilà disposées, et le couteau se plante au milieu de la table.

Je me souviens de cette exécution.

Mon cœur sombre dans ma poitrine.

- On ne peut pas échapper à celle-là.

Danganronpa : Sacrement SépulcralWhere stories live. Discover now